Entretien n° 5. Monsieur et Madame FOURNIER : »(celui qui accompagne), c’est celui qui fait de A à Z ».

AS : pourquoi avez-vous demandé un agrément adoption que vous avez eu en 2000 ?
Mme : pour adopter un enfant ou deux, parce qu’on ne pouvait pas en avoir au départ.
AS : cet empêchement venait de quoi ?
Mme : de moi, j’ai eu trois fausses couches et apparemment ça paraissait compromis pour avoir un enfant. Et maintenant, je suis enceinte, enfin c’est autre chose, mais bon, à ce moment-là, ce n’était pas du tout prévu.
AS : donc vous avez pris vie commune depuis...
Mme : onze ans
AS : vous avez été enceinte trois fois ?
Mme : trois fois en quatre ans et c’est ça qui nous a amenés vers l’adoption, petit à petit. On y avait déjà pensé avant, mais bon, ça a accéléré les choses, on pourrait dire.
AS : depuis combien de temps vous y pensiez ?
Mme : depuis quelques années déjà.
M : oui, depuis quelques années, ce n'est pas parce qu’elle ne pouvait pas avoir un enfant qu’on s’est dirigé vers...
Mme : on y avait déjà bien pensé avant.
AS : et comment vous en étiez venus à penser à l’adoption ?
M : parce qu’on connaît des gens qui ont adopté, déjà.
Mme : et puis on avait vu des reportages à la télé et puis on se rend compte que c’est une bonne chose, pour tout le monde, pour eux, pour nous.
AS : comment avez-vous vécu le fait de ne pas avoir un enfant de vous ?
M : de toute manière que faire ?
Mme : ça a été difficile, sur le moment.
M : la première fausse-couche, ça a été dur, mais quand on a su le pourquoi, tout en sachant que personne ne disait qu’on ne pourrait pas avoir d’enfant. La première, ça a été dur, et puis après, ma foi, comme on dit, c’est la vie. On a beau dire et faire ce qu’on veut, mais quand c’est fait, c’est fait. Autant vivre le mieux possible ; ça n’arrangera pas le problème.
AS : et quand vous avez commencé à parler de l’adoption, vous aviez une idée de l’enfant que vous souhaitiez accueillir ?
M et Mme : pas du tout.
AS : et les choses sont venues après ou... ?
Mme : après, quand on a vu une œuvre d’adoption qui s’appelle «Enfance et ? ? ? d’adoption ». Ils nous ont conviés à des réunions, tout un tas de trucs, et là on a connu plein de gens ; c’est là qu’on a commencé à parler de tel enfant qu’ils avaient été chercher dans tel pays, des problèmes... ça, c’était pas mal aussi . C’est là qu’on a commencé à faire le tri, un petit peu.
AS : et qu’est-ce que ça vous a amené ? ce sont des réunions qui se passaient avec des gens qui avaient adopté ?
Mme : certains, pas tous. Ils faisaient parler ceux qui avaient adopté, et puis nous, on leur posait des questions, sur les démarches, selon les pays.
AS : vous parliez tout à l’heure d’adoptants que vous aviez rencontrés ?
M : des voisins, en face.
AS : qui avaient adopté quand ?
Mme : ça fait déjà quelques années.
AS : et ils avaient adopté ... ?
M : un garçon, il était grand déjà ; ils étaient déjà plus âgés, donc…
AS : donc eux, ce sont les premiers adoptants que vous avez vus ?
Mme : oui, mais on ne parlait pas de ça avec eux, mais on savait ; et puis après, c’est quand on a voulu adopter que je suis allée les voir, donc on a discuté, on a parlé de plein de trucs ; et même le petit ne veut pas qu’on sache que c’est un enfant adopté.
AS : donc au début, vous n’aviez pas d’idée arrêtée sur... et après les choses se sont précisées par rapport à l’enfant que vous attendiez, au moment où vous avez fait la demande d’agrément ?
Mme : quand même plus tard, quand on faisait les dossiers, quand on avançait ; en fait plus on avançait, plus on réfléchissait.
AS : donc pour vous, ça a servi à ça l’agrément ?
Mme : aussi, oui, sur ce qu’on voulait...
M : moi non, pas du tout. Moi, je souhaite adopter un enfant, ce qui est dramatique en France, c’est la dureté d’en obtenir un…
Mme : quand on voit qu’une mère envoie une simple lettre par an, que l’enfant n’est pas adoptable à cause de ça, c’est un peu fou ; et après ils grandissent et ils ne sont plus adoptables.
