VI. Rapports aux lieux

L'usage des lieux, pour une durée assez longue, est nécessaire à l'acquisition des habitudes et des régularités dans les pratiques. Une durée minimale est ainsi essentielle à l'émergence d'un sentiment de sécurité envers les lieux selon Fischer (1983). Cet usage s'exprime par des modalités diverses allant de la simple présence, aux «tags et grafs» (Felonneau & Busquets, 2001), au bricolage de l’environnement (Bonetti, 1994 ; Jarreau, 1985), au marquage par les objets et à l'appropriation. Ces formes d'expression représentent un langage positif ou négatif, mais susceptible toutefois de communiquer la nature d'un lien.

Le rapport de l'homme à sa maison varie entre les dominantes de sociabilité et celles d'intimité. Parfois, il concilie les deux aspects conduisant, d'une part, l'habitant à soi‑même et, d'autre part, aux voisins (Haumont, 2001). Cependant, il provoque parfois une séparation nette. Jarreau souligne deux pôles caractéristiques de cette démarcation qu’il qualifie par mode de vie «centripète» et mode de vie «centrifuge».

Dans le mode de vie «centripète», la maison est perçue sous un angle de sociabilité, d'accueil et de réception. Elle est le centre des activités et des liens sociaux, voire un «espace traversé par les socialités» (Jarreau, 1985, p. 131). Le «bricolage» de la maison est tourné vers l'extérieur dans l'intention de «paraître» et de créer l'ambiance idéale à la rencontre et à l'accueil d'autrui.

Cependant, sous le mode de vie «centrifuge», la maison perd sa fonction sociale et prend valeur par rapport à soi en exclusion des autres. Elle est, de ce fait, perçue comme une zone de repli, un lieu de coupure avec l'environnement, «un refuge, un abri, secret et hyperprivatisé…un hors-lieu du social» (Jarreau, 1985, p. 135).

Les familles utilisent différemment l’environnement de leur maison. Dans ce cadre, une étude effectuée en Amérique Centrale révèle des styles de vie distincts dans l'usage de l'environnement résidentiel (Altman, 1977). Cette divergence dépend de la «stratégie de l'unité sociale» à travers laquelle Altman identifie deux types de famille.