I.2. Exploration de l'intérieur de l'habitat

Suite au pré‑test, l'enquête par questionnaire a subi certaines rectifications concernant la désignation des espaces résidentiels internes. De ce fait, les espaces intérieurs de la demeure ont été réduits, à savoir limités aux suivants : la salle de séjour, la cuisine, la salle à manger, le salon et les lieux de prière.

  1. 1 Les lieux de prière sont simultanément présentés comme étant situés à l'intérieur de l'habitat et à l'extérieur. La raison en est que la plupart des institutions sociales intègrent une chapelle ou une mosquée au cadre de vie. Ailleurs, les lieux de prière sont soit contigus à l'habitat, soit relativement loin, tout en restant toutefois dans la boucle d'accès de l'enfant. D'une manière générale, les endroits internes de l'habitat sont presque identiquement utilisés dans les trois cadres résidentiels, sauf les lieux de prière et le salon. Fréquentés par tous les groupes, les espaces de prière restent cependant plus fréquemment visités par les habitants des Institutions. Les résultats concernant la «fréquence», voire la répétitions de visites montrent que les lieux de prière sont d'une part, «régulièrement «visités par le g. Institution, et sont d'autre part, «assez souvent» visités par les groupes Village et Maison. L'observation des habitats institutions révèle que la fréquentation des lieux de prière ne procède pas nécessairement d'un choix personnel et délibéré. Même si l'accès aux lieux de prière résulte d'un choix volontaire, il reste cependant dépendant d'une organisation institutionnelle qui rythme la vie et les activités quotidiennes. Dans ce cadre, le fait de prier devient un acte communautaire auquel participent, collectivement, les enfants du g. Institution. Ajoutons à ceci qu'en général la fréquentation, relativement forte des lieux de prière, pour les trois échantillons est conditionnée par le statut religieux du Liban et le souci des familles et des institutions locales d'intégrer la prière et l'enseignement de la catéchèse au processus global de socialisation.
  2. 2 La fréquence d'exploitation du salon affiche un écart entre les trois groupes d'habitants. Le salon est «régulièrement» fréquenté par le g. Village, tandis qu'il est «assez souvent» utilisé par le g. Institution et «rarement» par le g. Maison. Cet écart dans, l'utilisation du salon, s'explique par la structure même de la maison libanaise et la conception locale de l'espace du salon. Dans la société libanaise, le salon représente un lieu social et culturel. Il est réservé aux événements importants, aux cérémonies et aux festivités. Il n'est pas continuellement accessible aux autres. Il l'est dans la mesure où l'autre n'est pas familier aux habitants, ou encore dans la mesure où l'autre illustre un personnage hautement placé socialement, politiquement ou hiérarchiquement. En compensation de l'usage rare du salon, comme nous allons le détailler plus loin, la salle de séjour devient un espace multifonctionnel, fortement exploité. Quant à l'utilisation fréquente du salon (Village et Institution), elle s'explique par l'ouverture du salon aux visiteurs et aux parents d'enfants. C'est l'endroit où l'enfant rencontre ses visiteurs et ceux venant le ramener au foyer parental durant les vacances et les fêtes.

En guise de récapitulation, soulignons le fait que la fréquentation de l'environnement résidentiel interne et externe dépend de la structure résidentielle habitée actuellement par l'enfant. Ainsi, Le g. Maison accède fréquemment aussi bien aux espaces ludiques qu'aux lieux affectifs. Quant au g. Village, il exploite fortement des endroits procureurs de richesse naturelle, touristique et culturelle. Tandis que le g. Institution, plus proche du g. Maison, est davantage branché sur les lieux affectifs ainsi que sur l'environnement naturel. L'attachement aux endroits significatifs résulte‑t‑il des tendances individuelles et particulières à chaque individu ? Ou alors, dépend‑il de la structure résidentielle et de l'aménagement des lieux ?