M : c’est pour ça qu’un enfant français, c’est pratiquement impossible, un enfant étranger, c’est plus simple, enfin, c’est pas plus simple, c’est moins long.
AS : donc, quand vous avez fait votre demande d’agrément, vous ne vous étiez finalement pas posé trop de questions sur l’enfant que vous souhaitiez accueillir ?
M et Mme : non.
AS : donc les choses se sont précisées avec l’agrément, et vous avez eu un agrément pour un ou deux enfants qui auraient moins de six ans.
Mme : c’est ça.
AS : et comment vous en êtes venus à vous dire que vous pouviez devenir parents d’un enfant qui aurait moins de six ans.
M : il n’y a pas de raison.
Mme : et puis en plus ça correspond à notre demande. Plus vieux, ça n’ aurait pas correspondu à ce qu’on attendait. Plus jeune, on aurait pu, mais c’est pas..., c’est sûr, le plus en bas âge possible, ça aurait été l’idéal ; c’est le souhait de tout le monde, mais...
AS : et comment vous passez d’un souhait d’accueillir un bébé à la possibilité d’accueillir un gosse de cinq ou six ans ?
Mme : cinq ou six ans, c’est encore en bas âge ; un ou deux ans c’était parfait. Mais en dessus de six ans, on serait trop jeune pour être ses parents quand même...
M : c’est vrai, s’il a six ans, quand il aura quinze ans, j’en aurais combien moi ? trente cinq ; ça fait jeune...
AS : oui, mais vous avez eu un agrément pour adopter un enfant qui pourrait avoir jusqu'à six ans.
Mme : c’est vrai, mais on est libre encore de choisir, s’ils nous appellent, libres de choisir... ; oui , c’est vrai, mais ça ne nous empêchait pas de marquer sur les dossiers qu’on avait une préférence...
M : avec un peu de chance, ça peut être un enfant qui aurait deux…
Mme : et puis quelque part, si on n’a pas ce qu’on veut, tout le monde risque d’être un peu déçu… alors ils respectent quand même...
M : l’âge des demandeurs. C’est comme nos voisins, maintenant il a quinze ans, ça va bien avec eux.
AS : et qu’est-ce qui vous a amenés à dire que vous étiez disponibles à accueillir un enfant qui aurait six ans ?
Mme : moi, déjà, j’étais assistante maternelle, j’en ai gardé pas mal et puis c’est encore petit, c’est plus facile peut-être.
AS : pour vous l’agrément ça a été quoi ?
M : la possibilité d’en acquérir un ou deux.
Mme : et de réfléchir.
AS : et vous l’avez vécu comment cet agrément ?
Mme : bien, à chaque fois, ça permet de se poser des questions.
M : et de se remettre en cause aussi ; des fois on a des fausses idées ; on rentre dans un domaine qu’on ne connaissait pas ; c’est vrai qu’on a nos idées et qu’elles peuvent changer en cours de route. Il y en a une qui a changé en cours de route…
AS : laquelle ?
AS : c’est que j’étais contre, enfin contre, dans l’intérêt de l’enfant, d’adopter un enfant de type africain ; j’étais convaincu qu’il serait extrêmement mal à l’aise.
AS : l’enfant ?
M : l’enfant. Et maintenant, non, non, c’est faux, dans l’instant où il est bien, où il se sent bien, il n’y a pas de raison qu’il se sente mal. Mais moi au début, je m’étais buté là-dessus et c’est vrai. Il allait se faire montrer du doigt à tout bout de champ, tout le monde saura qu’on n’est pas ses vrais parents ; ça risque de compliquer dans la tête de l’enfant...
AS : c’est un changement chez vous qui s’est passé pendant l’agrément ?
M : pendant l’agrément. Il s’est avéré qu’on a vu plusieurs reportages avec des enfants de couleur et les parents... et ça se passait très bien, ça se passait très bien.
Mme : et puis on en a rencontré.
M : mais c’est vrai que quand on regarde nos voisins, lui il ne veut déjà pas qu’on sache qu’il est adopté ; alors ça aurait été comment maintenant ? c’est pour ça que...
AS : vous en retirez quelque chose de l’agrément ?
Mme : des renseignements.
AS : quoi d’autre ?
M : le système surtout ; comment ça peut se dérouler...
