Conclusion de la cinquième partie.

Nous avons dans cette cinquième partie cherché à comprendre quel sens pouvait avoir l’accompagnement des adoptants par les professionnels départementaux. Cet accompagnement nous semble indissociable de la finalité et de sa réalisation ; il nous semble également indissociable des moyens que les adoptants auront à mettre en œuvre pour y parvenir. C’est ce rapport fin-moyen que nous avons développé ; cherchant à ne pas enfermer les futurs parents dans des normes qui leur dicteraient ce qu’ils doivent faire, nous avons cependant mis en lumière les dangers et écueils d’un subjectivisme axiologique qui autoriserait et légitimerait toutes les pratiques ; c’est ce paradoxe que nous avons nommé comme recherche d’une éthique déontologique, recherche pouvant s’effectuer par une éthique de la discussion intégrant le juste et le bon. Il reviendrait alors aux professionnels d’offrir aux futurs adoptants les conditions d’une telle élaboration. Cette responsabilité des professionnels nous a conduit à rechercher quel sens aurait leur intervention. Quel est le sens du travail social ? Différenciant le sens de la signification, nous avons décliné les significations du sens comme centrées autour de la raison, de la sensibilisation et l’action ; à partir de ces trois facettes faisant pour nous écho à l’homme pensant, souffrant et agissant de P. RICOEUR, nous avons recherché les significations attachées plus spécifiquement au sens de l’accompagnement. Ce sens de l’accompagnement peut se dire en construction commune de significations, en réversibilité potentielle, en direction et en transformation. Nous nous sommes alors demandé comment le sens du travail social pouvait faire sens chez les adoptants , à quelles conditions le sens de l’accompagnement peut être accompagnement du sens ? Posant ce postulant du sens comme recherche d’Unité, nous avons compris que les adoptants pouvaient construire eux-mêmes le sens de leur projet en ayant, comme tout un chacun, la possibilité d’unifier leur être pensant, souffrant et agissant, sous le primat nous dit P. RICOEUR, de « l’unité analogique de l’agir » 666 . Ainsi, nous proposons d’instituer des dispositifs d’accompagnement, dans un temps spécifique situé entre l’obtention d’agrément et l’arrivée de l’enfant. Mais ces temps et dispositifs ne disent pas en soi la relation d’accompagnement définie topologiquement comme « à côté de ». Nous pensons au contraire que deux processus s’y conjugueront, l’un attaché à l’accompagnant, l’autre à l’accompagné. L’accompagnant continuera de ‘’naviguer’’ entre les autres postures : celle de la direction pour le déontologique, celle du suivi pour l’évaluation des disponibilités, celle du soutien si nécessaire, celle du stratège dans la mise en réseaux. Le deuxième processus est lié à l’accompagné dans la possibilité toujours offerte d’interpréter ces différentes postures du professionnel afin que, pour lui, elles fassent unité et sens. Nous avons finalement défini la nature de cet accompagnement comme moment de la rencontre avec les adoptants, dans les intervalles et les interprétations des différentes postures topologiques du travailleur social, postures topologiques venant métaphoriquement donner, dans la relation, une place à chacun. Plutôt qu’une place définie et stabilisée comme étant « à côté de », l’accompagnement serait ce moment où professionnels et adoptants auraient le sentiment d’avoir cheminé ensemble, d’avoir partagé le même pain, avant que l’un ou l’autre ne change alors de (dis) position et par là même ne change de posture.

Notes
666.

P. RICOEUR . Op. Cité. p. 32.