IV. Attachement aux lieux

Présente dans des travaux variés, la notion d'attachement englobe les affects (Bâchelard, 1970, 1974 ; Seamon, 1982). Le terme de «lieu» vise l'environnement auquel les individus sont émotionnellement et culturellement liés. Le cadre de vie, serait ainsi la place qui prend sens à travers des processus personnels, communautaires ou culturels. L'attachement au lieu consiste dans le fait que l'individu développe des liens affectifs et des attachements émotionnels forts envers certains endroits et espaces. Il s'agit, donc, d'une association affective positive entre les individus et leurs environnements résidentiels (Shumaker & Taylor, 1983) basée sur des sentiments de sécurité et de confort (Rivlin, 1982). L'attachement implique une interaction des affects et des sentiments, des connaissances et des croyances, des comportements et des actions, en référence aux lieux (Proshansky, Fabien et Kaminoff, 1983). Les affects et les émotions apparaissent continuellement dans ce sujet impliquant l'individu dans : 

Les concepts de l'attachement et de l'identité du lieu se basent sur les considérations suivantes : lorsque les individus attribuent aux objets et aux lieux des significations psychologiques, sociales et culturelles, ils se lient du fait même à l'environnement dans une «unité transactionnelle» (Werner, Altman & Oxley, 1995). L'unité entre les individus et l'environnement se traduit par les rôles et les rapports sociaux. Le concept d'attachement au lieu incorpore une variété de notions dont nous évoquons à titre d'exemple les suivantes :

L'attachement au lieu a été examiné en fonction des quatre principes d'identité du modèle de Breakwell (1986, 1992) : la continuité, l'estime de soi, l'auto‑efficacité et la distinctive. Effectuée par Twigger-Ross & Uzzel (1992), l'étude s'applique sur un échantillon de deux groupes de dix personnes chacun. Le premier groupe est constitué d'individus attachés à leur environnement résidentiel, tandis que les sujets du second groupe marquent une absence d'attachement. Les résultats montrent que les non attachés à l'environnement sont de deux types : 1) ceux qui ont une position neutre des lieux et 2) ceux qui ont une position négative envers les lieux. L'étude met en évidence le rapport entre les lieux et les identifications. Ainsi, dans le cadre de la théorie sociale de l'identité, les identifications aux lieux viennent s'ajouter à la liste des identifications déjà existantes. Cette étude met aussi en relief la relation entre lieu et identité et ses implications sur la théorie psychosociale de l'identité. Des histoires familiales recueillies à La Duchère, banlieue Lyonnaise, révèlent que l'attachement à la demeure d'origine, persiste longtemps après le départ en exil (Lahlou, 2002). Par ailleurs, Shumaker & Taylor (1983) soulignent l'aspect triplement avantageux de l'attachement aux lieux. Il facilite la défense des lieux familiers, réduit l'exploration dangereuse à l'extérieur et accorde aux usagers, agissant sur leur propre territoire, les «avantages du résident». D'autres auteurs ont par ailleurs décrit les sentiments négatifs nourris envers certains lieux (Ahrentzen, 1992 ; Cooper‑Marcus, 1992 ; Haumonn, 1992).