IV.1. Facteurs d'influence de l'attachement

Des études évoquent quatre processus associés à la formation et au développement de l'attachement au lieu : processus biologique, environnemental, psychologique et socioculturel. Ainsi, les lieux et les processus s'avèrent inséparables et se définissant l'un par l'autre.

1. 1 Le processus biologique inclut l'adaptation évolutionnaire et physiologique de l'espèce humaine aux environnements particuliers produisant un «ajustement», voire une adaptation entre les individus et les lieux. Cependant, cet ajustement n'est pas vécu directement puisqu'il s'agit d'un lien de base entre les individus et les lieux (Riley, 1992).
2. 2 Les facteurs psychologiques jouent un rôle remarquable dans l'attachement au lieu. Ils représentent les sources de discussion et la manifestation de l'attachement au lieu en général. Le processus psychologique se réfère aux expériences individuelles des lieux durant l'enfance (Cooper‑Marcus, 1992 ; Chawla, 1992) et pendant la vie adulte (Rubenstein & Pamelee, 1992 ; Brow & Perkins, 1992) ainsi qu'aux significations des événements dans la vie d'une personne (Brow & Perkins, 1992).
3. 3 Les théories environnementales basées sur l'attachement au lieu ont été décrites par divers auteurs (Riley, 1992 ; Hufford, 1992). Ces auteurs considèrent que l'environnement favorise le développement des rapports entre les individus et les lieux à travers des éléments multiples tels que : l'interaction de la technologie et des ressources culturelles et écologiques, l'adaptation des populations aux contraintes, l'usage des opportunités environnementales (géomorphologie) et l'impact de l'environnement sur l'habitat humain (déterminisme environnemental). Malgré les critiques, ces processus environnementaux restent cependant incorporés dans des stratégies culturelles à travers les récits et les symboles.
4. 4 A un autre niveau de l'analyse, sont évoquées les origines culturelles et dynamiques de l'attachement au lieu. Ainsi, les normes sociales et les idéologies influencent l'attachement au chez soi aussi bien que les attitudes des femmes envers le travail ménager et le foyer (Ahrentzen, 1992). Les systèmes de significations publiques et culturelles et le réseau symbolique ont un impact sur l'attachement social et à la communauté locale (Hummon, 1992). Les pratiques rituelles influencent considérablement le maintien de l'attachement au lieu (Hufford, 1992 ; Lawrence, 1992) car c'est à travers la performance rituelle que l'environnement prend sens.

L'attachement au lieu implique des significations affectives, culturelles et collectives ainsi que des activités en fonction de l'aspect socio–politique et historique des lieux et des sources culturelles (Low & Altman, 1992). Sur les bases culturelles de l'attachement au lieu, Low évoque six processus : 

• –liens généalogiques à travers l'histoire et les liens de parenté ;
• –liens de chagrin à travers la perte et la destruction des lieux valorisés ;
• –liens économiques par la propriété, l'héritage et la politique ;
• –liens cosmologiques à travers les rapports mythologiques ou spirituels ;
• –liens symboliques à travers le pèlerinage religieux / profane et la participation à la célébration des événements culturels ;
• –la narration des liens par les récits, les histoires, les extraits et la nomination des lieux.