Description du g. Village

La différenciation du genre est inégale entre les deux sexes résidant dans les villages d'enfants. La prédominance masculine (65%) est supérieure à la présence féminine (35%). L'inégalité des sexes est loin d'être voulue par le chercheur. Elle est plutôt conditionnée, d'un côté, par les critères de sélection de l'échantillon général, notamment le niveau scolaire et l'âge, et d'un autre côté, par la capacité d'accueil des Villages. Les Villages privilégient la qualité du service éducatif et relationnel à l'abondance en nombre de bénéficiaires. Ces deux contraintes ont limité les sources de choix et réduit la sélection aux enfants présentant les critères établis, sans toutefois avoir recours aux listes sélectives.

Appartenance religieuse Appartenance sexuelle Chrétien Musulman Total
Féminin 30 % (12) 5 % ( 2) 35 % (14)
Masculin 47,5% (19) 17,5% ( 7) 65 % (26)
Total 77,5% (31) 22,5% ( 9) 100 %(40)

Quant à la distribution religieuse du même groupe, elle affiche aussi une différence numérique entre les musulmans et les chrétiens. Le quart est musulman et les trois quarts sont chrétiens. La prédominance des chrétiens trouve son explication non seulement dans les critères de choix déjà mentionnés, mais aussi dans les suivants : (1) l'emplacement géographique des Villages d'enfants dans des zones à prévalence chrétienne, et (2) les différences apparentes entre les normes et les lois religieuses des deux religions. Pour l'exemple, l'adoption n'est pas tolérée dans la religion musulmane, et le mariage est indissoluble chez les catholiques.

La moyenne d'âge est de 11 ans et 9 mois avec un écart type de 1,27. Le g. Village s'étale sur des tranches d'âge assez décalées et dispersées (tableau 3. 5).

Répartition par âge (g. Village) Nb. cit. Fréq.
13 ans 6 15, %
12 ans 7 17,5 %
11 ans 14 35 %
10 ans 13 32,5 %
Total observations 40 100 %

La limite minimale d'âge se situe à 10 ans, et la maximale à 13 ans. Ainsi, le tiers de cette population partage la tranche d'âge de 13 à 12 ans. Les enfants âgés de 11 ans représentent un taux de 35% de l'ensemble. Cependant, un tiers des enfants se retrouve dans la catégorie d'âge de 10 ans.

Tous les membres du groupe partagent le même programme scolaire du cours primaire moyen. Néanmoins, le niveau de leur rendement scolaire n'est pas identique et affiche, de ce fait, un décalage entre les compétences scolaires des uns et des autres (tableau 3.6).

Classement par niveau scolaire Nb. cit. Fréq.
1 - Excellent 5 12,5 %
2 - Très Bien 8 20 %
3 - Moyen 18 45 %
4 - Faible / En retard pour son âge 9 22,5 %
Total observations 40 100 %

Environ la moitié du groupe (45%) affiche un rendement scolaire acceptable, voire au‑dessus de la moyenne exigée. Le rendement élevé ou excellent se remarque chez 32,5% du groupe (tableau 3.6. rubriques 1 & 2). Cependant, pour 22,5% des enfants la productivité scolaire est faible, et par conséquent, négativement appréciée. De ce fait, l'enfant est classé soit au‑dessous de la moyenne exigée, soit en retard scolaire par rapport à son âge.

Les particularités familiales de chacun des enfants seraient susceptibles de constituer l'objet d'une étude indépendante de la nôtre qui se veut plutôt exploratoire et globale. L'exploration des événements provocateurs de la séparation enfants – parents – foyer parental révèle, au premier abord, une absence parentale. Celle‑ci est causée par le décès, la séparation du couple, le désaccord parental et la maladie (tableaux 3.7 & 3.8).

