-1.2- L’adoption en Grèce : la maternité biologique et la paternité adoptive.

Dans la Grèce antique, la naissance biologique d’un enfant ne lui donne même pas le statut d’être vivant, cette naissance doit impérativement être suivie d’une ‘’fabrication’’ (poiein) sociale qui est l’œuvre du père seul. Sans cette inscription sociale dans la lignée paternelle, la mère ne peut devenir mère ; en dehors de cette adoption par le père, l'évidence biologique de la filiation maternelle semble fondre comme si pour être mère, une femme avait besoin d'un père pour son enfant et d'un père comme intermédiaire entre elle et la société, entre elle et son enfant. G. SISSA écrit 20 : « Il faut dire en effet que tout en étant garanti par Physis, l'amour maternel se soutient de l'institution matrimoniale, c'est là son habitat.  Malgré son apparence de passion spontanée et originelle, il ne surgit qu’au sein d’un réseau de relations et de finalités d’ordre symbolique. Un enfant est pour le père, pour la lignée, pour la patrie. Sans père, sans lignée, sans patrie, les femmes n’en veulent pas ».

Notes
20.

G. SISSA.  L’enfant abandonné devenu roi: un mythe fondateur. In Abandon et Adoption . Paris, Autrement n° 96. pp. 55-61.