I.2. Acceptions du foyer

A caractère multidimensionnel, le foyer remplit une multiplicité de fonctions familiales, économiques, hospitalières, esthétiques, religieuses, culturelles, d'isolation, d'intégration, de cohésion et d'uniformisation au groupe. Par-dessus tout, le foyer enseigne aux hommes, d'une part, la force et le courage de supporter les intempéries et, d'autre part, la tolérance et le partage avec autrui le sentiment d'appartenance à une collectivité (Pezeu-Massabuau, 1983). Espace de signification par excellence, le foyer regroupe diverses catégories d'acceptions.

Le foyer évoque une extension de services, d'équipement et de meubles aussi bien qu'un style architectural, une spatialité et une structure physique au regard des architectes (Segal, 1973; Hellman, 1983).

Le foyer constitue un centre d'attraction et de significations socio‑émotionnelles (Buttimer, 1980 ; Seamon, 1979). Sa gestion est basée sur les liens familiaux, fraternels, amicaux et ceux du voisinage, aussi bien que sur des activités de divertissement et de jeux.

Le foyer représente un espace d'apprentissage et d'expérience de la responsabilité et de l'indépendance aussi bien que de la connaissance de son propre foyer et des événements qui lui sont attachés.

Lieu d'expression de l'identité, le foyer devient un médiateur dans la représentation des différents aspects du soi (Rapoport, 1982). La maison est étudiée comme symbole du soi. Elle est considérée simultanément comme un aveu du soi et comme une révélation du soi (Cooper, 1974).

Loin de constituer une simple structure, la maison représente plutôt une «institution créée dans toute une série d'intentions complexes» (Rapoport, 1972, p. 64). Elle est simultanément symbole et moyen de l'ordre : symbole du refuge constituant un «rempart contre l'indiscrétion du voisinage» (Eleb‑Vidal, 1989, p. 6) et «moyen d'ordre» spatial, temporel et social que nous aborderons plus tard.

Tout habitat est profondément marqué par la dualité des éléments de structuration, de séparation et de délimitation de l'intériorité par rapport à l'extériorité (Fischer, 1981), de l'univers privé face à l'univers public. Cette démarcation séparatrice est matériellement symbolisée par une diversité d'éléments et d'objets dont nous signalons à titre d'exemple les murs, les fenêtres et les portes.