Les chefferies traditionnelles témoignent l’expression de sous-systèmes de pouvoirs à l’égard desquels l’Etat (colonial) entreprit la stratégie coalitive et collusive. Ce sous-système dispose d’un appareil politique plus ou moins centralisé et peut regrouper une population des dizaines de milliers de personnes au sein d’une organisation sociale très stratifiée. Il s’organise autour d’un chef/leader au sommet de l’appareil du pouvoir. Dans le territoire de chaque chefferie, il se déploie un réseau d’appareils contrôlés par des subordonnés, qui ont des liens de parenté ou bien d’affinités avec la famille du chef. Système de domination patrimoniale du fait que le pouvoir circule entre les membres du groupe dominant reliés par ces rapports, la croyance en la capacité créatrice des ancêtres de l’ordre social et la fonction tutélaire du chef justifient les liens positifs des dominés envers cette élite.
Ce pouvoir intégrateur et mobilisateur des chefs traditionnels a été bien saisi par l’Administration coloniale lors de la structuration de l’Etat colonial. C’est la raison pour laquelle il a été tenu comme un levier du pouvoir central, sur le plan de la communication politique. Les sources coloniales sont à ce propos suffisamment éclairantes sur la nature utilitaire de cette mise en réseau de sous-espaces sociaux et institutionnels si divers. D’après Gallieni, « il faut nous rappeler que dans les luttes coloniales que nous impose trop souvent, malheureusement, l’insoumission des populations, nous ne devons détruire qu’à la dernière extrémité, et, dans ce cas encore, ne ruiner que pour mieux bâtir »59. D’autres encore rendent compte d’un rapport coopératif ou conflictuel, en fonction de situations contribuant à la stabilité ou mettant en cause le système politique : « Les petits chefs sont des auxiliaires fort utiles, indispensables, pour l’administration dans des vastes régions où, parfois, un commando a sous sa responsabilité juridictionnelle une aire beaucoup supérieure à celle des districts métropolitains. Seulement les chefs les plus puissants, qui s’engageaient sur le chemin de la désobéissance devaient être supprimé »60.
Tout en se référant aux communautés traditionnelles mozambicaines, A. A. Cabral constate le fait que le chef et les dominés y sont reliés par des rapports qui seraient de type mécanique. La fonction contraignante de ce fondement mécanique des rapports sociaux justifierait la capacité mobilisatrice du premier : « Le Noir ne pourra jamais être employé en grand nombre dans nos colonies, sinon sur l’influence ou sur l’ordre direct de son chef. Ce chef, /…/ sans considérer le Noir comme un esclave, exerce, sur les membres de sa tribu, une influence dont il est nécessaire que nous profitions »61. Par conséquent, les chefs des chefferies ont été mobilisés comme des partenaires de l’dministration coloniale, comme en témoigne une source : « L’action administrative incombe à l’exclusivité et directement aux portugais. Mais tout en maintenant l’autorité et la structure fondamentale des sociétés indigènes, elle s’appuie sur les chefs traditionnels. Pour ce faire, le pouvoir public doit limiter l’autorité du chef indigène, de façon qu’il ne devienne qu’un auxiliaire à l’échelon le plus bas »62.
Encadrées dans les unités administratives sous le pouvoir du Gouverneur districtal, un certain nombre de chefferies, dont on ne présente que celles situées au Sud du Mozambique63, y constituaient une sous-unité territoriale, la circonscription indigène. C’est à ce niveau que s’opéra l’articulation entre le sous-système du pouvoir traditionnel et le pouvoir formel. Outre les rationalités de cette alliance, l’organisation du pouvoir étant un support d’un système de rapports humains, elle nécessite de s’appuyer sur des liens d’identification de la part des groupes qui en garantissent le fonctionnement. Etant ces liens positifs des manifestations d’un espace cognitif socialement construit, le rôle social des chefs des sous-espaces sociaux traditionnels ne pouvait que s’avérer comme une ressource pour rallier ces communautés au pouvoir étatique.
La capacité d’organisation de systèmes d’action collective représente l’un des piliers de l’existence du pouvoir. Chaque espace de la société à identités multiples étant dotée de mécanismes capables d’entraîner des liens de solidarité horizontaux et verticaux, la rationalité et la dynamique de l’action collective relèveront de la concertation entre le pouvoir politique et le pouvoir social. Par conséquent, les notables, étant au centre des transactions dans leurs communautés, tiendront des rôles importants dans la structuration des systèmes d’action.
