1.1.1.Le modèle standard (Baumstark, 1997)

Le modèle que l'on qualifie de standard s'organise autour du concept d'équilibre. C'est Léon Walras qui a, le premier, présenté une version élaborée de ce concept même si, depuis, des développements théoriques sont venus compléter ses travaux. Cet ensemble théorique cohérent, malgré son caractère abstrait et l'irréalisme des hypothèses sur lesquels il s’appuie, vise à prendre en compte l'interdépendance des marchés de tous les biens et de tous les facteurs de production. A travers cette entreprise, Walras, comme ses successeurs, cherche en fait à démontrer l'existence d'un équilibre général. Par équilibre, il entend l'existence d'un système de prix qui permette d'obtenir l'égalité entre l'offre et la demande sur tous les marchés de biens ou de facteurs de production.

Dans ce modèle d'équilibre général, la société est réduite à une agrégation d'individus libres et égaux qui échangent entre eux. De manière schématique, la réalité économique est limitée à trois entités : les consommateurs, les producteurs et le marché. Les deux premiers ont un comportement maximisateur. Quant au marché, il renvoie à une réalité abstraite au sein de laquelle se confrontent les offres et les demandes de différents agents. Les producteurs et les consommateurs sont censés déterminer respectivement leur consommation et leur production en fonction des prix qu'ils constatent sur le marché. Le prix est ainsi considéré comme une variable exogène pour ces deux agents économiques, mais cela ne signifie pas pour autant que les prix soient fixés ex nihilo : en effet, ils résultent dans le modèle de la confrontation de l'offre et de la demande sur les différents marchés. Ainsi, bien que chaque agentpris isolément n'ait pas la possibilité d'agir sur les prix, ceux-ci proviennent bien des décisions prises par l'ensemble des agents. Le prix représente en fait le sacrifice que les individus ou la collectivité sont prêts à faire pour acquérir le bien ou le service désiré. Dans ce cadre, le système de prix informe chaque agent des répercussions que sa demande exerce sur les autres, et vice et versa.