Mme : surtout à l’étranger, parce que c’est un système.
AS : vous avez l’impression que l’agrément a été uniquement une évaluation de votre capacité à devenir parents adoptants ou s’il y avait autre chose ?
M : l’évaluation. Moi, je savais d’emblée que je suis tout à fait capable d’adopter ; l’adoption justement, ça m’a servi pour savoir comment j’allais faire ; c’est pas pour m’évaluer.
Mme : non, quand on se sent capable de faire quelque chose, c’est qu’on est capable de le faire ; et donc à partir de là, qu’il y ait une évaluation ou qu’il n’y en ait pas, on est capable et puis c’est tout.
AS : et alors, l’agrément sert à quoi ?
Mme : pour le bien de l’enfant, qu’il soit bien, parce qu’il doit y en avoir quand même qui...
M : je dirais qu’on puisse en acquérir un ; sans l’agrément on pourrait jamais adopter, il faut un agrément pour adopter. Pour moi, ça me sert uniquement à ça.
Mme : oui, c’est ça pour éliminer certaines personnes qui se sentent capables mais qui ne le sont pas du tout.
AS : donc pour vous, ça a été une autorisation dont vous aviez besoin ?
Mme : oui, mais l’agrément c’est même pas une garantie pour l’enfant. Quand on est allé à une réunion à Bourg, un gars qui avait eu un agrément, il est arrivé, il était complètement bourré et apparemment c’était tous les jours et bien il est bien passé en travers. Et ils ont l’agrément, comme quoi l’évaluation c’est bien, mais il faudrait encore suivre après.
AS : avec qui vous avez parlé de votre projet d’adoption ?
M : tout le monde le connaît, ils sont au courant.
Mme : non, pas au début.
M : pas au début, mais…
Mme : on l’a dit surtout quand on a eu l’agrément
M : aux parents d’abord, c’est normal, frères et sœurs, les plus proches quoi.
AS : et si vous aviez à me dire le nombre de personnes à qui vous en parlez, ce serait de l’ordre de combien ?
M : une bonne vingtaine. Tout le monde réuni.
AS : est-ce que votre attente par rapport à l’enfant a été modifiée entre le début où vous avez pensé à l’adoption et aujourd’hui ?
Mme : l’attente, c’est de plus en plus long.
M : oui, moi, je l’aurais souhaité tout de suite, et puis je vois que plus on rentre dans le système, je dirais pas que ça décourage, mais...
Mme : on peut se décourager
M : c’est sûr que quelqu’un qui arrive à avoir un enfant, il est motivé. ; je ne crois pas que le système encourage.
Mme : c’est un parcours du combattant et il faut s’accrocher.
M : en plus il faut se démener tout seul, oh là là ! ! !
AS : je parlais de votre attente par rapport à l’enfant, est-ce qu’il y a des choses qui ont été modifiées ?
Mme : oui, on est plus large d’esprit, plus ouvert qu’au départ.
AS : donc par rapport à l’âge de l’enfant, ça n’a pas été modifié.
M : non
AS : par rapport à son origine ?
M : oui, un petit peu, oui.
AS : et qu’est-ce qui vous a fait changer ?
M : parce que je me suis aperçu que c’est complètement ridicule la couleur, ça n’a rien à voir ; c’est comme il est dans la tête qui compte, s’il est bien et que je sois bien, il n’y a pas de raison qu’il soit mal. A moins qu’on tombe sur un enfant très caractériel ; ça c’est un autre problème.
Mme : on est allé à des réunions où il y avait des films où il y avait ce problème-là.
AS : vous vous rappelez de la rencontre avec Enfance et Famille d’Adoption ?
Mme : oui, on a écouté.
M : on était ignorant, alors on a écouté. Il y avait des gens qui avaient l’agrément, d’autres qui étaient en attente de l’avoir ; d’autres qui avaient adopté.
Mme : tous les cas de figure.
AS : et ça vous a amené quoi ?
Mme : c’est toujours pareil, on attend plein de trucs.
M : moi, ça m’a fait comprendre le parcours qui allait nous attendre.
Mme : c’était l’adoption à l’étranger parce que adopter un enfant en France là-bas, ça ne se pose pas.
AS : donc ça vous a montré déjà ? ? ?
Mme : à choisir entre la France et l’étranger, et puis quel pays par rapport à d’autres... comme l’histoire du pays où il y a plein de fraudes.
