IV.1. Durée résidentielle

Appropriée par l'auteur, l'expression «durée résidentielle» désigne le nombre d'années vécues ou passées dans un habitat déterminé. Plus précisément, elle correspond au nombre d'années passées dans l'habitat actuel de chacune des trois populations. Déterminer la durée résidentielle d'une population revient à identifier le degré de sa mobilité / stabilité spatiale. Plus une population est exposée aux répétitions de changement d'habitat, davantage elle est mobile et, par conséquent, son degré de stabilité s'affaiblit. En contrepartie, une population rarement mobilisée par des mutations d'habitat affiche, par conséquent, un haut degré de stabilité.

Le degré de mobilité vs stabilité résidentielle joue un rôle important dans la sécurisation de l'individu aussi bien que dans la stimulation des processus d'identification et d'appropriation. Ces mécanismes sont déjà exploités dans la partie théorique et nous y reviendrons dans les chapitres ultérieurs. Ceci dit, la stabilité résidentielle, chez les trois populations fait l'objet de résultats subséquents (tableau 5.12).

Type d'habitat
Durée de résidence
Maisons parentales Villages d'enfants Institutions sociales Total
Deux ans 0 % ( 0) 27,5% ( 11) 24,2% ( 23) 19,4% ( 34)
Trois ans 0 % ( 0) 30 % ( 12) 21,1% ( 20) 18,3% ( 32)
Quatre ans 0 % ( 0) 10 % ( 4) 12,6% ( 12) 9,1% ( 16)
Cinq ans 0 % ( 0) 15% ( 6) 15,8% ( 15) 12 % ( 21)
Six ans 0 % ( 0) 5 % ( 2) 11,6% ( 11) 7,4% ( 13)
Sept ans 10 % ( 4) 7,5% ( 3) 7,4% ( 7) 8 % ( 14)
Huit ans 7,5 % ( 3) 5 % ( 2) 7,4% ( 7) 6,9% ( 12)
Plus de huit ans 82,5 % ( 33) 0 % ( 0) 0 % ( 0) 18,9% ( 33)
Total 100 % ( 40) 100% ( 40) 100% ( 95) 100% (175)

La majorité du g. Maison affiche une stabilité résidentielle considérable du fait de la résidence dans un habitat unique, durant une période exclusivement longue. Elle commence par sept ans dans le cas de 10% du g., atteint huit ans chez une minorité, et dépasse huit ans chez la majorité du groupe (82,5%). Notons que cette population marque un degré particulièrement élevé de durée résidentielle stable en comparaison avec les autres populations pour lesquelles l'effectif de résidence dans un habitat unique au-delà de huit ans est rare.

Le g. Village marque une durée résidentielle relativement moyenne, car 32,5% des sujets résident dans l'habitat actuel depuis cinq à huit ans. Cependant, l'expérience résidentielle des deux tiers est limitée à deux ans au minimum et à quatre ans au maximum.

Quant au g. Institution, il connaît un temps résidentiel relativement court ou moyen dans le même habitat. Plus de la moitié du g. (57,9%) marque une durée de résidence allant de deux à quatre ans, dans l'habitat institutionnel actuel, tandis que la durée résidentielle du reste du g. oscille entre cinq et huit ans. Le degré de stabilité résidentielle s'avère, de ce fait, plus élevé dans l'habitat Maison qu'en Village d'enfants qu'en Institution.

La courte ou moyenne durée résidentielle apparente dans les habitats de type Village et Institution est l'indicateur d'une quête de l'habitat idéal et convenable pour l'enfant. Cette quête prend appui sur un ensemble de facteurs nécessitant un changement de demeure pour diverses causes : 

  • le désir de rejoindre un autre membre de la fratrie logeant ailleurs, dans une institution ou dans un village d'enfants ;
  • l'âge de l'enfant ou encore son niveau scolaire ;
  • l'Insatisfaction éprouvée dans une demeure quelconque.

Aussi faudrait-il ajouter que l'histoire résidentielle est aussi influencée par la fréquence des transitions et des changements d'habitat, voire par la mobilité résidentielle.