En effet, l’intérêt du partenariat politique n’étant pas nié par l’Administration coloniale, que ce soit sous le rapport du régime républicain (1910-1926) ou de l’Etat nouveau, l’espace d’intervention des chefs traditionnels était bien précis. D’après le Statut politique, civil et criminel de la population indigène64, « l’on devait créer des tribunaux privatifs de la population indigène pour l’administration de la justice, de façon rapide et efficace. On confie cette fonction aux chefs administratifs locaux (agent de l’Etat) ». Avec le concours de la population et de leurs chefs, qui ont des connaissances sur le milieu et les coutumes locales, le système politique parvint à « codifier usages et coutumes de la vie sociale» de chaque circonscription administrative ou région, exceptées celles qui menaçaient le « droit de la souveraineté » coloniale.
Ce processus déboucha sur l’articulation des institutions traditionnelles de chaque espace avec le schéma de l’Administration, en vue de l’accomplissement d’enjeux partagés. Si cette dernière sphère du pouvoir relevait directement des agents de l’Etat, le cadre des institutions africaines était en revanche sous le contrôle des chefs traditionnels. Sans porter atteinte au principe de subordination et de hiérarchisation, des préalables de la centralité et de la coordination par le pouvoir politique, l’articulation des deux sphères du pouvoir donna matière à l’avènement de sous-systèmes de pouvoirs en réseau : « dans chaque chefferie, groupe de peuplements ou population il faut qui il y ait, respectivement, un régent (regedor), un chef d’un groupe de peuplements ou un chef de population. A chacun revient l’exercice des fonctions qui leur sont reconnues par la Loi, par des usages et des coutumes locales, sans pour autant contrarier la Loi. En outre, ils seront chargés de la réalisation d’autres taches, déléguées par des autorités administratives dont ils dépendent hiérarchiquement »65.
Le district de Gaza, dont dépendait la circonscription des Muchopes, illustre comment les dominants et dominés assuraient le fonctionnement de ce système. La ville de João Belo en étant le haut lieu, ce district se composait de deux circonscriptions, ces dernières étant à leur tours divisées en plusieurs chefferies. Dans la circonscription des Muchopes, comme dans d’autres, les peuplements et les chefferies, contrôlées par les chefs traditionnels, la circonscription et le district, dirigés par des agents d’Etat, formaient un sous-système dans lequel la centralité revenait aux représentants du pouvoir étatique. Il arrivait parfois dans ce sous-système des situations entraînant des dysfonctions, à savoir : des rivalités factionnelles à propos des postes à pouvoir ; des conflits de succession à la suite du décès d’un chef traditionnel ou de l’annonce de son incapacité physique ; ou encore des mouvements de protestation de la part des assujettis, témoignant de leur sentiment de rejet des directives du pouvoir.
La déconcentration politique s’étant imposée dans ce système comme une ressource d’inscription du pouvoir dans la société, l’accès des chefs traditionnels aux appareils revêt un intérêt théorique. Quant au système électoral mis en place66 pour l’« élection » des régents et des chefs de chaque groupe de populations, on a affaire au mode de mobilisation et de production de l’opinion légitimant « l’accès au pouvoir » par des notables.
Cette entreprise ne relevait pas d’un partage de groupements s’inscrivant dans une quelconque idéologie politique. La production de l’opinion politique ne dépendait non plus de l’appartenance à des formations politiques mues par des stratégies contradictoires à l’égard d’enjeux du pouvoir. Outre la trajectoire de chacun des notables, les réseaux relationnels (famille, voisinage, affinités par mariage, compromis avec agents de l’Etat) leur mobilisaient des ressources en vue de l’obtention d’avantages politiques dans la course pour le pouvoir. On se repporte à deux cas illustratifs, celui de la circonscription de Chipene (Coolela) et, puis, celui de Fumane, touts les deux des sous-unités de la circonscription des Muchopes.
La mort du notable Gomocomo Monjane, régent de la chefferie de Chipene jusqu’en 194967, fut annoncée par son conseilleur (Induna) au moyen du chiphéfu, corne dont le son symbolisait le deuil dans tout le village. Ce fait ouvrait une situation de vacance du pouvoir, entraînant par la suite des conflits qui n’ont été réglés que dix-ans après. Les funérailles s’étant déroulées avec les honneurs dus au souverain, il est venu l’heure pour l’Administrateur de la circonscription d’identifier un candidat légitime pour occuper le post de régent de la chefferie, pour les divers courants d’opinion.
Pour ce qui est du processus de succession, deux réunions publiques (ma-banja) ont été tenues, à Chipene68. La première, réalisée le 20 octobre 1949, compta sur la présence de nombreux participants, prenant place selon des statuts respectifs : d’abord, l’Administrateur de la circonscription des muchopes, l’interprète et d’autres membres de sa délégation, qui se sont assis en face des participants ; ensuite, de l’autre côté, prirent des places d’abord les invités, à savoirs, les régents des chefferies voisines : le régent Chicavane, le régent Tavane et le régent Mazucane ; ensuite, les (notables) conseilleurs du « royaume », notamment Mundau Monjane, Uamipanga Jeque, Valente Monjane, Sengane et d’autres personnes âgées, concernées par l’affaire de succession, dont les âges variaient entre soixante-dix et quatre-vingt ans; enfin, la population.
