Plan

Cette thèse est composée de trois parties, sous-divisées en six chapitres. On s’efforce d’abord de définir l’espace de la société (globale) coloniale. Des études portant sur les pays industrialisés (voir infra) considèrent que les modes de représentation du territoire, structuré par l’ensemble de moyens techniques et des services sociaux, sont au cœur de l’interactivité du social et du politique. Appliqué au contexte des sociétés post-coloniales, ce concept de territoire ne peut que se heurter à des spécificités historiques : d’abord, les territoires des sociétés post-coloniales ont été produits par l’assemblage d’espaces sociaux ; ensuite, ces espaces s’avèrent être différenciés du point de vue de trajectoire historique, culturelle et des degrés développement technique. On se consacre à montrer la façon fragmentaire dont a été structuré le réseau-territoire dans le cadre du système colonial (Partie I, chap. I). Ce phénomène, mis en rapport avec la pluralité de modes de représentations du territoire, permettra de comprendre la multiplicité d’espaces et d’agents de la socialisation politique. Deux espaces sont ici pris comme des espaces-échantillon : la ville de Lourenço Marques et la circonscription de Manjacaze. L’analyse des systèmes de rapports sociaux dans ces espaces montre qu’ils sont structurés : l’existence d’individus, des communautés, des chefferies, des groupes sociaux surviennent toujours dans une chaîne relationnelle à deux dimensions, verticale (rapport aux instances du pouvoir) et horizontale (rapport aux semblables). L’interactivité de ces éléments est à l’origine de la production du pouvoir notabiliaire. L’enjeu est de rendre compte les ressources du pouvoir politique pour la formation du collectif d’action et de montrer, ainsi, l’utilité de la concentration et de la déconcentration politiques, comme stratégie de formation de la société globale (chap. II).

L’analyse sur la société pendant les dernières décennies de la domination coloniale montre que le pouvoir cherche à entreprendre et à entretenir le système politique. La rareté, la compétition et les conflits ont été à la base de la dynamique du système polique. Sous cet angle, on s’occupe de l’examen de l’évolution du mouvement protestataire, pour montrer que l’imbrication des réseaux sociaux et de l’appareil politique a été validée comme une ressource d’intégration sociale et politique, dans le mouvement anti-colonial. L’environnement de la guerre pris en compte, on cherche à élucider que le mouvement anti-colonial n’a pas été contradictoire avec la structuration d’un système politique. (Partie II, chap. III). La transformation du mouvement de libération en parti-Etat fait l’objet de cette réflexion dans le but d’éclairer trois aspects corrélatifs : d’abord, la création du parti-Etat s’est déroulé non sans résistances ; le parti-Etat aparaît certes comme le corollaire de la lutte révolutionnaire mais aussi comme un moyen permettant l’accès à l’infrastructure matérielle de l’Etat et comme ressource de mobilisation ; Ensuite, ce processus débouchant sur un parti-Etat, Etat néo-patrimonial, on analyse les stratégies de régulation politique (1976-1990) (chap. IV).

Ce processus témoigne de l’existence d’un centre du pouvoir qui est corrélatif à la différenciation structurelle des agents sociaux et à la genèse de la classe dirigeante. C’est par rapport à l’élite que les systèmes politiques se présentent comme des objets structurés et finalisés, dans un environnement spécifique, où ils sont actifs et évolutifs. La guerre s’est imposée au Mozambique comme un facteur de politisation de rapports sociaux et de blocage de la régulation politique. L’auto-transformation du système politique et l’entreprise par le Frelimo et la RENAMO d’un cadre institutionnel propice à la démocratie multipartite font l’objet de ce chapitre (Partie III, chap. V). La démocratisation multipartite est venue s’inscrire dans un contexte d’une société entre la tradition et la modernité. A l’aide du concept d’espace social, entendu comme un cadre matériel et symbolique, on exploite les modes de représentation sociale de la démocratie ainsi que les mécanismes participant à la formation de l’opinion politique. L’enjeu est de montrer que, qu’elle concerne un individu ou un sous-ensemble social, l’opinion se construit dans un cadre relationnel à deux dimensions, verticale et horizontale. Ces processus étant à la base du pouvoir des notables dans de nombreux espaces sociaux, on essaye d’éclairer le fait que la réussite des candidats à se faire élire à la représentativité politique s’appuie sur des réseaux relationnels (chap. VI).