II.1. De l'engagement de la République Libanaise

A partir de 1959, l'action sociale a connu une structure plus organisée suite à la création de l'Office du Développement Social devenu, d'ores et déjà, l'expression directe d'un partenariat fructueux entre le secteur public et le secteur privé. Ainsi, en 1960, apparurent des prototypes de contrats entre l'Office Du Développement Social (Kenaane, 1993) et les institutions sociales à but non lucratif. Ces établissements passèrent du nombre de 49 au commencement à 135 en 1993, pour atteindre le nombre de 198 institutions, au début de l'an 2000.

Les contrats avec l'Office du Développement Social imposaient alors des conditions à chacune des parties concernées. Il revenait donc à l'institution étatique d'assurer et de fournir le soutien matériel, alimentaire et technique. Quant à l'institution sociale, elle prenait à sa charge l'accueil de l'orphelin et son instruction. Elle remplissait, de ce fait, les fonctions de la famille notamment la socialisation de l'enfant. En d'autres termes, l'institution sociale organisait dans son enceinte la vie quotidienne de l'enfant dans les détails, son éducation, son enseignement académique et sa formation technique. Soulignons dans ce cadre que la prise en charge institutionnelle des enfants ne procéda pas d'un choix délibéré du gouvernement libanais. Elle dériva plutôt d'un fait sociétal imposé jadis par l'apparition du nombre croissant des enfants livrés à eux-mêmes, d'une part, et des enfants illégitimes, d'autre part (Kenaane, 1968).

En 1978, dans un souci de perfectionnement des moyens de patronage de l'enfance, la République Libanaise s'engagea, dans un projet de base, en partenariat avec l'Unicef à savoir l'organisation [«United Nations International Children's Emergency Fund»].

Ce projet consistait à prodiguer à l'enfant deux types de service (Kenaane, 1988) : 

  1. le service d'aide à l'enfance à l'intérieur de l'institution sociale ;
  2. le service d'aide à l'enfant dans sa propre maison, au sein de sa famille biologique.

L'objectif lointain du projet visait une triple ambition consistant à atteindre les objectifs suivants :

  • sauvegarder l'unité de la famille ;
  • soutenir la femme veuve en lui assurant une formation professionnelle ;
  • nouer des liens entre la famille et l'un des centres des services sociaux de proximité.

En premier lieu, l'activation de «l'aide à l'enfance dans le cadre institutionnel» nécessita, pratiquement, la mise en place de plans stratégiques, œuvrant à court et à long terme. Ainsi, le Ministère des Affaires Sociales entreprit une série de démarches dont nous évoquons à titre d'exemple quelques‑unes.

  • L'organisation des assistants sociaux de visites aux institutions sociales pour enfants.
  • La fourniture du mobilier et des équipements nécessaires au bon fonctionnement des institutions concernées.
  • La programmation de projets de formation d'ordre pédagogique, psychologique et éducatif aux responsables et au personnel des institutions sociales.

En second lieu, le deuxième type de service, à savoir «le service de l'enfant à domicile», il a été entrepris en partenariat avec l'Unicef à partir de 1980. Cette année - là, l'initiative préparatoire fut la formation d'une nouvelle vague d'éducateurs spécialisés dans le service social. Ceux‑ci devraient intervenir à domicile, auprès des familles. En fait, le «service personnalisé», est le fruit de la nouvelle conception de la République Libanaise en matière d'intervention sociale. Il consiste à «rassembler les membres de la famille» sous un même toit, afin d'avantager l'ambiance familiale adéquate au développement de l'enfant.

Pratiquement, les acteurs sociaux sont intervenus directement auprès des familles, en fonction de leur localisation géographique. Peu à peu, le service à domicile permit à plus de mille familles d'en bénéficier. Néanmoins, en 1989, il fut suspendu suite au retrait de l'Unicef. Le Liban était alors incapable de devenir l'unique fournisseur de fonds à cause des séquelles de la guerre libanaise, notamment l'insuffisance des ressources financières. Ainsi, les conditions de survie du «service de l'enfant à domicile» sont devenues réellement insatisfaisantes.

Cet aperçu historique révèle que les événements socio-historiques ont été à la base d'une prise de conscience du danger que couraient les enfants sans parents et sans famille. A l'heure actuelle, le Ministère des affaires Sociales persévère dans la planification et l'investissement d'un certain nombre de projets sociaux que nous abordons dans la section suivante.