L'adoption à Rome a également une dimension politique, donnant la possibilité aux plébéiens de devenir patriciens, et même inversement permettant aux patriciens d'occuper les fonctions prestigieuses de tribuns de la plèbe, c'est-à-dire de juges ; elle permettra aussi d'assurer la descendance légitime et là les exemples abondent. Brutus le meurtrier de César adopté par son oncle maternel devient le dernier d'une longue lignée de consuls. L’adoption offre la possibilité de créer un lien juridique entre un père et sa descendance illégitime. A Rome, trois possibilités existent : l'adoption testamentaire, l'adrogation, et l'adoption. On ne sait peu de chosesde l’adoption testamentaire si ce n'est qu'elle était demandée par testament ; l'exemple le plus fameux est celui de César qui conféra à son neveu Octave le prestige de son nom par testament, et la qualité de fils de César. L’adrogation est un acte de droit public qui met sous puissance de l'adrogeant un paterfamilias et toutes les personnes qui dépendent de lui. C'est l'adoption d'une famille entière et donc l'extension d'un culte domestique, d'un foyer; l'adrogation était contrôlée par les pontifes c'est-à-dire par les responsables religieux. Peu à peu cette autorisation passa du religieux au politique, un rescrit 22 de l'empereur était suffisant à la fin de l'empire. « Enfin au 6ème siècle, Justinien fixe à 60 ans l'âge minimum pour adroger et impose 18 ans d'écart entre l'adrogeant et l'adrogé. L'adrogation est alors conçue comme moyen de donner des enfants à ceux qui n'en ont pas et non plus seulement comme une institution destinée à augmenter la puissance d'une famille » 23 .
Un rescrit était une réponse écrite de l’empereur aux questions adressées par les gouverneurs de Provinces.
H. FULCHIRON et P. MURAT. Splendeurs et misères de l’adoption. Paris, Autrement n° 96; pp. 92-97.