La démocratie rend propice l’élargissement de la participation politique – non pas au gouvernement (démocratie directe) mais à la désignation des gouvernants (représentation). Dans le cas mozambicain, les reformes institutionnelles entreprises à partir de 1990 ont consacré un cadre de participation politique, c’est-à-dire de l’exercice du suffrage universel, basé sur la garantie des principaux droits civiques de base (association, expression, circulation, etc.).
Nous souhaiterions néanmoins remarquer une réalité qui mérité d’être éclairée. La démocratie multipartite au Mozambique est venue s’inscrire dans un espace déjà structuré. Mis à part les variables de « guerre » et « d’une quinzaine d’années (1975-1990) de régime à parti-unique », les acteurs de la démocratie mozambicaine restent en « rapport à un temps historique » où l’opinion politique est conditionnée par des attaches à une multiplicité d’allégeances.
Dans ce chapitre, on traite de montrer commun les chaînes relationnelles – communautaires, religieuses, ethniques - participent à la construction de la représentation sociale de la démocratie, dans l’espace entre la tradition et la modernité. Bien qu’attachés à un discours universaliste, celle de l’Etat ou d’une société globale, les acteurs de la pratique démocratique ne réussissent pas à se défaire de l’exigence de mettre en rapports aux particularismes. Cette pratique se présente comme une nécessité à deux égards : d’abord, comme une technique d’inscription du nouvel ordre dans le social et, ensuite, comme un processus légitimant l’assemblage des espaces sociaux intrinsèques à des Etats sans nation. Il en résulte la mise en chaîne, dans un cadre de rapports formels et/ou informels, des acteurs différenciés par leurs compétences et leurs ressources d’action. Les plus puissants deviennent les entrepreneurs, les responsables du référentiel de l’action ; d’autres, plus ancrés dans les espaces sociaux, les notables, se présentent comme des faiseurs de l’opinion politique.