III.3. Enquête par questionnaire

L'objectif de l'enquête par questionnaire se définit par le rassemblement des réponses concernant le rapport des enfants à leur habitat. Etant donné que le but de l'enquête consiste à saisir les déterminants des comportements dans une population donnée (Mucchielli, 1979), c'est donc en tant qu'habitant d'une structure résidentielle donnée que l'enfant y répond. L'enquête vise, principalement, à réunir deux catégories de données : les faits et les jugements subjectifs. Sous la catégorie des faits sont classés les comportements de l'enfant, son univers social et son cadre de vie physique. Le groupe des jugements subjectifs comprend les opinions, les préférences, les émotions, les besoins, les aspirations et les désirs.

Au nombre de 36, les questions sont diversifiées dans leur formulation et, de ce fait, illustrent plusieurs types : fermé échelle, fermé unique, ouvert texte et projectif verbal [cf. Annexes]. Le contenu des questions est répertorié sous cinq thèmes :

l'intérêt personnel de l'enfant ;
les rapports à autrui ;
la relation à l'environnement résidentiel ;
les attributs de l'habitat ;
les aspirations et les désirs liés à l'habitat.

1 Le premier thème s'intéresse directement à l'enfant et à la pratique de ses activités quotidiennes. Il cerne des questions abordant la relation de l'enfant aux objets familiers, ses activités artistiques ou sportives, ses hobbies et sa perspective pour l'avenir.
2 L'objectif du second thème - rapports aux autres – consiste à discerner si la structure de l'habitat conditionne l'accès et l'ouverture aux autres ou détermine, au contraire, l'isolement et l'exclusion sociale. Nous visons à comprendre le rôle du cadre résidentiel dans l'établissement des frontières et / ou l'affermissement des liens entre le «dedans» et le «dehors» résidentiel. La fréquence des communications entretenues dans un environnement résidentiel témoigne de la disponibilité relationnelle de celui‑ci, de son hospitalité, voire de son caractère ouvert et accessible à autrui.
3 L'ensemble des questions concernant la relation à l'environnement résidentiel invite l'enfant à décrire son style relationnel résidentiel.

L'enfant nomme des espaces qu'il fréquente et en reconnaît d'autres qu'il aime, ou en revanche qu'il déteste et évite.
L'enfant précise, d'une part, le degré de fréquentation des lieux familiers, et exprime, d'autre part, son degré de préférence envers des lieux privilégiés.
L'énumération des lieux préférés et ceux fréquentés, dans diverses structures habitées, traduit l'influence de l'environnement sur la pratique des lieux. Ce fait contribue à mesurer le décalage ou la compatibilité existant entre le vécu [espaces fréquentés] et le ressenti, à savoir le désiré [espaces privilégiés].

4 De conception projective psychanalytique, les fables sont construites en fonction des grands schémas de la doctrine Freudienne. Les fables de Louisa Düss (1971)représentent une série de dix histoires à laquelle l'enfant imagine une suite. Celles - ci sont révélatrices par la manière dont l'enfant les complète. Favorisant l'identification à un personnage, elles encouragent l'expression libre loin de la censure et des vérifications. Pour l'intérêt de l'étude, nous avons uniquement adopté la fable de «la peur». Par ailleurs, nous avons improvisé une seconde fable puisée du thème de «la maison». Ainsi, l'objectif des deux fables consiste à toucher la vie émotionnelle de l'enfant et l'encourager à s'exprimer. Il s'agit, d'une part, de définir ses sentiments face à des situations imprévues, et d'autre part, à identifier sa maison par des attributs puisés de son vécu. Par conséquent, les réponses sont susceptibles d'exprimer les émotions de l'enfant, son désarroi ou son bonheur vis‑à‑vis de sa maison.

5 Sous le thème des «aspirations», l'enfant détermine les besoins de son habitat, exprime ses désirs et cite les améliorations qu'il aimerait y effectuer. Aussi, exprime‑t‑il des désirs tant résidentiels que personnels. Sachant que la plupart des questions est en lien avec les hypothèses de la recherche, nous signalons la conception de questions «réserves» sans but précis, sinon relâcher un stress possible et éclaircir, au moment opportun, d'autres données. Ainsi nous passons à la description d'un nouvel outil que nous avons voulu subjectif : le dessin d'une maison.