1-Liens socio‑familiaux

Les rapports à l’habitat englobent non seulement les aspects physiques des lieux, mais aussi les liens parentaux, amicaux et sociaux. Ces deux dimensions sont ainsi indissociables et influençables l’une par l’autre. Nos résultats montrent que l'environnement résidentiel module les liens et les rapports sociaux et définit leur intensité et leur importance. Nous constatons, plus particulièrement, aux Villages et Institutions, que les sujets se construisent sur la base d'une «déchirure» résidentielle ou d'un «entre‑deux» (Denoux, 2002) familial, social et résidentiel.

Au foyer parental, le cadre physique influence le développement des rapports socio‑affectifs où prédomine un lien direct et permanent aux parents, à la fratrie, à la famille proche, aux amis et au voisinage. Les visites, s'effectuent en double sens, impliquent l'enfant dans un réseau relationnel lui rendant accessible non seulement l’espace de son propre foyer, mais aussi ceux de la famille proche et vice versa.

Au village, les liens parentaux et filiaux manquent de continuité : certains sont même inexistants. La plupart des enfants maintient un lien direct avec, au moins, un membre de la fratrie biologique du fait de la résidence commune. Moins nombreux sont ceux qui entretiennent des rapports intrafamiliaux (famille proche). Néanmoins, d’autres types de rapports s’établissent avec des parrains, des bienfaiteurs et des bénévoles.

La structure institutionnelle, quant à elle, renforce les rapports continus avec certains membres de la même fratrie (résidant sur les mêmes lieux) ainsi qu’avec des pairs. Même discontinus, les liens persistent avec les parents. Quant aux grands-parents, ils sont peu nombreux à visiter leurs petits enfants dans le cadre institutionnel. Toutefois, tous maintiennent des liens avec eux dans l'entourage du foyer parental.

Les résultats affichent l'importance quantitative et qualitative des liens sociaux tissés davantage dans le cadre du foyer parental que dans celui des Villages et des Institutions. Ils attestent, de ce fait, du caractère social du foyer parental relevé par Tognoli (1987). En fait, cet auteur caractérise l'environnement du foyer par la richesse des relations personnelles, sociales, interindividuelles et intra‑individuelles. D'une part, ces résultats rappellent ceux de Pennartz (1986)décrivant l'atmosphère du foyer par la communicabilité et l'accessibilité aux autres, et rejoignent, d'autre part, les études ayant abordé le foyer sous l'angle affectif y identifiant une affectivité et une intensité relationnelle (Ekambi-Schmidt, 1972). En effet, les études révèlent le rôle prépondérant de la dimension sociale dans le développement du sentiment d'attachement au chez soi. Des recherches espagnoles – à Santa Cruz de Tenerife - montrent que l'attachement social est plus considérable que l'attachement physique malgré l'importance accordée aux deux dimensions dans les rapports au foyer (Hidalgo & Hernandez, 2001).