IV.2. Codage et dépouillement

Le codage a nécessité une prise de contact directe avec l'ensemble des résultats. Ceux‑ci ont fait l'objet d'une lecture intuitive, dans un premier temps. Une seconde lecture a abordé les questions dites d'opinions, subjectives et projectives, pour les soumettre à une codification en fonction du contenu. Chaque question a été codifiée indépendamment des autres. Les questions uniques et numériques ont été ordonnées en classes. Cependant, dans les questions fermées multiples, chaque réponse a été attribuée à une seule catégorie.

Enfin, le dessin de la maison fut l'objet d'une codification personnelle et entièrement improvisée par l'auteur. Il s'agit d'une improvisation adéquate à la lecture d'un dessin et particulièrement en rapport avec les hypothèses de la recherche.

Rappelons qu'au départ de cette recherche, nous avons choisi le dessin de la Maison comme technique supplémentaire et non comme un outil de base. Le dessin de la maison d'une part, et les réponses objectives et subjectives de l'enquête sociologique d'autre part, seront lues et interprétées comme un tout, avec des éléments étroitement liés.

Afin de tester les hypothèses de la recherche et de soumettre ensuite les dessins à la comparaison, il était opportun d'éviter l'interprétation traditionnelle globale du dessin. Le choix s'est alors posé sur l'adoption d'une méthode de lecture codée et unique pour l'ensemble des dessins. La conception de la grille codée repose sur des variables fixées au préalable et auxquelles nous avons associé un certain nombre de modalités. Les modalités représentent les aspects pratiques, les signes lisibles et repérables de la variable. Ainsi, l'ensemble de six à quinze modalités constitue le contenu de chacune des variables. Les modalités expriment la présence ou l'absence des éléments composants ou constituants de la variable. Cette codification thématique basée sur des variables est susceptible de rendre la comparaison plus rigoureuse et plus objective puisqu'elle se base sur des critères standardisés.

Etant au nombre de neuf, les variables attribuées au dessin, tentent de mesurer différents aspects de la relation de l'enfant à son propre habitat. Il s'agit de l'accueil, de l'appropriation, de la sociabilité, de l'identification, du désinvestissement, de l'insécurité, de l'emplacement du dessin sur la feuille et de l'imaginaire. Les grands axes de la lecture «du dessin de la maison» sont représentés par la ligne de sol, la ligne de base, le toit, les ouvertures, les murs, l'environnement, les éléments de personnalisation, l'emplacement du dessin sur la feuille et la qualité du tracé. A titre d'exemple, détaillons quelques‑unes des variables construites à ce propos.

La variable de «maison accueillante» a pour objectif d'évaluer si l'enfant considère son habitat comme un lieu accueillant, chaleureux, ouvert aux autres et vivant. L'évaluation s'effectue à travers le repérage d'un ensemble de signes dont les modalités sont représentées par la présence des éléments suivants : le chemin, les balcons, le feu ou la fumée, la lumière, etc.

La variable de «maison inhospitalière» tente de saisir si l'enfant ressent son habitat comme un lieu inhospitalier, «associal» et refermé sur lui-même. L'hostilité s'exprime à travers les modalités suivantes : absence de portes, de chemins, de moyens de communication ou encore l'aspect minuscule des portes et des fenêtres et les vitrage excessif..

La variable «d'investissement versus désinvestissement» consiste à évaluer le niveau d'appropriation vs «désappropriation» de l'espace habité. L'investissement s'exprime par l'appropriation subjective et la particularité des modes d'expression, tel que le dessin de la chambre de l'enfant, la présence de bouquet de fleurs et des motifs de design sur les rideaux et les murs. Tandis que l'absence de personnages, d'environnement et de ligne de sol traduit un désinvestissement possible du lieu.

Quant à la variable de «socialisation», elle tente de repérer des signes susceptibles de refléter éventuellement l'acquisition du rôle socialisant de la maison par l'apprentissage des lois et des normes sociales. La socialisation réussie s'exprime par le dessin des portes, des fenêtres, de la ligne de sol ainsi que par la présence de l'environnement naturel (paysages) et social (personnages).

La variable «d'insécurité» renvoie aux sentiments d'inquiétude et d'angoisse vis‑à‑vis de sa propre habitation. Des indicateurs du sentiment d'insécurité, signalons les chemins multiples, le renforcement du contour des éléments dessinés, la répétition du tracé et l'aspect penché, ébranlé ou inachevé de la maison.

Afin de construire le questionnaire et d'effectuer le dépouillement des données, nous avons eu recours à un manuel récemment revu, et conçu à l'origine pour les enquêtes et l'analyse des données, «Le Sphinx»(Moscarola, 1990, 2001). Ce logiciel permet d'effectuer les traitements de base nécessaires pour mener une étude par voie d'enquête. Les fonctions essentielles du logiciel sont illustrées sous les trois stades du Sphinx : Il s'agit de l'élaboration du questionnaire, de la saisie des réponses et du traitement des données. L'originalité du Sphinx consiste dans la combinaison des approches rattachées à la méthodologie, à la statistique et à l'analyse des données. Nous avons testé la singularité du Logiciel Sphinx dans le dépouillement des dessins recueillis du terrain.

Ayant défini le cadre méthodologique et décrit les différents outils appliqués au recueil des données et à leurs codifications, venons – en au terrain des divers habitats libanais afin de décrire la sélection des échantillons et d'en exposer les caractéristiques.