1.1.1.1.Consommateur et producteur face au système de prix

Les économistes proposent d'admettre l'hypothèse selon laquelle les individus cherchent à maximiser leur satisfaction sous la contrainte de leur revenu disponible. On suppose qu'ils sont capables d'arbitrer entre différents choix possibles, et peuvent comparer et ordonner les opportunités qui s'offrent à eux. La théorie montre que pour chaque consommateur, le taux marginal de substitution entre deux biens est égal au rapport de leur prix. En fait, le consommateur se trouve dans une situation dans laquelle il ne veut plus substituer un bien à un autre dans la mesure où l'utilité qu'il retirerait d'une unité supplémentaire d'un bien ne compenserait pas la perte d'utilité subie en se séparant d'une unité de l'autre bien. Ce résultat repose toutefois sur une hypothèse forte, à savoir que toutes les utilités marginales de tous les biens sont décroissantes, ou encore, que le consommateur est progressivement rassasié (conditions de second ordre).

De la même manière que précédemment, un producteur cherche à maximiser son profit sous la contrainte des techniques de production disponibles. Généralement, on considère que ces fonctions de production sont strictement quasi concaves, ce qui signifie que l'on exclut explicitement le cas où il existe des rendements marginaux croissants (conditions de second ordre). Cette hypothèse est fondamentale pour la suite. Cette hypothèse permet d’énoncer une des grandes règles du modèle standard : Le profit dégagé par une production est maximal lorsque le coût marginal de cette production est égal au prix du marché. Ainsi, en situation de concurrence pure et parfaite, et si la production est à un stade de rendements décroissants, le comportement optimal du producteur le conduit à se rapprocher du moment où le coût marginal est égal au prix de vente, fixé par le marché.

Le graphique ci-après permet de résumer ces notions :

Graphique 1 : coût marginal et prix du marché (Baumstark, 1997)
Graphique 1 : coût marginal et prix du marché (Baumstark, 1997)

Si le coût marginal est inférieur au coût moyen (coût total de la production divisé par le nombre d'unités produites), et si le producteur vend les unités produites à un prix égal au coût marginal, alors il subit un déficit car son prix n'est pas assez élevé pour couvrir la totalité de ses coûts. Par contre, si le coût marginal est supérieur au coût moyen, alors le producteur réalise un bénéfice. Cependant, comme le secteur est concurrentiel, un autre producteur va chercher à produire moins cher pour s'accaparer le marché, tant qu'il ne sera pas en situation déficitaire. Un tel mécanisme conduit à ce que le prix fixé par le marché soit tel qu'il rende égaux le coût marginal et le coût moyen pour un bien donné. Alors, il y a disparition du profit pour cette branche.

A l'équilibre, le taux marginal de substitution pour tout consommateur i et le taux marginal de transformation pour tout producteur h doivent être égaux au rapport des prix de ces mêmes biens. Dans la théorie standard, le système de prix apparaît donc bien comme un facteur naturel de régulation entre les différents agents.

L'idée générale d'une tarification au coût marginal est que l'usager doit assumer l'ensemble des coûts qu'il occasionne. Le système de prix se situe au cœur même de l'échange entre les individus. Ce concept de prix est fondé sur les préférences que les agents économiques, les individus comme la puissance publique, manifestent quant à l'utilisation de ressources rares. Ce modèle constitue un grand progrès de la pensée et de l'action économique 4 car il ne cherche pas à théoriser les soutiens tarifaires, ni d'ailleurs aucune contrainte imposée par le système. Initialement adapté au domaine purement concurrentiel, il a été introduit dans l'économie publique dans le but de réduire les gaspillages : aucune ressource utilisée dans un processus de production ne doit pouvoir être utilisée ailleurs avec une efficacité supplémentaire, et aucune satisfaction finale ne doit pouvoir être assurée par la consommation de ressources moindres. Ces règles constituent une base théorique précise pour la mise en œuvre de tarifications concrètes dans le secteur public.

Notes
4.

Voir pour une vue d'ensemble sur ce point l'article de Drèze (1995).