L’Administrateur fit ensuite une petite allocution, dans laquelle les vertus et l’effort de l’ancien souverain ont été évoqués, faisant voir aux présents qu’ils s’harmonisaient avec l’action du gouvernement pour « le bien de tous ». Il fallait élire son successeur, d’après les usages et les coutumes et invita les plus âgés à se prononcer sur la matière.
Dans cet espace social, celui de la communauté de Chipenne, les gens observent une hiérarchie pour le droit à la parole. Ce droit est d’abord reconnu aux plus âgés, dont l’opinion n’est presque jamais contestée et qui semble revêtir la valeur de la Loi. La parole des plus âgés est, à ce titre, surtout si elle est présentée à l’unanimité, une sorte de mécanisme de médiation – dans le cas d’un conflit - et de légitimation des entreprises collectives. Dans le cas de persuasion, la parole des plus âgés devient une parole à statut « autoritaire ». Si la discussion entre les plus âgés débouche sur une situation de désaccords, cela donne lieu à une scission et les parties en conflit se regroupent selon les réseaux relationnels du leader - le chef.
Ce fut à ce titre que les vieux prirent d’abord la parole. Pour ce qui est de l’affaire de succession, les vieux (madodas) Mundau MONJANE, Uamipanga JEQUE, Valente MONJANE e SENGANE ont l’un après l’autre fait de courtes interventions. Tous ont à l’unanimité dit que, suivant usages et coutumes, le droit à l’héritage revient au fils aîné ou, s’il n’en existe pas, au frère le plus âgé. Après ces interventions, l’Administrateur demanda à la population si les considérations présentées correspondaient de fait à la pratique locale, question qui a mérité une réponse affirmative.
Une circonstance rendra néanmoins conflictuelle la recherche du successeur de G. MONDLANE. A sa mort, Eugénio Gomocomo Mondlane, son fils aîné, n’avait que dix ans. Par ailleurs, le poste de régent était convoité à la fois par João Mapanguelane MONDLANE et par Guipanhane MONDLANE, revenu de l’Afrique du sud où il travaillait, dans le but de se battre pour son « droit » au pouvoir.
Le premier a travaillé dans le cabinet du régent éteint, comme chef de la population de Mapanguelane. Il s’est réclamé du droit à la succession du fait qu’il était le neveu de Mapangalane, qui fut régent quelques décennies auparavant. Le second se battait également pour le poste de régent parce qu’il était le frère de G. MONJANE et donc, l’oncle d’E. G. MONDLANE.
Des donnés apportées par des sources orales ont permis de vérifier que les deux camps s’appuyaient sur la mémoire sociale et que ce conflit n’opposait que des membres d’une même famille élargie69. En effet, Zôbo fut le grand régent dans la région des Muchopes. Deux de ceux fils, Cambenhane et Mapanguelane, eux aussi de grands régents (mfumo lhôssi), ont été à la racine de la segmentation de la famille en deux lignées :
ZÔBO (0) | |
(1) | (2) |
-Cambenhane | - Mapanguelane |
-Ginguane | -Chalala |
-Chipene | -Munhaissa |
-Chipenhane | -Mapanguelane |
-Senguane | -João ( Candidat à la sucession de Gomocomo) |
-Chichalo | |
-Guijá | |
-Gomocomo | |
-Eugénio (Candidat à la sucession de Gomocomo) |
Dans ce conflit, J. Mapangalane Mondlane et Eugénio G. Mondlane (en partenariat avec son oncle, Guipanhane Mondlane) se sont battus pour le même but : l’accès à un post de pouvoir, celui de régent de la chefferie Chipene. Il s’est manifesté dans un ensemble d’interactions concrètes et complexes entre individus et/ou groupes, dont le mobile était le contrôle d’une ressource d’action, le pouvoir. Maîtrisée par l’une de ces factions, elle aurait été un moyen apportant des avantages multiples, dans la négociation avec le pouvoir étatique. La gestion de ce rapport d’interdépendance et d’échange se serait avérée avec un retentissement souhaitable sur le flux de biens matériels et symboliques, inégalement partagés du sommet à la base de l’appareil du pouvoir. Ces biens sont donc l’infrastructure reliant individus et groupes mus par le même enjeu, le maintien ou l’agrandissement de leurs patrimoines familiaux.
