Conclusion du sixième chapitre

Nos résultats concernant la fréquentation des espaces résidentiels montrent l'importance du poids affectif et social sous–jacent au contact de l'enfant aux maisons de sa famille proche. Ces maisons sont tellement appréciées par l'enfant qu'elles sont considérées comme le prolongement de la maison parentale. Les conclusions sur l'attachement aux lieux en fonction du sexe rejoignent les recherches internationales menées dans l'espace de la maison. Celles – ci ont particulièrement montré la dominance féminine traditionnelle sur la chambre à coucher (Kira, 1976). Néanmoins, l'attraction exercée par la salle de séjour sur les garçons libanais contredit les résultats de Kira chez qui la salle de séjour garde aussi un attrait plutôt féminin. Par ailleurs, nos résultats vont dans le sens de ceux de Tognoli (1980), où les hommes comme les femmes montrent un degré élevé de sensibilité envers la salle de séjour. Avec Tognoli, nous nous demandons dans quelle mesure l'attrait masculin pour la salle de séjour traduit-il une tentative de prise de pouvoir sur un environnement intérieur duquel les garçons se sentent généralement plus exclus que les filles ?

Ensuite, le choix de la «maison parentale» dans sa globalité comme lieu favori par un nombre élevé de filles rappelle les études de Shiavo (1988) lesquelles montrent que les filles apprécient beaucoup plus positivement et avec plus d'émotion leurs maisons que les garçons. Quant à l'attachement à l'environnement naturel dans ses espaces de verdure (Maisons et Institutions) et ses zones aquatiques (Villages), il correspond aux résultats apportés par Kaplan (1987) montrant que certains contenus tels que les arbres, l'eau et le feuillage ont un impact fort sur les préférences. Ils constituent par conséquent des indicateurs d'un environnement résidentiel dans lequel la vie est vraisemblablement meilleure. Rappelons aussi, à ce titre, Korpela (1989) qui considère que l'environnement physique joue le rôle de «régulateur» psychique. Il permet à l'individu, qui le fréquente ou le possède, de décharger ses émotions et, par conséquent, de reconstituer son équilibre psychique.

En somme, les résultats indiquent que les tendances préférentielles semblent être en lien corrélatif avec le «type d'habitat» actuel de l'enfant. Représentant simultanément l'aspect familial, collectif et individuel, l'habitat Maison satisfait aux besoins d'intimité d'une part et de collectivité d'autre part. Sa structure physique favorise le sentiment d'attachement à l'égard des espaces intérieurs tels que : la chambre à coucher, la salle de séjour et les maisons de la famille proche. Quant à l'habitat Village, il témoigne de l'accentuation de l'intime dont l'écho réside dans le choix de la chambre à coucher comme lieu favori. Enfin, étant organisées en fonction d'un nombre élevé d'individus, les institutions sociales encouragent les mouvements collectifs qui, réduisent, par conséquent, la spontanéité, l'initiative individuelle et l'intimité. De ce fait, les choix résultants sont centrés sur l'environnement extérieur, les espaces d'activités groupales, les terrains de jeux, les restaurants et les maisons de la famille proche. Ainsi, le cadre de vie implique l'individu dans un rapport affectif non seulement à l'égard de l'intérieur résidentiel mais aussi à l'environnement extérieur. Ces résultats nous incitent à élargir l'horizon de l'étude - chapitre suivant -  à la recherche des désirs et des aspirations qui sous-entendent les rapports aux lieux habités.