IV.2. Mobilité résidentielle

Nous usons du terme «mobilité résidentielle» pour exprimer la quantité, voire la fréquence des déplacements effectués par une population au cours de sa vie. Il s'agit du nombre de fois où l'individu quitte sa demeure, déménage et s'installe dans un autre habitat. La mobilité résidentielle est considérée forte dans le cas où une population changerait d'habitat à plusieurs reprises. Par contre, la mobilité est réduite dans le cas d'absence ou de faible fréquence de déplacements.

La mobilité résidentielle forte ou fréquente représente une source de trouble pour l'enfant. L'expérience des déménagements répétitifs, les changements de repères spatiaux et la modification radicale des «objets de réassurance» deviennent le «symbole même des modifications familiales angoissantes» (Soulé, 1988, p. 57). Il semblerait que les changements fréquents affectent les comportements et laissent des répercussions négatives même sur le dessin de l'enfant. Dans des situations de changement de cadre de vie, et de placement mal assumé, des chercheurs observent un état de «régression du dessin» chez les enfants (Aubin, 1977, p. 35). En revanche, dans le cas de changement réduit, la mobilité devient positive puisqu'elle facilite la familiarisation avec les lieux et, par conséquent, l'identification et l'investissement du cadre de vie.

Les résultats obtenus montrent que la fréquence de changement de résidence varie selon les populations. Elle oscille entre l'absence totale de déplacement et un nombre maximal de quatre fois. Le g. Maison est bien celui qui a vécu le minimum de changement résidentiel. La majorité du g. réside dans la même demeure depuis la naissance et par conséquent, ce g. affiche une mobilité résidentielle nulle. Néanmoins, une minorité d’enfants (17,5%) est exposée à une mobilité réduite puisque le changement de logement s'est effectué une seule fois (tableau 5.13).

Type d'habitat
Nombre de déplacements
Maisons parentales Villages
d'enfants
Institutions sociales Total
Zéro fois 82,5% ( 33) 0 % ( 0) 0 % ( 0) 18,9% ( 33)
Une fois 17,5% ( 7) 67,5% ( 27) 39% ( 37) 40,6% 71)
Deux fois 0 % ( 0) 27,5% ( 11) 49,5% ( 47) 33,1% ( 58)
Trois fois 0 % ( 0) 5 % ( 2) 11,6% ( 11) 7,4% ( 13)
Total 100% ( 40) 100% ( 40) 100% ( 95) 100% (175)

Quant au g. Village, ses deux tiers ont changé d'habitat uniquement une fois, alors que le tiers restant l'a effectué à deux reprises. Cette strate affiche donc une mobilité moyenne qui semble, cependant, considérable lorsque l'âge de l'enfant est pris en considération.

Enfin, le g. Institution marque le plus grand nombre de changement d'habitat et, par conséquent, le plus haut degré de mobilité résidentielle. La moitié du groupe s'est déjà déplacée à deux reprises. Environ le tiers des enfants a effectué un seul changement d'habitat. Une minorité, de l'ordre de 11,6% a vécu des déménagements fréquents variant entre trois et quatre fois. La mobilité nécessite donc la mutation d'un lieu ou d'un habitat vers d'autres cadres dont la structure est, soit identique au précédent, soit différente.