II.1.1. Le chez soi

Afin d'éviter les confusions, nous usons également des termes «maison parentale», ”foyer parental” et ”chez soi” pour désigner la maison conventionnelle, traditionnelle, voire la maison d'origine où l'individu vit au sein de sa propre famille, en compagnie de ses parents et de sa fratrie. Pour désigner la maison parentale, l'enfant s'est servi de deux expressions : »ma maison» et «la maison de mes parents». Pour exprimer sa prédilection et son attachement à la «maison parentale» dans sa globalité, l'enfant l'a fait sans nommer de lieux précis, mais en usant des expressions suivantes : toute ma maison», « ma propre maison «, «la maison de mes parents».

A notre surprise, la maison parentale dans son entité constitue un lieu privilégié seulement pour 12,5 % du g. Maison, et 20% du g. Village. Paradoxalement, la maison parentale devient un lieu de préférence et un objet d'attachement pour les deux tiers du g. Institution (tableau 6.2). Ce résultat dénote une relation corrélative entre la proximité et les sentiments d'attachement. Plus l'enfant est loin de sa demeure originelle, plus ses préférences vont vers elle (touteentière) comme un lieu qui capitalise ses désirs indépendamment des divers espaces qui la constituent. Par ailleurs, plus il est proche de la maison parentale - car il y vit quotidiennement - plus ses choix deviennent sélectifs, et ses préférences visent d'autres lieux situés dans son enceinte. Comment expliquer alors le taux de 30% d'enfants qui désignent le Village d'enfants entier, dans sa globalité comme un lieu privilégié ? En fait, il semblerait que l'enfant vit l'expérience du village en tant que structure solide et sécurisante. Celle‑ci constitue, pour lui, un point d'ancrage et d'appui en l'absence de la structure socio‑familiale et physique de la maison. Ayant perdu toute possibilité d'accéder à la vie de famille dans le premier foyer, lieu de naissance, l'enfant se représente alors, le Village d'enfants, comme une bouée de sauvetage qui se transforme en objet et en lieu d'attachement. D'ailleurs, il serait aussi intéressant d'interpréter ce fait à la lumière d'autres variables telles que l'absence parentale et l'histoire résidentielle. Celles-ci révèlent, d'une part, que tous les enfants, illustrant ce cas, sont orphelins de mères, et que 50% des pères sont psychologiquement absents. D'autre part, la plupart des enfants affiche une durée résidentielle relativement considérable où la moyenne de l'âge résidentiel atteint quatre ans.