Conclusion du second chapitre

Le chez soi est lié aux divers aspects de l'autonomie : centre de sécurité, territoire marqué, lieu contrôlé, espace de liberté, zone limite entre l'intériorité / extériorité et entre le monde familier / étranger. La durée représente un élément favorable à l'acquisition des habitudes résidentielles et, par conséquent, à la démarcation de l'espace, à la personnalisation par les objets et à la «nidification» (Fischer, 1983), voire à l'appropriation. Soulignons aussi que le foyer représente un élément de l'échelle spatiale favorable à l'intériorisation de l'identité du lieu. Celle-ci se développe notamment à des niveaux différents de l'échelle environnementale : la maison, l'environnement de «proxémie», le quartier, la ville et la région (Lalli, 1992). Ainsi, l'étude de la situation résidentielle prend en considération l'ensemble de la «situation molaire» voire l'entité de cette «unité habitante» (Lévy-Leboyer, 1977).

Enfin, les besoins résidentiels s'organisent et s'expriment selon une forme pyramidale où la satisfaction des besoins de base suscite le désir de satisfaire d'autres besoins plus complexes. Les besoins s'échelonnent sur les niveaux physiques, psychologiques et sociaux. L'étude du cadre de vie des mères ayant de jeunes enfants (Robin, 2001), montre qu'en milieu parisien, la naissance des enfants et l'élargissement de la famille, influencent négativement la satisfaction des besoins. Ils jouent, par conséquent, un rôle déterminant dans la révision du choix résidentiel du couple visant dès lors à s'installer dans la banlieue. Néanmoins, dans le cas des familles résidant déjà en milieu suburbain, l'arrivée des enfants n'accentue pas les insatisfactions environnementales et ne semble pas constituer un facteur déterminant dans la révision des anciens choix. Ainsi, la satisfaction des besoins de base (abri, chauffage, lumière) suscite–t-elle le désir de satisfaire des besoins encore plus complexes de sécurité et de confort, de séparation des pièces, d'assignation fonctionnelle des lieux, d'appropriation et d'identification ?

Au moment de la rédaction de ce texte, les mass – médias internationales commentaient l'événement mondial d'un voyage touristique d'un d'un homme d'affaires sud africain en navette spatiale. Serait‑ce un apport adéquat à la théorie des besoins ? Serait-ce la preuve que les besoins humains engendrent infiniment d'autres besoins plus complexes ? Serait‑ce aussi un prélude de transposition possible d'un habitat lunaire à l'habitat terrestre dans la mesure où, actuellement, se pose la question autour de la territorialité lunaire et de l'appropriation cosmique spatiale ?