4.1.2.4.Calcul des valeurs monétaires équivalentes

Les valeurs monétaires équivalentes correspondent au taux marginal de substitution de l’avantage qualitatif au prix (on peut le définir de manière plus simple comme étant le consentement à payer moyen des individus pour bénéficier de l’avantage qualitatif, des lieux d’achat étendus par rapport à la situation actuelle, ou une durée de validité glissante dans notre cas). On le calcule en divisant le coefficient associé à l’avantage qualitatif par le coefficient associé au prix. Ce calcul est impératif si l’on souhaite comparer les valeurs des variables entre groupes. En effet, comme le souligne Fontan (2002) : (p. 197) Pour effectuer des comparaisons des paramètres entre 2 groupes, il est nécessaire de poser l'hypothèse d'égalité du paramètre d'hétérogénéité dans le choix de l'heure de départ. En effet, les paramètres de chaque modèle sont normalisés par un paramètre d'échelle interprété comme un indicateur de l'hétérogénéité des individus face au choix. Par conséquent, seuls les rapports entre les paramètres sont comparables d'un modèle à l'autre. Nous soulignons que nous avons également calculé un équivalent monétaire pour la constante, afin de déterminer l’intensité de l’utilité intrinsèque ou de la désutilité intrinsèque pour le titre Fidélité.

Calculer les valeurs monétaires équivalentes permet de dresser un bilan des résultats précédemment mis en évidence. On constate à la lecture du Tableau 46 :

• que les abonnés dont la mobilité est inférieure à 13 déplacements par semaine sont prêts à payer 28.20 F par mois pour bénéficier d’une durée de validité glissante du titre et 21.70 F pour bénéficier de lieux d’achat étendus par rapport à la situation actuelle. Ces abonnés sont donc un peu plus sensibles à la durée de validité glissante par rapport à des lieux d’achat étendus. Comme nous l’avons précédemment souligné, ceci s’explique probablement par le fait que les abonnés souhaitent depuis longtemps que l’abonnement devienne glissant, ce qui permet une plus grande souplesse de gestion des périodes de mobilité, et permet également de ne plus être contraint d’aller acheter son titre pendant une période définie.
• On remarque également la très forte désutilité intrinsèque associée au titre Fidélité pour les abonnés à forte mobilité : le malus est évalué à (-) 200F, ce titre ne présentant évidemment aucun avantage pour eux en regard de leur mobilité et des avantages intrinsèques de l’abonnement (non validation, ce qui, pour des personnes empruntant au moins deux fois par jour le réseau de transport, est important, achat unique dans le mois de son titre, assurance d’avoir toujours un titre valable sur soi). Cette valeur élevée ne doit toutefois pas surprendre, elle est simplement le reflet d’un choix systématique de l’abonnement du fait de son adéquation avec la mobilité de ces personnes.

Concernant les sensibilités particulières :

• Chez les abonnés dont la mobilité est inférieure à 13 déplacements, on note que les personnes vivant dans le centre de l’agglomération lyonnaise associent une valeur monétaire moins élevée à une durée de validité glissante que le reste de l’échantillon car, comme nous l’avons précédemment souligné, ils ont une plus grande facilité à se procurer leur abonnement, alors que les personnes en périphérie doivent « programmer » la date et le lieu d’achat. L’avantage pour les centraux est donc moins « décisif » que pour les périphériques.
• Chez les abonnés dont la mobilité est supérieure ou égale à 13 déplacements, on constate que les femmes, ainsi que les 21-49 ans, associent aux avantages qualitatifs une valeur monétaire plus élevée que le reste de l’échantillon. Nous l’avons déjà souligné, les femmes sont prêtes à payer plus cher que les hommes pour des « facilités» qualitatives permises par le titre, comme si tout ce qui pouvait leur simplifier la vie était « bon à prendre », alors que les hommes s’intéressent surtout au prix. Nous pensons que le raisonnement est le même pour les 21-49 ans, qui ont plus souvent que les 50-64 ans des enfants à charge, donc un programme d’activités plus difficile à gérer. Dans ces conditions, comme dans le cas des femmes, ils sont plus sensibles à des facilitations permises par le titre de transport qu’à son prix.