Conclusion de la deuxième partie.

Les trois dimensions repérées dans toute filiation semblent se conjuguer de façon singulière dans la filiation adoptive. Nous avons ainsi tenté de comprendre la dialectique qui s’opère entre narcissisme et relation objectale et l’avons repositionnée elle-même dans/sur une autre dialectique, celle des dimensions narcissique et instituée. Nous avons compris que, chez les adoptants, toute blessure de la filiation dans sa dimension instituée et narcissique secondaire pouvait majorer la dimension narcissique primaire. Cette majoration peut donc avoir des effets sur l’ « estime de soi » qu’ont les adoptants; elle peut les amener à des postures revendicatives (sous forme de dû) et/ou de dépendance. Ces blessures subies peuvent aussi les amener à l’illusion de la ‘’reproduction du même’’, cherchant alors l’enfant qui ressemblera le plus possible à l’image figurative de leur représentation, elle-même trop collée à son référent. Cette nécessaire reproduction du même apparaît comme moins impérative pour les couples inféconds, pour ceux qui ont déjà des enfants et pour ceux dont le projet d’adoption est fondé sur des motivations indépendantes de leur fécondité.

Nous avons interrogé cette question de la ressemblance et l’avons comprise comme élément de la construction des catégories fondamentales du même et du différent.

L’analyse de la dialectique des dimensions narcissique et instituée de la filiation nous a conduit d’une part à comprendre la relation entre la majoration de l’une et la minoration de l’autre, et d’autre part à constater le lien entre cette dialectique et ce que nous avons nommé la socialité des représentations. Nous retenons cela dans le cadre de notre problématique qui recherche, rappelons-le, les conditions dans lesquelles les futurs parents peuvent construire un équilibre entre les deux finalités de l’adoption, et qui recherche également dans quelle mesure cet équilibre peut être trouvé.

Ayant approché le contexte de l’adoption dans la première partie, la filiation adoptive dans la deuxième partie, nous allons nous tourner maintenant du côté de l’agrément, condition pour pouvoir adopter un enfant.