III.4. Dessin de la maison

Moyen de communication et d'expression de la vie affective, le dessin représente une langue universelle ayant une fonction aussi bien objective qu'esthétique et projective. Plus précisément, le dessin de la maison et son commentaire représentent une source importante de données dans l'étude présente. Le test improvisé par Buck (1966, 1970) est basé sur le dessin des trois thèmes «Home, Tree, Person» [H.T.P.], à savoir «une maison, un arbre, une personne». Ce test fut complété, plus tard, par Nguyên (1989) qui représente notre principale source d'inspiration dans l'adoption du dessin de la maison, et plus particulièrement dans l'application du «commentaire» du dessin. La désignation du dessin dans le cadre de notre étude est stimulée par divers motifs.

• Tout d'abord, nous estimons que le dessin de la maison représente le moyen le moins agressif par l'intermédiaire duquel l'enfant est susceptible de communiquer son vécu, son ressenti et ses désirs.
• Ensuite, nous considérons que la charge symbolique sous-jacente au thème de la maison et la signification attribuée à celle-ci peuvent s'exprimer davantage et sans contrainte, par un moyen projectif que par la parole directe.

La plupart des auteurs évoquent une triangulation forte entre la maison, le corps et le psychisme. Sous cet angle, «les enfants dessinent donc la maison comme une personne et expriment à travers elle la construction de leur propre Moi» (Davido, 1988, p. 43). Sur l'espace graphique soumis au pouvoir expressif de l'enfant, «la maison se métamorphose en corps humain, et le corps humain, mais toujours celui de la femme, se métamorphose en maison» (Greig, 2000, p. 102). S'intéressant au dessin de la maison Roseline Davido (1976) considère qu'il joue le rôle d'un révélateur du caractère et de la personnalité de l'enfant. Juliette Boutonnier évoque un aspect essentiel généralement représenté dans les dessins d'enfants : les désirs et les peurs. L'expression des peurs et des désirs n'est guère soumise aux réflexes et aux automatismes. Elle constitue plutôt une «expérience constructive et créatrice» où l'enfant exprime l'ampleur de sa créativité. Dans ce pouvoir de créer se résume «le meilleur des capacités d'adaptation de l'homme à la nature» (Boutonnier, 1953, p. 53). Cet auteur reconnaît dans l'acte de dessiner un double mouvement constitué de projection et d'influence. Dans le dessin, l'enfant projette, d'une part, sa personne physique, morale et sociale et l'image de son corps ainsi que ses attitudes affectives et les événements marquants de sa vie. D'autre part, l'enfant exprime l'influence qu'exercent sur lui le milieu et les liens sociaux et cosmiques.

Pratiquement, en quoi consiste le dessin de la maison et quel est le matériel adapté à son administration ? Le support est constitué d'une feuille de papier blanc, de format A4, avec comme seul matériel un crayon mine HB. Contrairement à d'autres auteurs qui ont mis à la disposition des sujets une gomme et une règle (Royer, 1989, p. 26) ainsi que des crayons de couleurs, nous avons, en revanche, privilégié la restriction du matériau au crayon mine et à la feuille blanche.

La consigne consiste à demander, tout simplement, à l'enfant de dessiner une maison. En cours de dessin, nous avons tenu à noter l'attitude de l'enfant devant le dessin, ses commentaires et le temps de latence ou d'arrêt pendant le dessin. Le dessin d'une maison est directement complété par un commentaire permettant à l'enfant d'interpréter son dessin.