La deuxième réunion (banja) sur la question de succession a été tenue le 20 mai 1950. Appelés à se prononcer sur l’un des deux candidats, J. Mapangalane MONDLANE et Eugénio G. MONDLANE, pour gérer au mieux les affaires de la chefferie, les vieux (madodas) se sont à l’unanimité exprimés pour le premier. L’officiant de la cérémonie s’adressa alors à la population pour s’assurer que c’était bien leur choix, question à laquelle les « personnes anonymes » ont de même répondu par l’affirmative. L’administrateur du district, Megre PIRES, laissa sur cet événement le témoignage suivant :
‘La réunion terminée, la plus grande partie des indigènes qui y étaient présents ont manifesté leur accord avec la nomination de J. Mapangalane MONDLANE pour le poste de régent. Parmi les 200 personnes, ceux qui étaient pour Eugénio Gomocomo MONDLANE n’étaient que vingt individus. J’ai remarqué que le régent J.M. MONDLANE jouit du prestige, qui est la condition indispensable pour le poste /…/. L’Administrateur de la circonscription, d’autres chefs indigènes dans la circonscription et dans la chefferie lui attestent de bonnes références, sans pour autant formuler de reproches à son opposant, Eugénio G. Mondlane71.’Après son investiture comme régent de la chefferie de Chipene, J. Mapangalane MONDLANE mena une politique de concentration du pouvoir pour décapitaliser ses opposants. Jusqu’à la mort de son prédécesseur, outre le siège de la chefferie, à Chipene, il y avait un peuplement dont le chef devait subordination au régent. Eugénio G. MONDLANE, n’étant « élu » pour le poste de régent, avait droit à être le chef de cet ensemble de villages car son père en était le représentant. J. Mapanguelane MONDLANE a mis un terme à l’autonomie de ce groupe de populations et cumula les « mandats » de régent et de chef, avec le concours de l’Administrateur. En outre, il changea la dénomination de la chefferie, qui fut alors désigné la Chefferie de Coolela.
Ce fut à l’encontre de cette hégémonie du régime « absolutiste » de J. Mapangalane MONDLANE et de ses amis qu’un mouvement d’opposition a pris corps autour d’Eugénio G. MONDLANE et de ses oncles, G. MONDLANE et Matuzine MONDLANE. Ce groupe exigeait à l’Administrateur de la circonscription (agent de l’Etat) de faire respecter la Loi car, d’après « le témoignage des ancêtres et de l’histoire », la population de Chipene a été toujours assistée par le droit de constituer sa représentativité. Lors de la structuration de l’Etat colonial, la politique de reliement des chefferies à l’Administration n’avait d’ailleurs pas détruit l’« autonomie » de la population de Chipene.
Les retentissements négatifs de ce conflit dans les rapports entre la population de Chipene et l’Administration ont été à la base de nombreuses réunions pour la construction d’un consensus sur la matière. La haute instance du pouvoir y assistait pour témoigner de l’impartialité de la médiation. Le délégué de l’Administration du conseil expliqua son positionnement en ces termes :
‘Ce que la population de Chipene exige – l’élection de son chef - est absolument juste. C’est d’ailleurs prévu, d’après la tradition et la Loi écrite. /…./ le gouvernement fonde ses rapports avec la société sur la Loi. Cette Loi doit être respectée par tous, y compris par le Président de la République. La population de Chipene a donc droit d’élire son chef de groupe72.’Le conflit opposant les deux leaders, J. Mapangalane MONDLANE et Eugénio G. MONDLANE (soutenus par des réseaux respectifs) était ainsi « entré » dans le système politique. Pour y apporter la solution, l’Administrateur du conseil des Muchopes a émis l’avis le suivant : « la population de Chipene a droit d’élire son chef. Le groupe de populations n’a d’ailleurs pas été supprimé. Ce fut à cause d’habiles manœuvres du régent que cette population est restée sans chef. Je suis donc d’accord que le chef de la population de Chipene soit élu ».
L’efficacité du système politique s’appuyait ici sur un système d’échange avec les relayeurs (Chefs traditionnels), du fait de leur place de centralité dans les rapports sociaux, dans leurs communautés. La réaction du politique au conflit dont on parle, déboucha sur la nomination en soixante-cinq d’Egénio G. Mondlane au poste de chef du groupe de la population de Chipene. Ce compromis a permis aux dominants et dominés de reconstituer le sous-système politique à Chepene.
Pour ce qui est de la chefferie Fumane, des pratiques semblables à celles de la chefferie Coolela témoignent également du phénomène de l’articulation entre les institutions traditionnelles et l’Administration formelle, dans l’Etat colonial. Cette articulation se définit comme un espace de rapports politiques, pacifiques ou conflictuels, selon les enjeux à l’égard de ressources rares – postes, pouvoir, biens matériels et symboliques. Les groupes opposants faisaient également appel à des stratégies de mobilisation de ressources s’appuyant sur leurs réseaux de relations, ceux-ci pouvant revêtir des multiples dimensions, dans un cadre de rapport clientélaire.