AS : donc dans cette réunion, il était surtout question de comment on peut faire pour adopter un enfant, une fois qu’on a l’agrément.
Mme : oui, parce que l’agrément, on n’en parle pas.
M : et oui, c’est bien ces réunions parce que la mère adoptive qui a adopté, elle raconte le bonheur du quotidien.
AS : et ça vous a amené quoi d’autre ?
M : d’en acquérir le plus vite possible.
Mme : on a envie d’accélérer les choses.
AS : donc, c’est plutôt encourageant ou décourageant ?
Mme : décourageant parce qu’on voit ce qui reste à faire. ; on se dit qu’on n'est pas vraiment arrivé.
AS : et tous ces éléments qui vous ont été donnés à cette réunion, vous les aviez déjà eus avant ?
Mme : non
M : on était plus ou moins au courant
Mme : par la télé, mais c’était avant qu’on fasse la demande d’agrément.
AS : être parents ou parents adoptants pour vous, quelle différence ?
M : aucune
AS : et vous pensez qu’on peut se préparer à être parents adoptants ?
Mme : je pense oui, si c’est un enfant qui arrive plus âgé, mais si c’est un bébé, non, c’est pareil. Mais on s’y prépare petit à petit.
AS : et comment on peut s’y préparer ?
Mme : avec l’évaluation, les réunions, les trucs comme ça ; en parlant avec d’autres gens qui ont adopté.
M : moi, non, je règle problème par problème, je vis au jour le jour ; j’anticipe pas les problèmes.
AS : bon, avec votre agrément, vous avez eu quelle réaction quand vous l’avez reçu ?
Mme : on était content, en plus c’était pour deux, en bas âge.
AS : et cet agrément signifiait quoi ?
Mme : et bien le passeport pour aller adopter, qu’il faut pour tout. Il le faut.
M : ça nous ouvre les portes.
AS : et vous, vous avez quel sentiment ?
M : satisfait.
Mme : ça confirmait ce qu’on pensait ; ça ne nous a pas surpris. On attendait positivement.
AS : donc, après votre agrément, vous faites quoi ?
Mme : j’ai téléphoné à toutes les œuvres d’adoption qui existaient, après j’ai essayé de me renseigner pour passer en direct et après je suis tombée enceinte donc... ça s’est arrêté quoi, et puis j’ai eu des tas de problèmes avec ma grand-mère ; ça s’est stoppé. Maintenant, on attend de voir la suite.
AS : vous aviez eu des réponses des œuvres ?
Mme : non, parce que je n’ai pas encore envoyé les dossiers. ; mais je savais tout sur les œuvres ; et après j’avais sélectionné ce qui correspond à nous, à notre demande.
AS : donc quand vous avez sélectionné les œuvres, vous avez sélectionné par rapport à quoi ?
M : surtout la rapidité.
Mme : par rapport aux différentes adoptions, simple ou plénière, si on allait les chercher ou si ils arrivaient. On avait surtout sélectionné pour la Roumanie ; c’était vraiment ce qu’on recherchait. Les délais, ça allait. On avait rencontré quelqu’un qui avait adopté par cette œuvre, à une réunion. C’est qu’il faut correspondre en plus aux critères de l’œuvre, chaque œuvre a ses critères, c’est vraiment...
AS : et l’œuvre pour vous représentait quoi ?
M : une assurance.
Mme : que ce soit fait légalement.
AS : et quand vous avez eu l’agrément, vous avez attendu quelque chose, qu’on vous aide ?
M : oui, c’est clair ; en plus on est livré à nous-mêmes. L’agrément, c’est bien, mais maintenant, à la limite, c’est «débrouillez-vous »
AS : et qu’est-ce que vous auriez attendu ?
M : pas qu’on fasse les démarches à notre place, non…
Mme : non, mais qu’on nous donne des adresses, si on veut adopter en direct. Pour les œuvres, c’est pas pareil, elles s’occupent de tout.
M : voilà, que la personne qui nous suit, quelque part, veuille bien prendre des informations sur les demandes qu’on a faites, si on n’a pas de réponse ; où est-ce que ça en est, des choses comme ça.
AS : la personne qui vous suit ?
M : s’il existe une personne qui peut nous accompagner, j’aimerais qu’elle ait une fonction comme cela, qu’elle se renseigne sur nous.
Mme : et bien l’assistant social parce qu’il nous connaît. On ne va pas recommencer, il n’y a que l’assistant social qui nous connaît, c’est vrai.