Absence paternelle (g. Village) Nb. cit. Fréq.
1 - Séparation, divorce, irresponsabilité 12 30 %
2 - Décès 6 15 %
3 - Alcoolisme / Maladie invalidante 6 15 %
4 - Prison ou disparition 5 12,5%
5 - Désaccord du couple 4 10 %
Total citations 29
Les calculs sont effectués en fonction du nombre des observations 40.
Absence maternelle Nb. cit. Fréq.
1 - Décès 21 52,5 %
2 - Séparation, divorce, irresponsabilité 13 32,5 %
3 - Maladie, prison, disparition 6 15 %
Total citations 40

Le taux des mères décédées est essentiellement élevé dans les Villages d'enfants, alors que celui des pères est plus faible. Plus de la moitié du groupe, soit (52,5%), est confrontée au choc de l'absence maternelle par le décès, tandis que 15% souffrent d'absence paternelle due au décès. A noter qu'un seul enfant connaît l'absence parentale double par le décès des deux parents.

Les pères de 15% des garçons - tous chrétiens - sont décédés tandis qu'aucun des pères des filles est décédé. Le taux du décès des mères, lui, est réparti presque également entre les deux sexes, soit (25%) chez les filles et (27,5%) chez les garçons. Une inégalité s'affiche au niveau de la religion faisant que 40 % des chrétiens ont perdu leurs mères face à 12,5 % des enfants musulmans (tableau 3.9).

Tableau 3. 9
Décès parental en fonction du sexe et de la religion (g. Village)

Sexe et religion
Décès parental
Appartenance religieuse de l'enfant Sexe de l'enfant
Décès de la mère 40 % (16) Chrétien
12,5 % ( 5) Musulman
27,5 % (11) Masculin
25 % (10) Féminin
Décès du père
15 % ( 6 Chrétien -
0 % ( 0) Musulman
15,0 % (6) Masculin
Calculs effectués à la base du nombre des observations (40).

Etant absent chez les mères, l'alcoolisme semble être, dans son faible taux, un propos masculin. Nous le signalons sans porter de jugement de valeur et sans toutefois estimer que les femmes sont épargnées de l'alcoolisme, ou que l'alcoolisme est loin de devenir une situation particulièrement féminine. Le regroupement des causes de la séparation d'avec le foyer parental affiche trois axes.

  1. Premier axe : Difficultés ressenties dans la vie de couple, et menant soit au désaccord et à la séparation, soit au divorce et au remariage.
  2. Second axe : Trajectoires sociales difficiles et subies dans chaque vie humaine, tels que le décès, la maladie ou la disparition en période de guerre.
  3. Troisième axe : Exposition à des problèmes sociaux particuliers tels que l'alcoolisme ou la prison d'un parent.

Quant à la composition des familles, elle montre la taille des fratries d'origine, à savoir les fratries biologiques. Celles‑ci se distinguent des fratries d'enfants reconstituées dans le cadre des Villages d'enfants. La composition numérique s'applique aux fratries de sang où les liens de parenté se construisent selon la descendance biologique. Les enfants appartiennent, donc, à des fratries de sang, de grandeur différente. La taille varie entre un et huit enfants, avec une moyenne de 4,58 enfants par famille et un écart type de 2,09.

Ainsi, 25% des enfants proviennent de fratries composées de plus de six enfants. En outre, 30% des fratries sont composées de quatre à six enfants, et 22,5% d'elles sont constituées de deux à quatre enfants (figure 3.3).

Cependant, les enfants vivent actuellement dans des fratries reconstituées d'enfants non rattachés par un lien de parenté. En outre, il arrive que certains membres de la fratrie de sang soient regroupés dans une même fratrie. Les membres constituants forment une fratrie «adoptive» où règnent les appellations de «frères» et de «sœurs». Ainsi, les compositions des nouvelles fratries varient entre neuf à douze enfants par fratrie. Chacune est prise en charge par une femme appelée conventionnellement «mère», à savoir mère spirituelle ou en dévotion.