Nous avons précédemment rappelé le cadre juridique dans lequel les OAA travaillent, rappelé également la diversité de leurs activités et de leurs pratiques ; nous avons vu que certains de ces OAA ont mis en place un système de sélection des postulants qui peut être vécu comme un nouvel agrément. Nous souhaitons maintenant mettre l’accent sur une autre dimension de la place de ces intermédiaires, place que nous pouvons qualifier de « pair professionnel ». Pourquoi ?
Les OAA 407 , au regard de leur fondation, peuvent être distingués en deux catégories. Avant 1980, 8/11 OAA ont été créés par des personnes qui n’étaient pas elles-mêmes parents adoptants (soit 75%) ; les motivations sont à comprendre comme souci de protection de l’Enfance et investissement à dimension humanitaire. Après 1980, la tendance s’inverse : en 20 ans, 16/20 OAA furent habilités et agréés à l’initiative de personnes ayant adopté. Généralement, ces personnes sont elles-mêmes adhérentes (ou l’ont été) à EFA, d’autres ont été responsables d’associations de parents adoptants spécifiques au pays d’origine de leur enfant. Nous pouvons comprendre les motivations comme mouvement de réciprocité qui permettra à d’autres de devenir parents comme ils le sont devenus ; nous serions dans le contre-don assurant de payer sa dette par un autre don de vie qui n’est pas sans rappeler l’axe vertical de P. FUSTIER.
Aujourd’hui, ces OAA sont dirigés soit par des adoptants seuls pour 17 d’entre eux, soit par des adoptants et non-adoptants pour 13 ; un seul OAA est actuellement dirigé par des non-adoptants. Cette distinction opérée peut, à notre point de vue, être mise en lien avec les politiques des organismes quant à l’adoptabilité de l’enfant dans son pays d’origine (engager les démarches judiciaires pour que l’enfant soit juridiquement adoptable) et quant à la décision d’apparentement (confier tel enfant à telle famille). Ainsi, les OAA dirigés par des adoptants et non-adoptants semblent plus interventionnistes dans ces deux procédures : 11/13 disent intervenir dans le pays. Inversement, 7/17 OAA avec parents adoptants seuls disent participer aux décisions avec les autorités du pays d’origine.
Enfin, nous souhaitons mettre l’accent sur un dernier point : celui relatif aux relations privilégiées que construisent certains OAA avec les couples qu’ils ont retenus. Deux termes sont alors utilisés : le parrainage et l’accompagnement, le premier se présentant comme un mode particulier du second. L’accompagnement que 24 OAA disent mettre en œuvre peut être repris avec trois facettes : la présentation de l’organisme (finalités, objectifs, fonctionnement, financement…), la préparation des futurs parents et de l’enfant à la rencontre et la préparation des futurs parents dans les aspects plus pratiques. Cet accompagnement fait l’objet de dispositifs organisés, clairement repérables, soit sous formes d’entretiens individuels/collectifs, soit dans le cadre d’une relation privilégiée avec un membre de l’OAA, (famille-relais, correspondant local). Ce mode est alors nommé « parrainage » par 14 OAA qui l’organisent. Nous retiendrons comme exemple paradigmatique l’une des réponses reçues : « commencent alors les longs mois d’attente… un membre de la commission d’adoption parraine chaque famille… ils restent ainsi en contact par des courriers, des coups de fil, des rencontres ».
Nous voyons donc que le fonctionnement des OAA conjugue, pour la majorité d’entre eux, deux niveaux toujours en interaction : un niveau d’intermédiaire par lequel l’apparentement se construira, un niveau qualifié d’accompagnement assuré par les pairs. Ces OAA nous semblent actualiser dans un même mode d’intervention et la fonction symbolique de pair/père et la fonction, que nous qualifierons pour l’instant d’ opérationnelle, de mener à son terme l’effectivité de l’accueil. Ces OAA apparaissent alors dans un espace d’articulation entre ‘’parité’’ et ‘’efficacité’’. Nous avons développé précédemment cette notion de parité qui légitime les anciens adoptants, non par leurs qualités intrinsèques ou ontologiques mais par la place générationnelle qu’ils occupent pour les futurs adoptants. Nous allons nous pencher sur deux autres dimensions de l’accompagnement. Quel est le faire de l’accompagnant ? Que représente-t-il pour les adoptants ?
Annexe n° 15. p. 426 : « OAA : lecture des résultats du questionnaire national»