L’une des unités administratives importantes de la circonscription des Muchopes, la chefferie Fumane était sous-divisée en dix groupes de populations73, qui, subordonnées au régent, formaient un appareil du pouvoir. Placées dans la centralité du système de rapports sociaux, deux familles se sont toujours disputées le pouvoir comme un patrimoine, ressource fondamentale au contrôle des rapports de l’échange avec l’Etat (colonial) : les MACUACUA et les MATEBUI74.
Les MACUACUAS sont tenus pour le segment de l’élite qui a fondé la chefferie Fumane. A l’origine, leur territoire appartenait à la chefferie de Cocoloane, qui dépendait de la circonscription de Panda, à Inhambane. Les MACUACUA ont ainsi formé une dynastie, qui avait des liens étroits avec l’élite de Cocoluane. Le premier régent, Macumbane MACUACUA, appartenait à la régence de Cocoluane ; son successeur, Chipatatane MACUACUA, était le fils du premier ; le troisième souverain, Mahuntse MACUACUA, fut issu de la même famille ; le quatrième régent, Ndindane MACUACUA, avait également des liens de parenté avec son prédécesseur ; il en est de même du cinquième, Cocoluane MACUACUA, qui est resté au pouvoir jusqu’en 1910.
À cette date, un nouveau découpage territorial suscita l’inclusion d’un certain nombre de groupes de populations de Fumane dans la circonscription de Chibuto, la chefferie de Chiganguanhane devenant le nouveau centre du pouvoir. Déjà sous la juridiction de la circonscription de Chibuto, certains chefs de groupe, notamment Macaza, Maluelane, Chilatanhane, Canhine, Mamitelane, Matenguanhane, Meno, Quielane, Magonde et Mandende, devraient trouver un leader fédérateur, pour la reconstitution de la chefferie Fumane.
Appartenant au même groupement d’origine et représentant la force sociale majoritaire, les MACUACUA n’ont toutefois pas réussi à entreprendre un accord politique. Les chefs de ces groupes de populations, appuyés par des réseaux respectifs, se sont impliqués dans de persistants conflits factionnels. Ceux-ci suscitaient une désintégration du sous-système articulant les chefs traditionnels au pouvoir étatique. Ce fut pour faire face à cet état de désordre que l’Administration portugaise a nommé Fujuca MATEBUI régent de la Chefferie Fumane. Sans aucun rapport d’appartenance au groupe des MACUACUA, la nomination de F. MATEBUI s’explique par le fait qu’il a eu des liens positifs avec les Portugais. Sa promotion au poste de régent n’était donc qu’un privilège à l’honneur de ses prestations de bon client75.
Par la suite, on a assisté au début de la dynastie des MATEBUI dans la chefferie Fumane. Le fauteuil du pouvoir fut d’abord occupé par António Fujuca MATEBUI ; en second lieu, le commandement a été assumé par João Fumane MATEBUI, le fils de son prédécesseur. La chefferie a eu un nouveau baptême, étant dès lors nommée (la chefferie) Fumane ; puis, António J. Fumane MATEBUI est monté au pouvoir. A sa mort, ce dernier régent a eu comme successeur son fils, João A. Fujuca MATEBUI, qui a été destitué par l’Administration coloniale.
Il se créa ainsi un moment d’inactivité du pouvoir qu’il fallait combler, en faveur de l’articulation entre le cadre institutionnel traditionnel et celui de l’Administration centrale. Ce fut dans cette perspective qu’a eu lieu le 27 mars 1974 l’« élection » du candidat pour le poste de régent de la chefferie. Rituel politique très concouru, outre les agents de l’Etat, y ont participé les chefs des groupe des peuplements, d’autres autorités traditionnelles du « royaume » (Indunas) ; les vieux I. Languane GOENHA, I. CUMBE, Z. CUMBE, Z. MUJUI, G. MACHAVA, E. TSAUELE, J. MAVIE, S. GUAMBE, S. GUAMBE et S. MANHIQUE ; le bas peuple, estimé à deux mille personnes76.
Manuel J. V. MACHADO (l’Administrateur) présenta l’agenda de la réunion : analyser et élire le régent de la chefferie Fumane. Puis, il demanda aux vieux pour savoir ce qui était prévu, d’après les coutumes et les usages, pour l’élection d’un représentant. Tous, l’un après l’autre, ont répondu que la succession se transmet du père au fils aîné ou, s’il n’y en a pas, au frère le plus âgé. Ce dialogue avec les dépositaires du savoir social s’étant déroulé, l’Administrateur s’adressa alors au peuple, de qui il reçut la même explication. Il était enfin venu le moment pour la présentation des candidats : l’un après l’autre, Salvador MABANO, José João Fumane MATEBUI, Joaquim Mabango MACUACUA77 et Carlos Fabião BALOI se sont mis devant l’Assemblée, dans leur qualité de candidats au poste de régent.
