II. Action sociale au Liban – Historique

Dans ses débuts, l'action sociale au Liban partait d'abord de l'initiative personnelle et privée des individus, puis de celle des familles, et enfin de l'initiative des associations caritatives. L'intervention des institutions étatiques a eu lieu après la seconde guerre mondiale, et précisément pendant la période de l'Indépendance du Liban. Nous illustrons le cheminement de l'action sociale, étape par étape, vers la mise en place des structures institutionnelles.

Le premier intérêt social s'est porté vers l'orphelin qui, de par sa condition, bénéficiait d'une aide matérielle et financière de ses parents proches, par l'intermédiaire de sa mère. Dans ce cas, l'enfant orphelin restait dans sa propre maison, à la charge de sa mère qui était assistée financièrement par les membres de la famille proche. Dans le cas où l'enfant était orphelin des deux parents, il était accueilli et intégré dans une famille parente proche (grand-parents, oncles, tantes) qui devenait sa propre famille.

Plus tard, l'aide se mit à affluer des bienfaiteurs, non seulement proches mais aussi lointains, par l'intermédiaire d'actions individuelles ou concertées. Ainsi naquirent des associations laïques de bienfaisance dans la seconde moitié du 18ème siècle, de même que des communautés religieuses locales et étrangères (Kennaane, 1991). Pour l'exemple, citons l'intervention des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul qui débarquèrent à Beyrouth en 1847. Un an plus tard, elles découvrirent sur une poutre de leur premier chantier, une fillette abandonnée, nouvellement née. Ainsi débutât l'œuvre de la Crèche de Saint Vincent qui consistait à s'occuper des bébés abandonnés. Reconnue officiellement en 1928, la crèche maintient encore aujourd'hui ses activités (Saghieh, 1993).

Cependant, pendant la première guerre mondiale, individus, associations et communautés religieuses durent résister et porter courageusement, aussi longtemps que possible le souci des orphelins, des délaissés et des abandonnés. C'est au cours de cette période historique, 1917, qu'est né le premier orphelinat musulman (Saghieh, 1993) suite à l'intervention d'un groupe de bienfaiteurs soucieux de venir en aide aux nécessiteux. Ainsi, ils s'occupèrent non seulement des orphelins mais aussi des mères et des veuves ayant perdu leurs maris durant la guerre mondiale, suite à la mobilisation générale de l'époque.

La situation générale s'est détériorée avec la seconde guerre mondiale laquelle n'a engendré que des cas extrêmes. Ceux‑ci ont révélé à l'autorité Libanaise de l'Indépendance la nécessité d'une prise de conscience pour intervenir sur la protection et la réhabilitation du nécessiteux, notamment de l'orphelin, par l'exercice de son «rôle régulateur». Sa première intervention prit la forme d'une assistance financière accordée aux associations caritatives, aux orphelinats et aux asiles des personnes âgées. Cette aide fût administrée par le Bureau du Travail au départ, et ensuite, notamment à partir de 1952, par le Ministère du Travail et des Affaires Sociales.