M : c’est vrai, on a l’agrément, c’est très bien,
Mme : et puis, ça peut appuyer les choses, il faut être franc. Enfin, on est assez sérieux pour que quelqu’un puisse dire qu’on est sérieux.
M : une personne au milieu, elle peut mettre la pression, savoir où notre dossier en est.
Mme : mais ça doit déjà fonctionner, il y en a qui adopte dans un temps record et puis d’autres, c’est le parcours du combattant, donc il doit bien y avoir quelque chose. Il y en a qui ont adopté deux bébés, coup sur coup par la DDASS, il y a quelque chose là.
M : nous, on n'a aucun pouvoir dans ce genre d’organisation, donc on peut être mis à l’écart.
AS : donc, il y aurait quelqu’un, qui vous connaît déjà, qui suive le dossier une fois que l’agrément a été obtenu, ça, ça vous paraîtrait important ?
M : oui, moi, j’aimerais bien
Mme : surtout pour une adoption en direct.
AS : et cette personne-là ferait quoi alors ?
Mme : elle nous dirait où on peut adopter, comment il faut faire, qu’est-ce qu’on va avoir si on adopte dans ce pays.
M : si on passe en direct, nous mettre en garde sur certaines choses et suivre les démarches. Voilà vous commencez par ça, vous continuez par ça. Mme : si c’est une œuvre d’adoption, il n’y a pas besoin parce que c’est eux qui s’occupent de ça. Là, on est pris en charge donc à la limite c’est pour ça qu’on fait appel à eux.
M : nous aussi, on aimerait bien être pris en charge, comme on dit.
Mme : mais quand même avec les œuvres, il faut tout refaire, refaire tout le parcours alors qu’on a déjà l’agrément...
M : c’est normal, ils ne nous connaissent pas, c’est normal, il faut bien qu’ils sachent à qui ils ont à faire.
Mme : et bien à ce moment-là, qu’ils prennent contact avec vous...
AS : cette aide qui vous serait apportée après l’agrément, vous n’iriez pas la demander à d’autres parents adoptants ?
Mme : non ; et puis même, quand j’ai demandé à ma voisine, dans l’orphelinat où elle était allée, ça ne se fait plus, c’est plus les mêmes conditions ; il faut quelqu’un qui soit toujours au courant de …
AS : une fois que vous avez l’agrément, quelles sont les personnes qui sont les plus importantes pour votre projet d’adoption ?
M : la personne qui nous aiguillera.
Mme : ceux qui accompagnent.
M : oui, ceux qui... si on aboutit à l’adoption…
Mme : si c’est une œuvre, c’est une œuvre ; ça peut être l’assistant social si c’est lui qui nous renseigne sur l’adoption en direct.
M : non, la personne la plus importante, c’est celle à qui on a raconté notre... c’est l’assistant social, le dossier, tout…
Mme : c’est celle qui va nous aider, celle du départ, celle qui devrait toujours être là, la personne qui devrait faire de A à Z, de la demande d’agrément jusqu'à l’adoption finale.
AS : et à qui vous feriez le plus confiance pour réaliser votre projet ?
Mme : à l’assistant social, à la personne qui sait ce qu’on attend.
M : à la personne qui nous aiguille.
Mme : celle qui nous connaît, parce que les autres, on ne sait pas, vous, vous êtes là pour donner un agrément, donc vous vous engagez sur certaines choses, et à partir de là …
M : même les œuvres finalement, ils ne nous connaîtront pas.
AS : et vous pourriez accepter de refaire un nouvel agrément avec une œuvre ?
M : non, mais par contre qu’on fasse une visite pour se connaître, oui, pour nous connaître, c’est indispensable, parce qu'eux aussi ils ont une responsabilité.
AS : vous en parlez beaucoup entre vous ?
Mme : au fur et à mesure oui pour se mettre d’accord sur certains détails, et puis c’est bien d’en discuter.
M : oui, on en discute, de toute façon, j’ai toujours fait ce que j’ai voulu ; et c’est pas le problème qu’elle ne peut pas avoir d’enfant qui nous a fait diriger là dedans ; même maintenant qu’elle attend un enfant, c’est très bien, mais ça ne veut pas dire que l’adoption, on la met dans un placard, ça ne change rien, un enfant c’est bien, mais deux c’est mieux, comme on dit.
AS : voilà, ce n’est pas le fait d’être enceinte aujourd’hui qui va vous faire arrêter le projet d’adoption ?