L’Administrateur expliqua alors le procédé pour que chacun des présents exprime son choix d’un des candidats, devant se mettre debout au moment de son vote, car il s’agit d’un vote « à main levée ». Suivant ce processus, on a réussi à saisir la tendance du « scrutin » :
À la lumière des outils de l’analyse du comportement électoral dans un contexte de démocratie représentative, ces résultats pouvaient être pris comme l’expression d’un conflit autour des enjeux politiques. Mais en tant qu’un fait social traduisant un rapport au politique dans un espace entre tradition et modernité, on se demande sur les motivations des votants. Peut-on y voir des liens logiques entre les attentes, l’offre présentée par le système politique, l’opinion et la rationalité des votants, traduites par le vote ? Comment explique-t-on la préférence ou le rejet de l’un ou de l’autre des candidats au poste de régent, par les chefs de groupe des populations ? Le réseau, entendu comme un ensemble de relations d’un type spécifique (collaboration, soutien, famille, voisinage, influence), n’est-il pas explicatif des liens positifs à l’égard de l’un ou de l’autre des opposants pour le poste en référence ? Ces interrogations posées, il semble que la compréhension de la trajectoire de ces candidats et de leurs liens avec des souverains précédents expliquerait leur réussite ou leur échec :
Le « scrutin » auquel José J. Fumane MATEBUI, Joaquim M. MACUACUA et Salvador MABANO ont participé, déboucha sur une situation qui augurait un contexte de non gouvernabilité. Le premier a été certes le candidat qui a obtenu le plus de voix (791 voix) mais il n’a pas eu le soutien des chefs des groupes de peuplements, dépositaires des traditions et leurs contrôleurs effectifs. A la suite de la contestation des résultats par Carlos Fabião BALOI, l’issue trouvée a consisté à «négocier » un compromis avec José J. F. MATEBUI78, de façon que cette compétition se déroule entre le premier et Joaquim M. MACUACUA79. Le vainqueur, Carlos Fabião BALOI, n’a jamais vu la formalisation de son investiture en raison du changement de l’orientation politique80, déclenché par le coup d’Etat en 1974 contre le gouvernement de M. CAETANO (le successeur de Salazar), au Portugal.
Le cadre d’interactivité du politique et du social qui fait l’objet de cette étude vérifie que le pouvoir est une organisation. La mise place d’un système d’action allant de pair avec la mobilisation des ressources, l’existence de sous-systèmes de pouvoir non absorbés par l’Etat explique que ce processus se fonde sur deux phénomènes, à savoir : la construction d’une coalition de forces sociales dont les répertoires dans le système d’action s’articule par rapport à des ressources à leur porté ; la prise en charge de la position de centralité dans le système et de la distribution inégalitaire de ressources, procédés nécessaires pour la différenciation des compétences. Des données environnementales particulières à chaque espace, déterminées par la diversité culturelle où l’Etat-nation n’est pas une référence mobilisatrice, rendent opportun la déconcentration politique comme un mode d’inscription du pouvoir dans la société globale.
C’est dans le cadre de ce dernier support du système d’action que la mise en place d’« élections » s’est avérée comme une ressource pour la régulation politique, dans le contexte où le système était mis en cause par la guerre anti-coloniale. Dans les divers micro-espaces où de telles « élections » ont eu lieu, les réseaux sociaux se traduisaient comme l’émanation d’un discours et d’un système de représentation construisant l’espace des notables. Concernant une société entre la tradition et la modernité, cet espace – qui n’est pas monolithique - est à la fois le mécanisme de l’expression des différences politiques et de la représentativité politique. Par conséquent, cet espace est également l’instance d’articulation et de négociation avec les agents formant l’environnement externe des communautés. Sous ce rapport, l’accès à l’espace des notables ne peut se dissocier de la formation d’une centralité politique et les individus y ayant l’accès ne peuvent que se réclamer de la compétence politique.
9 GALLIENI, cité, OLIVEIRA, Nunes de, Administração e política social em Moçambique, Lisboa, Portugália, s/d, 44p, p. 23.
0 Cf. ALMEIDA, A., “Esboço histórico das organizações tradicionais dos regulados de Angola e de Moçambique : os grandes régulos, os chefes indigenas. Situação actual », ALMEIDA, A. et al.,….op. cit., p. 540.
1 Cf. CABRAAL, A. A., cit., MAGODE, José, “Subsídios para o estudo da autoridade e poder tradicional em Moçambique. Uma abordagem histórico-antropológica”, in LUNDIN, Irae, ....op. cit., p. 40.
2 Cf. OSORIO, J.C.- RODRIGUES, J.F., “Integração dos actuais régulos na obra administrativa nas Colónias de Angola e de Moçambique », in Comissão Executiva de Centenários, Congresso do Mundo Português. Publicações, Memória e Comunicações Apresentadas ao Congresso Colonial, Vol. XV, T2, Lisboa, 1940, pp545-561, p. 556.
