VI.2.1 pardon

Cet exemple me paraît assez probant en ce qui concerne la sensibilisation, je dirais même l’hyper-sensibilisation concernant l’organisation des tours de parole, surtout entre hommes et femmes, dans le groupe. Dans mon corpus, ce passage-là est le seul à être tellement clair, mais dans l’interaction au quotidien j’ai souvent remarqué le même phénomène.

R4/1773-1782 :
R4/1773-1782 :

Quand Maryse a fini son tour de parole (3), c’est Rémi qui s’auto-sélectionne comme locuteur suivant (4) en ne prononçant que l’ouvreur ‘fin: prolongé, et dans la petite pause qui suit, Nicola commence une phrase : eu:h je: (5). Il n’est pas possible de décider si Nicola interrompt Rémi, si celui-là n’avait rien à ajouter à son ouvreur, mais la suite marque bien que Nicola interprète son énoncé comme interruption : elle répond à l’excuse de Rémi (6) que le droit de parole était à lui : c’est toi (7). D’un point de vue chronologique, il n’y a pas de doute que le tour est effectivement à Rémi puisqu’il le commence plus tôt que Nicola – et si il y a interruption, elle vient d’elle. Pourtant, c’est Rémi qui s’excuse, parce qu’il a apparemment peur d’avoir interrompu une femme.

Quand Nicola veut lui rendre le droit de parole (7), il l’encourage à continuer (vas-y . vas-y, 8), ce qu’elle fait. Maryse l’encourage avec les mêmes mots – on a donc ici deux personnes qui tiennent à ce que ça soit à Nicola, et non pas à Rémi, de parler.