V.4. Maison cosmique

S'intéressant aux dessins d'enfants, M. Strauss (1997) constate que l'enfant qui dessine une maison lui donne des formes diverses en fonction de son âge. Chaque forme reflète un «état cosmique» (p. 49). Elle identifie trois formes essentielles dans le dessin de la maison : la maison protectrice, la maison refuge et la maison squelette. La maison protectrice prend généralement des figures spécifiques de tourbillons ou de pelotes. Certains auteurs y voient une «résurgence inconsciente de l'état embryonnaire» où domine le souvenir de l'état prénatal. Ainsi, les pelotes enveloppantes et protectrices symbolisent l'utérus - maison voire l'espace protecteur de tout individu.

La maison - refuge, en conservant une certaine rondeur, traduit l'autonomie de l'enfant. Celui‑ci commence à vivre une certaine distanciation d'avec l'environnement et à rompre les liens avec l'unité cosmique. Un processus d'individuation commence à se mettre en place. L'espace intérieur de la maison peut contenir toute la famille. La base de la maison‑refuge coïncide avec le bord inférieur de la feuille. Les centres d'intérêt enfantins se modifient en fonction de la séparation avec l'environnement. L'enfant commence à dessiner l'aspect fonctionnel de la maison et à la décorer. La conquête de l'espace entraîne le décor de la maison qui devient une «maison - squelette».

La maison - squelette favorise la mise en place d'une perspective nouvelle : être simultanément à l'intérieur et à l'extérieur de la maison et l'apparition de la verticale coupée par l'horizontale. Cette dernière «symbolise le fait de se tenir debout dans l'espace» (M. Strauss, 1997, p. 54). Le croisement de la verticale et de l'horizontale représente le statisme et la stabilité donnant naissance à la grille et à l'échelle. Dans la prise de conscience et la maîtrise de sa «coquille», l'enfant devient capable, d'une part, de s'isoler et, d'autre part, de s'ouvrir au monde.