4.1.2.1.1.Type de réponses illogiques

Afin de mieux comprendre quel comportement se cachait derrière les choix « illogiques » des répondants, nous avons pointé les trade-off les plus concernés par des choix illogiques, puis les avons analysés, pour chaque répondant, en rapport avec les choix qu’il avait faits dans les autres trade-off :

Personnes ayant fait 3 réponses illogiques :

  • Trade-off 6, 7 et 8 du questionnaire n°1 : 26 personnes sont concernées ; il s’agit pour la plupart de personnes ayant systématiquement choisi l’abonnement alors que le niveau de leur mobilité, inférieur à 13 déplacements par semaine, ainsi que les avantages du titre Fidélité en termes de lieu d’achat et / ou de la durée de validité aurait du les conduire « logiquement » à préférer ce dernier. Il y a un comportement stratégique pour 7 personnes, à savoir que lorsque l’abonnement est proposé au prix de 300 F, les répondants choisissent le titre Fidélité ou « ni l’un, ni l’autre ».
  • Trade-off 3, 6 et 7 du questionnaire n°2 : 24 personnes sont concernées ; on retrouve le même comportement que précédemment (choix systématique de l’abonnement).
  • Trade-off 4, 5 et 8 du questionnaire n°2 : 10 personnes sont concernées ; il s’agit de personnes ayant choisi le titre Fidélité lorsque celui-ci ne leur apportait aucun avantage sur le plan du lieu d’achat et / ou de la durée de validité par rapport à l’abonnement, alors que leur mobilité est élevée (au moins 13 déplacements par semaine), ce qui implique que l’abonnement est toujours plus avantageux sur le plan financier pour eux (8 personnes). On retrouve également parmi eux des personnes qui ont adopté un comportement stratégique en choisissant l’abonnement lorsqu’il est proposé au prix de 283F (2 personnes).

Personnes ayant fait 2 réponses illogiques :

  • Trade-off 2 et 5 du questionnaire n°1 : 10 personnes sont concernées ; il s’agit de personnes dont la mobilité en transport en commun est élevée (>= à 14 déplacements par semaine). Ils privilégient le titre Fidélité alors que l’abonnement est plus rentable sur le plan financier pour eux (8 personnes). Ont-ils mal évalué leur mobilité hebdomadaire en transport en commun, ou n’ont-ils pas compris le principe du titre Fidélité ? On retrouve également parmi eux des personnes qui ont adopté un comportement stratégique en choisissant le titre Fidélité uniquement lorsque l’abonnement est proposé au prix de 290 F ou de 300 F (2 personnes).
  • Trade-off 6 et 8 du questionnaire n°1 : 8 personnes sont concernées ; il s’agit de personnes dont la mobilité en transport en commun est plutôt faible (inférieure à 12 déplacements par semaine) et qui ont systématiquement choisi l’abonnement (alors que le titre Fidélité est plus rentable pour eux sur le plan financier), sauf lorsque l’abonnement est proposé au prix de 290 F ou 300 F, ils adoptent donc un comportement stratégique
  • D’autres personnes ont fait des réponses illogiques probablement dues au fait que l’exercice ne les intéressait pas ou dues à leur mauvaise compréhension de l’exercice (environ une quinzaine de personnes).

Remarque : pour les numéros de questionnaires et les numéros de trade-off, voir l’annexe 8.

Nous rappelons que nous avons scindé le design initial de 16 paires d’alternatives en deux blocs de 8 paires afin de limiter le nombre de trade-off proposé à chaque enquêté, et ce, pour chaque segment enquêté (abonnés, utilisateurs de carnets de 10 tickets, utilisateurs de tickets unité). Cela implique que la moitié de chaque segment se voyait proposer le bloc 1 de trade-off inclus dans le questionnaire 1, et l’autre moitié le bloc 2 de trade-off inclus dans le questionnaire 2.

Si on résume, les abonnés enquêtés ont fait des réponses illogiques car :

  • ils choisissent systématiquement l’abonnement alors que la mobilité est faible, ce qui implique que le titre Fidélité est toujours plus rentable financièrement : 50 personnes.
  • Ils choisissent systématiquement le titre Fidélité alors que la mobilité est élevée, ce qui implique que l’abonnement est toujours plus rentable : 19 personnes.
  • Ils font des choix stratégiques c’est-à-dire qu’ils choisissent toujours l’abonnement sauf lorsque son prix passe à 290 F et 300 F ; ils choisissent à ce moment soit le titre Fidélité, soit « ni l’un, ni l’autre » : 12 personnes.
  • Ils ont mal compris l’exercice : 15 personnes.

