Portrait de la population Institution

Le g. Institution est constitué de 95 enfants libanais habitant dans des institutions sociales locales. Du point de vue composition différentielle, les enfants de sexe masculin sont au nombre de 40 soit (42,1%), et ceux de sexe féminin au nombre de 55, à savoir 57,9%. La distribution religieuse montre que 43,2% des enfants sont chrétiens, alors que 56,8% sont musulmans, avec une prédominance du sexe féminin dans les deux religions (tableau 3.10).

Appartenance religieuse
Appartenance sexuelle
Chrétien
Musulman
TOTAL
Masculin 20 0 % (19) 22,1 % (21) 42,1 % (40)
Féminin 23,2 % (22) 34,7 % (33) 57,9 % (55)
Total observations 43,2 % (41) 56,8 % (54) 100 % (95)

L'âge minimal se limite à 10 ans, tandis que l'âge maximal atteint 14 ans. La moitié du groupe (52,6%) est âgée de 11 et de 12 ans, à l'heure de l'enquête sur le terrain tandis qu'un taux de 21,1% est âgé de 13 ans. Cependant, une minorité (12,6%) est âgée de 10 ans, alors que le reste du groupe (13,7%) est âgé de 14 ans (figure 3.4).

Le rendement scolaire de la majorité du g. Institution est considéré par les éducateurs comme étant satisfaisant. La plupart des enfants affiche un niveau de réussite moyen ou élevé. Cependant, le rendement d'une minorité (11,6%) est évalué comme étant faible et insatisfaisant (figure 3.5). Quant à nous, et indépendamment des appréciations positives et majoritaires vis‑à‑vis du rendement scolaire, nous considérons que la moitié du groupe, sinon davantage, est en situation de retard scolaire.

En effet, la comparaison de l'âge effectif des enfants en CM2 (moyenne d'âge de 10,5 ans) avec l'âge réel de la plupart des membres de ce groupe (moyenne d'âge de 13 ans ) dénote un retard scolaire.

La plupart des enfants est issue de familles nombreuses dont la composition des fratries varie entre 2 et 14 enfants (figure 3.6).

Ainsi, plus de la moitié de la population appartient à des fratries comptant entre 6 et 14 enfants.

Du point de vue sociologique, les statistiques du g. Institution font quelques révélations dont nous mentionnons quelques-unes.

  • La composition moyenne des fratries est de 6,61 enfants par famille avec un écart type de 3,27.
  • Les familles à enfant unique sont totalement absentes de cette population, et les familles composées de deux enfants sont extrêmement rares.
  • La corrélation est considérablement positive entre la composition des fratries et l'appartenance religieuse des familles (figure 3.7).

Ainsi, les familles musulmanes s'avèrent plus nombreuses en comparaison aux familles chrétiennes. Les familles qui comptent entre 8 et 14 enfants sont pour la plupart musulmanes. Cependant, les familles composées de 2 à 6 enfants sont plus nombreuses dans la population chrétienne.

Les enfants résident dans les institutions sociales pour des raisons diverses et des motifs socio‑familiaux qui ne dépendent pas d'eux. Dans la liste des causes nécessitant l'éloignement de la maison parentale s'affiche le décès de l'un des parents en premier lieu (tableau 3.11).

Le décès représente donc 36,8% de l'ensemble des causes (rubrique1), puis la séparation et l'irresponsabilité (32,6%), ensuite la maladie (23,3%). Signalons que les taux de décès et de maladie sont plus élevés chez les pères que chez les mères. Ajoutons à la liste d'autres causes qui, absentes chez les mères, apparaissent pourtant faiblement (7,3 %) chez les pères. Il s'agit, plus particulièrement, de la prison, la disparition du parent durant la guerre et l'alcoolisme (tableau 3.11).

Nombre de parents absents
Items des causes de l'absence
Nombre de pères Nombre de mères Total
1-Décès 32,6% (31) 4,2% (4) 36,8% (35)
2 Séparation, irresponsabilité 22,1 % (21) 10,5 % (10) 32,6 % (31)
3-Maladie 14,7% (14) 8,4% (8) 23,3% (22)
4 Prison, disparition, alcoolisme 7,3 % (7) 0% (0) 7,3% (7)
Total citations 76,1% (73) 23,9% (22) 100 % (95)

La liste des motifs de l'absence parentale sous-entend aussi une autre cause observée dans toutes les familles et que nous identifions par «trajectoires sociales descendantes». Celles‑ci représentent la précarité de la situation économique, les difficultés financières, les ressources insuffisantes, les revenus bas, le chômage, etc.

Connaissant la société libanaise, nous considérons que le décès, la maladie et la séparation sont insuffisants pour provoquer l'éloignement de la maison parentale. La cause majeure de la séparation réside dans l'absence de ressources suffisantes à la survie familiale. Si les conditions financières n'étaient pas aussi lacunaires, l'enfant aurait pu rester dans sa propre maison ou encore vivre dans une autre maison, au sein de sa famille proche en dépit de l'absence parentale. Rappelons, à ce propos, le rôle principal qu'à joué la famille proche au début de l'action sociale au Liban.

En somme, le dysfonctionnement, résultant des situations et des événements évoqués, crée des perturbations au niveau des rôles parentaux et dans l'environnement résidentiel de l'enfant. Afin d'épargner l'enfant des effets des défaillances mentionnées, il est amené à vivre dans un cadre institutionnel. Celui‑ci est susceptible de subvenir aux besoins de l'enfant sur le plan physiologique, psychologique, éducatif et social.