3 Voir l’annexe 17 : Chefferies du Sud de Mozambique ( Gaza, Lourenço Marques et Inhambane).
4 Cité, in AGUIAR, Luiz, op. cit., p. 302.
5 Cx. 109, Cf. Art. 3° do Decreto n° 43.896, (ratifié dans le Décret n°43897, d’après la Législation publié le 6 septembre 1966) cité, OLIVEIRA, A. L. H. de (Governador interino), “Despacho ref. À nota n° 987/2, de 25 de março », João Belo, 2 de Abril de 1966, in Processo B/2/1954-55, Fundo : Administration do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades gentílicas : Trabalho e acção social, 1951-1967.
6 Certaines pratiques distinguaient ce système électoral. Il ne se fondait pas sur un concours de plusieurs partis politiques soutenant le candidat A ou B, pour le poste de régent ou de chef d’un groupe de populations. Le « code » électoral, si l’on se permet d’en parler, prenait appui sur les règles de succession légitimé par la Loi coutumière. D’après celui-ci, la succession doit respecter les liens parentaux et le l’héritage se fait du père au fils aîné. Si le décédé eut deux ou trois femmes, ce droit reviendrait au fils aîné de la première femme. Dans le cas où le souverain éteint n’aurait laissé que des filles, la prérogative de l’héritage pourrait revenir à son frère ou à un neveu. Il n’avait pas de recensement pour participer à ces élections. Il suffisait d’appartenir à la communauté, d’être ‘personne âgée’ pour avoir droit à y participer. Le mode d’expression de l’opinion consistait à élever la main pour témoigner de l’approbation de l’un ou de l’autre des candidats au poste de régent, de chef de groupe de populations ou encore au poste de chef d’une population. Cf. Lucas PAINDANE, interviewé le 21 mars 2001 ; Gonçalves M. ZANDAMELA, interviewé le 21 mars 2001 ; Fafitine GUAMBE, interviewé le 22 mars 2001 ; Seneti Maboti, interviewée le 22 mars 2001 ; Eusébio Macuacua, interviewé le 34 mars 2001 ; Vitorino Matsinhe, interviewé le 24 mars 2001.
7 La chefferie tenait alors 6.483 habitants, dont 1.585 hommes, 2.072 femmes et 2.826 mineurs. Voir AZEVEZDO, Sebastião A.R.S., « Note n°987/B/2 », João Belo, 25 de Março de 1966, Processo B/2/1954-55, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades gentílicas : Trabalho e acção social, 1951-1967.
8 Voir à ce propos Cx. 109, PINHEIRO, Leite F.T., (Int do District), « Ofício endereçado ao Sr. Governador Geral : Sucessão da regedoria de Chipene », Circunscripção dos Muchopes , 25 de Novembro de 1953, Processo B/2/1954 –1955, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades gentílicas : Trabalho e acção social, 1951-1967
9 L’enquête basée à la fois sur des sources orales et écrites a permis de vérifier des hypothèses formulées. Tout en se référant à la dernière décennie de la domination portugaise, nos interviewés ont confirmé combient les gens étaient/sont attachés à la croyance mettant en avant les liens familiaux, comme principe légitimant les rapports de solidarité. En effet, la famille est, dans les communautés (rurales) de la circonscription des muchopes, prise comme l’une des institutions à la base de l’assujettissement de l’individu au chef du groupe et des rapports de solidarité entre ses membres. Le groupe religieux à pour référence la famille, qui inclut, dans un sens plus élargi, les morts et les vivants. La cohésion du groupe étant redevable à des liens familiaux, elle devient en même temps un mécanisme de pression et de contrôle social. Il s’agit des pratiques qui ne sont que des effets de réseau. On est parvenu à cette conclusion à l’aide de l’interview non orienté, qui a eu lieu le 28 juillet 2001 à Chipene (Chefferie de la circonscription des Muchopes) : Aurélio J. MONJANE, Arnaldo BUCUANE MONJANE, Estévao Sitique MONJANE, Isaias MACHAVA, Diamantino J. MOUZINHO, Francisco CHAMO (Hommes) ; Choiasse SITOE, Teasse MANJATE, Fatima MULUNGO, Duzenta MAZIVE, Albertina J. CHIVEVE (Femmes) ; puis, le 30 juillet 2001, à Manhique (chefferie de la circonscription des Michopes): Queifar MANHIQUE, Alberto MANHIQUE, Mário MANHIQUE, António GUAMBE, Sessenta Languisso GUAMBE, Simeão GUAMBE, Armando MANHIQUE, Francisco MANHIQUE, Pedro MANHIQUE, Feliz MANHIQUE, Simeão MANHIQUE, José ZAVALA, Bequiça ZAVALA, Eugénio ZAVALA, Filimão ZAVALA, Ricardo ZAVALA.
