Annexe 6 : Modalités de réalisation de l’enquête

1. Le recueil des données

Entretien en face à face

La qualité de ce média de recueil va dépendre de la relation que va développer l’enquêteur avec l’enquêté et de l’exécution du travail de l’enquêteur.

Relation enquêteur – enquêté

La relation enquêteur - enquêté est très difficile à contrôler car elle peut être biaisée par les éléments suivants :

  • Les préjugés et les attentes des enquêteurs : l’enquêteur peut avoir tendance à développer son propre schéma interprétatif des réponses en fonction de la perception qu’il a de la personne interrogée (identification à un rôle) et du mode de réponse que l’enquêteur pense détecter dès les premières questions (réponses cohérentes ou probables en fonction du profil reçu) ;
  • La perception de l’enquêteur par la personne interrogée : celle-ci, en s’imaginant que l’enquêteur attend d’elle un certain type de réponses, peut être amenée :
    • à se conformer aux normes sociales (biais de conformisme) ;
    • à se valoriser notamment socialement (biais de désirabilité sociale) ;
    • à acquiescer systématiquement (biais d’acquiescement).

Exécution du travail de l’enquêteur

La qualité du travail de l’enquêteur est liée aux facteurs suivants :

  • Le choix des personnes à interroger : l’enquêteur peut avoir l’initiative dans le choix des personnes à interroger (c’est la cas notamment dans la méthode des quotas) ;
  • la stimulation de la personne à interroger : l’enquêteur doit faciliter les réponses en favorisant la communication (même si le cadre du questionnaire est plus strict que celui de l’entretien en profondeur) ;
  • le respect du questionnaire : l’enquêteur doit être fidèle au texte et ne pas interpréter les questions à sa guise ;
  • Le codage des questions : l’enquêteur doit comprendre les réponses pour les coder en fonction de la modalité de la réponse correspondante ;

Le briefing (c’est-à-dire l’ensemble des instructions données aux enquêteurs) est une phase particulièrement importante. Elle consiste à déchiffre le questionnaire, à attirer l’enquêteur sur les points difficiles, et à imaginer les situations auxquelles l’enquêteur pourrait être confronté et comment y réagir. L’objectif poursuivi est que les différents enquêteurs lisent et interprètent le questionnaire de la même manière, et qu’ils réagissent de la même façon à certains situations prévues. Toutefois, cette phase n’est pas personnelle aux enquêtes en face-à-face. C’est effectivement un élément incontournable dans quelque type d’enquête que ce soit, car dans tous les cas, l’enquêteur doit avoir compris l’objectif de l’étude, ne plus avoir lui-même de problème par rapport aux questions posés, connaître les passages sensibles où l’enquêté pourrait avoir besoin d’aide et doit savoir quoi dire à ce moment-là.

Les enquêteurs en face à face sont généralement équipés de micro-ordinateurs portables avec logiciel CAPI (Computer-Assisted Personal Interview). Ces derniers permettent la gestion des quotas, le déroulement du questionnaire sur l’écran, la saisie simultanée des réponses par l’enquêteur, et intègrent des tests de vérification et de cohérence.

Entretien par téléphone

Les enquêtes par téléphone sont réalisées le plus souvent par un système CATI (Computer- dans l’annuaire téléphonique, leur rappel en cas d’absence (jusqu’à 4 ou 5 rappels à des jours et à Assisted Telephone Interview) qui permet la gestion de ces enquêtes de manière informatisé ; dans le cas des enquêtes grand public par exemple, un logiciel réalise l’appel des numéros tirés aléatoirement des heures différents), la gestion des quotas et le déroulement du questionnaire sur l’écran. Le logiciel permet aussi la saisie simultanée des réponses par l’enquêteur et intègre des tests de vérification et de cohérence.

L’enquête par téléphone est souvent préférée à l’enquête en face à face car :

  • elle est moins coûteuse,
  • elle permet une dispersion géographique des interviewés (dans l’enquête en face à face, pour des raisons de coût, on réalise souvent plusieurs interviews dans la même commune, ce qui n’est pas nécessaire dans une enquête par téléphone),
  • le contrôle des enquêteurs est plus facile puisque les interviews sont souvent réalisées de manière centralisée.

Mais l’enquête en face à face s’impose :

  • lorsque le questionnaire est long (durée d’interview supérieure à 30 minutes),
  • lorsque du matériel doit être présenté aux enquêtés.

La technique utilisée pour joindre les foyers sur liste rouge (20 % en France) est habituellement celle de la déclinaison : le logiciel décline, c’est-à-dire modifie aléatoirement les deux derniers chiffres d’un numéro resté sans réponse ou refusant de répondre

Administration par voie postale

Cette méthode permet de contacter un nombre élevé de personnes en très peu de temps. Elle est également peu coûteuse par rapport aux autres médias de recueil de l’information. Toutefois, il n’y a évidemment aucun contrôle par rapport au délai de réponse et par rapport au taux de réponse ( celui-ci étant influencé par l’intérêt que porte la personne au thème de l’étude). Au-delà de cette difficulté à recueillir les réponses, il n’est pas possible de savoir si la personne ayant répondu est bien celle à qui s’adressait le questionnaire.

L’expérience permet de proposer quelques conseils qui améliorent le taux de réponse :

  • Le calendrier de l’enquête : l’envoi d’une lettre préliminaire permet d’annoncer aux personnes l’envoi du questionnaire dans les jours à venir ou demander à la personne si elle souhaite participer à l’enquête. Il faut également effectuer des rappels régulier, à partir, par exemple du troisième jour.
  • Les conseils techniques :
  • La longueur du questionnaire : il ne doit pas être trop long (4 pages maximum) ;
    • Le patronage : il s’agit de signale quel est l’organisme qui réalise cette enquête ;
    • Les enveloppes pré - adressées et pré - timbrées : elles facilitent la réponse ;
    • Les primes et récompenses : elles permettent de proposer un échange ;

Parmi l’ensemble de ces techniques, les relances ainsi que les primes sont celles qui améliore le plus significativement le taux de réponse.

L’enquête auto-administrée

L’enquête auto-administrée consiste, pour l’enquêteur, à remettre le questionnaire à la personne interrogée en lui expliquant les objectifs de l’enquête et en la sensibilisant aux points difficiles du questionnaire. Ce mode de recueil est une voie intermédiaire entre la voie postale et l’enquêteur : l’enquêté remplit seul le questionnaire, mais l’enquêteur, par un contact initial, motive et facilite la réponse. Cela permet d’augmenter le taux de réponse tout en limitant sensiblement la durée de la visite de l’enquêteur (donc les coûts de l’enquête). Ce mode de recueil est rarement utilisé seul mais souvent complété au téléphone pour les questionnaires aux questions non remplies.