I.1. Symbolique des ouvertures

La porte semble effectuer cette rupture évoquée entre l'univers familier et l'univers étranger. Symbole de protection, elle limite l'accessibilité des autres, cependant, comme symbole d'accueil, elle représente un moyen d'accessibilité potentiellement ouvert à autrui.

La fenêtre résume la dialectique du visible et de l'invisible, et satisfait, par conséquent, le souci panoptique du «voir sans être vu» en distinguant le «moi» du non-moi (Eleb‑Vidal, 1989). Elle permet de gérer et de régler les rapports à autrui et au monde environnant à travers la symbolique des regards où s'instaure une sorte de «complicité» liant l'habitant à sa fenêtre familière (Barbey, 1980, p. 99). Aussi, la fenêtre tend à protéger l'intimité contre les regards intrus et menaçants par un système d'occultation cumulant plusieurs éléments tels que les volets, le vitrage, les rideaux, les double - rideaux, les moustiquaires, le double vitrage (Bonetti, 1994). Par leur multifonctionnalité, ces éléments défensifs protègent aussi bien des regards que des intempéries et transforment le système - fenêtre en système symbolique de dissuasion, de filtre social, d'attente sociale et de lien. Restée ouverte en l'absence des habitants, la fenêtre dissuade les voleurs et les rôdeurs de l'occupation de la maison et d'une présence quelconque. En tant que filtre social, elle permet d'épier les individus pénétrant le champ de vision et de maîtriser ainsi l'environnement par le seul effet du regard. Symbole d'attente sociale, la fenêtre devient un espace latent d'attente des autres : les parents, les amis, les enfants, l'époux / l'épouse ou encore les amis et les invités. Elle est symbole de lien ou d'isolement social : d'une part, la fenêtre permet de regarder une scène dans la rue, ou d'observer les allées et venues des passants, donnant ainsi l'impression d'être présent et de participer d'une manière imaginative à leurs activités. D'autre part, elle permet de s'isoler du dehors et des autres en la maintenant fermée. En somme, la mission de la fenêtre consiste à «arrêter la nuit, à faire entrer le jour, à révéler le dehors et à protéger le dedans, à servir d'écran entre le familier et l'étranger…l'approprié et le redouté» (Barbey, 1980, p. 99). Par ailleurs, les prolongements des fenêtres voire les balcons, les terrasses, les seuils et aussi les auvents créent des enchevêtrements entre le public et le privé. Ils situent l'individu simultanément à l'intérieur et à l'extérieur du foyer, à la frontière du risque et de la sécurité.