0 Voir à ce propos Cx. 109, PINHEIRO, Leite F.T., (Int do District), Doc. cité. Le bien fondé de cette observation s’est de même étayée sur des sources orales, cf. interviewés figurant sur la note 69.
1 Voir cx. 109, Cf. PIRES, M., cit., voir OLIVEIRA, A. L. H. de (Int. Do District), Doc. Cit..
2 Idem.
3 On en présente les désignations et les chefs respectifs : groupe de Cahnine (chef José Canhine MACUACUA) ; Chitalanhane (chef Asser Gueche MACUACUA) ; Macaze (chef Chaluane MACUACUA) ; Maluelane (chef Joaquim Mabango MACUACUA) ; Namitelane (chef Ernesto Ucosse MACUACUA) ; Mandender (chef António Macave) ; Mangonde (chef Bandanhane MACUACUA) ; Matenguane (chef Nhamaiabo MACUACUA) ; Meno (chef Mapembane MACUACUA) ; Quielane (chef Augusto MACUACUA), Cf. Cx. 18, « Processos de regedores e de chefes de povoações », Processo A/8, 1972-1973, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1969-1974 (AHM).
4 Voir à ce propos, Cx. 19, RAFAEL, Saul (Chefe dos Serviços Distritais de Administração Civil), « Parecer sobre a escolha do sucessor do regedor Fumane do posto administrativo de Fumane », Processo n°3/974, João Belo, 18 de Abril de 1974, Secretaria da Administração do Conselho do Muchopes, em Manjacaze. Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974
5 D’après les sources portugaises, Fujuca MATEBUI a intégré les forces militaires portugaises dans les combats contre Gungunhane, l’empereur de l’Etat de Gaza, qui s’opposait contre l’établissement de la domination coloniale (1894-1895), au Centre et au Sud du Mozambique. Sous le commandement de Sanches Miranda, il participa à l’expédition de Languene. Après l’emprisonnement et la déportation de Gungunhane pour l’archipel d’Açores (Portugal), avec le grade de cap-milicien, il continua à prêter ses « bons offices », tout en participant à la répression de révoltes des populations contre l’ordre colonial. C’est à ce titre que F. MATEBUI a été confié en 1910 le poste de régent de la chefferie de Fumane et il y resta attaché jusqu’à sa mort en 1932. Voir Cx. 19, « Cópia da memória descriptiva da trajectória do Régulo de João FUMANE » Secretaria da Administração do Conselho dos Muchopes, en Manjacaze, 26 de Março de 1973, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974, (AHM).
6 Voir Cx. 19, “Segunda acta da reunião pública para a escolha do sucessor do regedor Fumane, do Posto Administrativo de Fumane », Secretaria da Administração do Conselho dos Muchopes, em Manjacaze. Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974.
7Il y avait un autre candidat, Carlos Fabião BALOI, qui n’est pas comparu à cette « élection ».
8 Marié, âgé de 30 ans, le fils de Fabião BALOI et de Titasse COME, né à Fumane . Il résidait à Madragoa, où travaillait comme interprète administratif. Il appartient, à l’instar de José João Fumane, au groupe des MATEBUI. Son père était le fils de Fujuca MATEBUI, le premier régent. Celui-ci a eu deux fils, notamment João FUMANE, le 5 ème régent, et Fabião MUTEBUI, qui s’est chargé de la chefferie comme régent intérim. Voir Cx. 19, « Conclusão da reunião publica para a escolha do sucesseur do regedor Fumane do posto administrativo de Fumane”, Processo n°3/974, 2 de Abril de 1974, Secretaria da Administração do Concelho dos Muchopes, Manjacaze, Fundo : Administração do Conselho dons Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974 (AHM).
9 Voir Cx. 19, “Despacho sobre parecer relativo à escolha do sucessor do regedor Fumane do posto administrativo de Fumane”, Processo n°3/974, João Belo, 19 de Abril de 1974, Secretaria da Administração do Concelho dos Muchopes, Manjacaze, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974.
0 « Portaria n°636/74, de 6 de Julho, que revoga os artigos 85° e seguintes do Regulamento dos Auxiliares de Administração Civil, aprovado pela Portaria n°22 935, de 7 de Março de 1970, prescrevant que « Les autorités des chefferies tiennent un rôle important dans l’organisation administrative’ et que ‘leur investiture devra respecter, à la rigueur, usages et coutumes traditionnelles », Voir à ce propos SANTOS, Helder de L. (Chefe dos Serviços Distritais), « Escolha e investidura das Autoridades do Conselho dos Muchopes, Processo 278/A/8, João Belo, 29 de Julho de 1974, Fundo : Administração do Conselho dos Muchopes. Secção : Autoridades tradicionais, 1973-1974 (AHM).
1 Cf. des photos figurant sur le livre de MACHATINE, Felisberto J., A família Machatine FULANE, op. cit.