IV.3. Rôles et fonctions de l'attachement aux lieux

Le sentiment du lieu est sujet à l'impact de l'âge, de la durée résidentielle, du lieu natal, ou encore du fait d'y être élevé. Ainsi, le sentiment du lieu serait plus fort chez des groupes élevés dans les lieux et encore plus fort chez les aînés qui prennent conscience du sentiment du lieu et se sentent une partie intégrante aux lieux. Le sentiment du lieu est plus fort chez les enfants nés dans les lieux que chez leurs parents qui sont nés ailleurs. L'attachement au lieu remplit des fonctions de liens, de sécurité et d'estime.

Au premier niveau, l'attachement au lieu est apte à procurer un sentiment de sécurité et de motivation en présence des lieux et des objets prédictibles. La «prédictibilité» offre à l'individu des circonstances favorables à la réalisation des rôles informels, à la créativité et au contrôle des divers aspects de sa propre vie (Low & Altman, 1992, p. 10).

Au second niveau, l'attachement est susceptible de lier les individus et les collectivités à autrui. Aussi, connecte-t-il les uns aux autres symboliquement par la réminiscence des souvenirs d'enfance rattachés aux parents, aux amis ou encore aux ancêtres. De même, il lie les individus à la religion, à la nation et à la culture à travers des symboles associés aux lieux, aux valeurs et aux croyances. De ce fait, les attachements affectifs touchent aux idées, aux personnages, aux aspects psychologiques, aux expériences passées et à la culture (Riley, 1992).

Au troisième niveau, l'attachement joue aussi le rôle d'un stimulateur de l'estime de soi et de l'identité individuelle, communautaire et culturelle (Pellow, 1992 ; Lawrence, 1992 ; voir aussi (low & Altman, 1992). C'est à travers les environnements résidentiels particuliers que les processus individuels, communautaires et culturels se manifestent. L'attachement au lieu implique ainsi un lien entre ces trois niveaux interdépendants et associés aux mêmes significations et aux mêmes valeurs.

Il semblerait que la stimulation des rapports aux lieux est déterminée par un ensemble de facteurs tels que :

• la congruence entre les besoins individuels et les ressources de l'habitation (Shumaker & Taylor, 1983) ;
• le niveau socio-économique où les classes sociales à revenus faibles développent, plus que d'autres, des relations interpersonnelles fortes. Elles tissent, par conséquent, des liens d'attachement au voisinage (Fried, 1963 ; Gans, 1962 ; Suttles, 1968) ;
• le cadre physique vu son rôle dans la création de sens et d'organisation (Little, 1987) ;
• l'identité personnelle et le sens attribué aux lieux (Hay, 1998).

En somme, l'attachement au lieu contribue à la formation de la personnalité, ainsi qu'à la préservation des personnes, des groupes, des sociétés et des cultures. (Belk, 1992 ; Brown & Perkins, 1992 ; Rubenstein & Pamelee, 1992).