Si l’agrément nécessaire pour adopter est d’abord référé à l’intérêt de l’enfant, nous avons vu qu’il pouvait être également ré-interprété par les futurs adoptants. Il se passe donc autre chose dans l’agrément qu’une simple évaluation ; il se passe, nous semble-t-il, pour les postulants quelque chose de l’ordre du changement, de la transformation. Nous faisons l’hypothèse selon laquelle, les personnes qui demandent un agrément ne sortent pas de la procédure comme elles y sont entrées. Le fait de prendre la décision d’y entrer, le fait de traverser ce temps de procédure, le fait de le quitter avec l’agrément obtenu, ne sont pas seulement une succession d’étapes codifiées qu’il s’agirait de respecter ; ces trois temps nous semblent symboliquement marquer les trois rites de passage construits par A. VAN GENNEP : « Je propose en conséquence de nommer rites préliminaires les rites de séparation du monde antérieur, rites liminaires les rites exécutés pendant le stade de marge et rites post-liminaires les rites d’agrégation au monde nouveau » 319 . Nous devons à Madame DUCRET 320 ce lien entre agrément et rite : « moi, voilà, dit-elle, c’était concret, j’avais passé le rite initiatique ». Reprenant les étapes de la procédure d’agrément, nous pouvons facilement repérer ces trois phases : la demande d’agrément comme rite de séparation, le temps de marge correspondant au temps de procédure d’agrément et le passage du seuil correspondant à l’obtention d’agrément. Ainsi, dans un premier temps, nous mettrons en lien les trois étapes des rites de passage avec l’agrément. Puis, nous nous attarderons plus longuement sur la dimension symbolique de l’obtention d’agrément et sur sa fonction de ‘’passage de seuil’’.
A. VAN GENNEP. Les rites de passage. Paris, Picard, 1981, p. 27.
E 3, p. 85.