On constate donc que les biais proviennent essentiellement des personnes qui ont systématiquement choisi l’abonnement (ils représentent 16.5% du nombre total d’abonnés, et 40 % des abonnés dont la mobilité est inférieure à 13 déplacements par semaine), et ce, sans se référer à leur niveau de mobilité (qui est plutôt faible par rapport à l’achat d’un abonnement) ou aux avantages proposés pour chacun des titres. C’est un résultat prévisible, beaucoup d’abonnés étant attachés à ce titre de par les avantages qu’il offre et qui ne peuvent pas être pris en compte dans l’exercice qui leur était demandé : non-validation, achat unique dans le mois, tranquillité d’esprit (on est sûr d’avoir toujours un titre de transport sur soi) etc.. On peut également objecter que le choix systématique de l’abonnement peut découler d’une mauvaise compréhension, voire d’une forme de refus de l’exercice. C’est possible pour une part, mais les qualités intrinsèques de l’abonnement, décrites ci-dessus, jouent probablement un rôle important. Nous rappelons toutefois que nous avons choisi de réintégrer ces personnes dans le bilan économique.

Par contre, concernant les choix systématiques du titre Fidélité par des personnes dont la mobilité est suffisamment élevée pour que ce titre ne soit pas rentable sur le plan financier par rapport à l’abonnement, ou concernant les personnes qui font des choix stratégiques, il est plus délicat de décider si l’on peut les réintroduire dans le bilan économique final ou non, en considérant pour les choix stratégiques, que ces personnes choisiront toujours l’abonnement, mais souhaitent montrer dans l’enquête leur opposition à toute augmentation du prix, ce qui signifie que l’on peut les réintégrer dans le bilan économique final, et pour les choix systématiques du titre Fidélité, que les préférences de ces individus resteront stables en cas d’introduction réelle dans la gamme tarifaire du titre Fidélité, auquel cas on peut, comme le groupe précédent les réintroduire dans le bilan économique final. Concernant cette dernière population, une étude plus approfondie nous a  permis de mettre en évidence qu’une partie de ces personnes sont des personnes ayant une activité variant d’un mois à l’autre (formateur auprès d’adultes, services aux personnes âgées, intérimaire etc.) ou qu’ils ont souhaité mettre en évidence le problème des grèves, en privilégiant un titre plus souple que l’abonnement en cas de mobilité irrégulière. Ce questionnement est encore plus sensible dans le cas des utilisateurs de carnets de 10 tickets, pour lesquels la proportion de choix stratégiques est très élevée. Dans la logique du principe de précaution, nous avons toutefois préféré ne pas réintroduire ces personnes dans le bilan final. Nous dresserons un portrait de ces répondants à partir de leurs caractéristiques socio-économiques afin de mieux comprendre la raison de ces logiques autres que la logique économique dans le § 1.1.2.1.3.

Nous avons également supprimé de la base de données les personnes ayant déclaré une mobilité hebdomadaire qui semble sous-estimée, inférieure à 8 déplacements par semaine (10 personnes sont concernées), car il nous semblait difficile de leur réaffecter une mobilité hebdomadaire au vu des réponses qu’elles avaient faites aux questions précédentes. Au total, 106 personnes ont été ôtées de la base de données (96 personnes ayant fait au moins deux choix illogiques + 10 personnes ayant déclaré une mobilité surestimée), soit plus d’un tiers des abonnés (ce qui s’explique, nous le rappelons, par l’importance des choix systématique de l’abonnement, quel que soit le marché proposé à ces abonnés). Cela représente 840 trade-off enlevés, auxquels il faut rajouter les trade-off pour lesquels certains abonnés enquêtés ont fait des réponses illogiques (72). Une fois toutes ces personnes enlevées de la base de données, il reste 1496 observations valides. C’est à partir de ces observations que les essais de modélisation sont réalisés (nous avons choisi la base de données qui minimise le log vraisemblance et maximise le rhô barre carré).

Nous avons essayé de savoir si cette base de données est proche de la base de données initialement recueillie en termes de caractéristiques socio-économiques et de caractéristiques de la mobilité en transport en commun des abonnés enquêtés. Rien ne permet de dire que ces deux bases doivent absolument correspondre sur ces critères dans la mesure où l’on a ôté de la base de données un tiers des répondants pour les raisons citées ci-dessus, et qu’il est possible que les caractéristiques des individus dont les réponses ont été conservées soient différentes de celles de l’échantillon total.