II. Qualités et attributs du «chez soi»

Les qualités du cadre de vie ont été étudiés sous différentes approches rendant compte des qualités de l'environnement (Greene, 1980). L'approche descriptive est basée sur le relevé des qualités esthétiques des lieux. L'approche de quantification des éléments physiques vise à prédire la valeur esthétique des lieux. L'approche psychologique se préoccupe de l'évaluation et des jugements exprimés par les individus.

La notion du «chez soi» [Home], voire du foyer porte des connotations beaucoup plus fortes (Saegert, 1985) que celles du logement [house]. Ce dernier concept représente une «unité spatiale dans l'environnement bâti». Le logement se réduit à un objet, à une partie de l'environnement. Quant au home, il illustre le «lieu le plus préféré / apprécié par la plupart des individus» (Lawrence, 1987, p. 165). Le rapport au chez soi est basé sur une relation émotionnelle significative. Il a pour fondement une «base émotionnelle et des rapports significatifs entre les habitants et les lieux habités» (Dovey, 1995, p. 34). Le chez soi représente un lieu de sécurité, laissant place au contrôle des lieux et à l'orientation spatiale et temporelle. Il constitue la connexion primaire entre l'individu et le reste du monde (Dovey, 1985). Il est le centre du monde où règne l'ordre, en contraste avec le chaos dominant ailleurs (Duncan, 1985).

La séparation s'avère nécessaire entre le foyer, voire le «chez soi» et d'autres lieux qui ne le sont pas (Altman, 1975 ; Bâchelard, 1958 ; Tognoli, 1987). Dans une approche phénoménologique, Dovey tente d'expliquer les propriétés du rapport homme–foyer, dont il relate les aspects significatifs et effectue la distinction entre le chez soi et le logement. Le chez soi est conçu comme étant une sorte de lien ou de rapport entre l'individu et l'environnement. Des auteurs attribuent au foyer des qualités temporelles susceptibles de transformer les rapports entre les individus et leurs environnements. Caractérisés par leur aspect saillant, ces attributs expriment l'allure, la mesure et le rythme. Ils reflètent la dynamique, la fluidité et la continuité et impliquent, par conséquent, le changement aussi bien que la stabilité, la répétition et le rythme(Werner, Altman & Oxley, 1995).

Les rapports homme–habitat connaissent non seulement un passé historique, mais encore un présent aussi bien qu'un futur. Ainsi, les dimensions temporelles du foyer font référence au temps linéaire et au temps cyclique. Le temps linéaire implique la rapidité et la densité des expériences, des acceptions, des perceptions et des activités. Tandis que le temps cyclique fait référence à la répétition des activités et des significations selon des cycles quotidiens, hebdomadaires, mensuels ou annuels (Lynch, 1972).

Dans une tentative de différenciation entre le «logement» et le «foyer», Tognoli (1987), met en évidence la spécificité du foyer en lui donnant des attributs environnementaux tels que : la centralité, la continuité, l’intimité, l’expression de soi et l’identité personnelle aussi bien que les relations sociales. Smith (1994) rejoint Tognoli en évoquant les qualités sociales et personnelles des lieux et y ajoute d'autres aspects tels que le cadre physique et l’ambiance.