M : oui tout à fait, pour l’instant c’est en stand-by, mais c’est sûr que ça reprendra. C’est clair. On a arrêté parce qu’on ne peut pas tout faire en même temps.
AS : et vos contacts avec EFA vous ont apporté quoi ?
M : moi, j’aurais souhaité qu’ils nous disent comment ils ont fait pour en arriver là, au lieu de raconter leur quotidien avec l’enfant ; pour accélérer les choses, c’est clair. Voilà, comment il faut faire ; ce qui se passe chez les autres, ça ne m’intéresse pas. Nous, c’est comment on peut faire pour accélérer les choses.
AS : donc vous recherchiez en allant voir des parents adoptants des informations pratico-pratiques qui vous disent »en prenant tel chemin, vous avez telle possibilité »
M : en nous donnant leurs adresses à eux, en essayant de prendre le même chemin qu’eux ; ça, c’est intéressant ; mais de savoir comment ça se passe chez eux à la maison, moi, j’en ai...
AS : et quand vous parliez tout à l’heure de la personne qui vous accompagnerait, c’était pour faire quoi ?
M : c’est la personne qui est au milieu, qui essayerait de voir où ça en est, voir comment ça va, nous expliquer pourquoi il faut attendre ; en fait, on attend un coup de téléphone, on attend, on est à la merci de ces personnes là, alors que je me demande si ça ne devrait pas être le contraire. Parce qu’adopter un enfant, c’est déjà pas tout le monde qui peut le faire, déjà, alors être à leur merci, non, moi, je suis contre. Il faut attendre, attendre, attendre quoi ? eh bien, je ne sais pas.
AS : vous vouliez dire ?
Mme : je crois qu’on devrait être plus à l’écoute des parents qui veulent adopter, parce que c’est pas logique d’attendre aussi longtemps. Mais, c’est vrai qu’on n’est pas tout seul non plus.
AS : et quelle place aurait un professionnel de l’adoption ?
M : eh bien la place qu’il aurait.
Mme : les démarches…
M : pour voir si l’attente est réellement justifiée.
Mme : si on peut leur faire confiance.
M : et si l’attente est réellement justifiée...
AS : et vous disiez «la personne qui nous suit, il faut qu’on ait confiance en elle ». A partir de quoi vous donnez votre confiance à un professionnel de l’adoption ?
Mme : parce que c’est l’assistant social qui a jugé si on était apte à adopter un enfant.
M : et puis au moins on le connaît ; on a échangé beaucoup de points de vue, enfin moi. Moi, je sais que votre métier pour vous c’est l’enfant, vous savez où est son intérêt ; moi, je vous donne mon entière confiance là-dessus.
AS : vous auriez souhaité, vous souhaiteriez qu’il y ait quelque chose qui soit organisée par la DIPAS pour les personnes qui ont un agrément ?
Mme : oui, mais personnel, chacun... chaque personne a des besoins...
M : pour faire les démarches, pas nous prendre par la main, parce qu’on n’est quand même pas des enfants, mais...
Mme : mais pas en groupe, parce que chacun a cent cinquante besoins et puis... voilà un entretien individuel ; chaque couple, voir ce qu’il recherche et l’aider...
M : nous dire ce qu’on doit faire, voir si on les a faits, et comment on les a faits...
Mme : et puis que quelqu’un soit au courant, qu’on sache où on va s’adresser.
M : et d’avoir le pouvoir à tout moment de rentrer dans le dossier.
AS : il y a autre chose que vous souhaiteriez me dire ?
M : non, à part que c’est dur d’adopter, non.
Mme : c’est long.
AS : est-ce que dans les gens que vous avez rencontrés, vous pensez qu’il y en a qui ont été une forme de modèle pour vous ?
Mme : non
M : la chance oui, ils ont eu de la chance oui, mais modèle non.
AS : et inversement ?
M : non
AS : et pour reprendre une question de tout à l’heure, le fait d’en parler entre vous, ça sert à quoi ?
Mme : à se mettre sur la même longueur d’onde, et puis on est bien obligé de penser la même chose. M : se mettre d’accord entre nous déjà.
Mme : oui, si on n’est pas d’accord au départ, on ne sera pas d’accord sur les enfants ; et puis on est deux. On se fait confiance.
M : vous avez eu plein d’informations comme ça ?
AS : oui ; merci à vous.