Entretien n° 8. Monsieur et Madame LECLERC : « L’accompagnement… une recherche commune »

AS : donc la première question serait «pour quelles raisons vous avez demandé un agrément adoption ? »
M : parce qu’on n’arrive pas à avoir d’enfant donc comme on désire avoir un enfant, il n’y a pas d’autre solution. On a essayé des inséminations artificielles avec donneur.
Mme : et des fécondations in vitro
M : et ça n’a pas marché.
AS : donc, l’infertilité de votre couple vient de l’un ou de l’autre, des deux ?
Mme : oui
M : de moi, oui.
AS : et vous avez fait combien d’IAD ?
Mme : sept de mars à décembre de la même année, en 97.
AS : et vous avez pensé à l’adoption à quel moment ?
Mme : et bien avant d’entreprendre les méthodes de procréations médicalement assistées mais on avait décidé de faire ces méthodes là parce que pour moi, enfin pour nous, c’était un enfant qui avait une part de l’un de nous déjà et en plus je désirais faire une grossesse donc c’était vraiment ce premier choix-là, essayer la procréation médicalement assistée mais on avait déjà envisagé l’adoption.
AS : donc depuis combien de temps vous avez pensé à l’adoption ?
M : depuis pratiquement qu’on est sûr que j’ai un problème de stérilité.
Mme : depuis plus de cinq ans, sept ans à peu près.
M : on a essayé d’autres moyens, on pensait avoir un enfant par l’assistance médicale.
AS : et quand vous avez pensé à l’adoption, est-ce que vous aviez des souhaits par rapport à l’âge de cet enfant par exemple ?
M : c’était vraiment un enfant le plus jeune possible ; sur l’âge c’est clair.
Mme : tout en sachant que vu notre âge à nous, on savait que ça n’allait peut-être pas être possible, donc…
AS : donc en même temps un souhait et ?
Mme : une préparation de se dire qu’il ne faut pas se faire une idée, on n’aura sûrement pas un bébé de trois mois.
AS : et lequel des deux était le plus en attente d’un bébé ?
Mme : moi
M : oui, certainement.
AS : et un bébé, c’est ?
Mme : oui, un petit nourrisson, trois mois, six mois. Enfin,vraiment petit.
AS : est-ce que vous aviez d’autres souhaits relatifs à cette attente ?
M : non ; après c’était sur la race ; on ne souhaitait pas un enfant noir, autrement le reste.
Mme : oui, c’est plutôt dans l’autre sens qu’il faut le dire, c’est qu’on était prêt à adopter pas qu’un enfant à la peau blanche, on se tournait vers l’adoption d’un enfant étranger. Mais un enfant noir… c’est la peau… moi, je trouve qu’elle n’a pas le même grain, c’est pas la même peau. Je ne peux pas vous expliquer, mais c’est une question de toucher…
AS : et comment vous en êtes arrivés à penser à l’adoption ?
M : c’est la seule solution pour nous.
AS : et à ce moment ou avant, vous aviez rencontré des personnes avec qui vous en avez parlé, qui avaient adopté, qui avaient été adoptées ?
Mme : non, pas dans notre entourage proche, mais des connaissances...
M : oui, des connaissances lointaines.
Mme : et moi, par l’intermédiaire de mon travail, j’étais en contact avec des enfants, des parents, mais succinctement.
AS : plus à un niveau professionnel ?
M et Mme : oui
AS : et comment vous avez vécu la procédure d’agrément ?
M et Mme : sans problème.
Mme : moi, j’ai trouvé relativement court ; c’est vrai qu’il y a des démarches à faire mais ça ne m’a pas semblé, neuf mois, ça m’a semblé tout à fait correct. Pas de problème particulier.
AS : et dans les entretiens que vous avez eus, vous pensez qu’il s’est passé quoi ?
M : j’ai plutôt senti ça comme une rencontre avec des gens qui nous donnent des conseils, parce que c’est quand même ça et puis se présenter, dire qui on est et dire nos intentions, ce qui me paraît un minimum dans ce cas-là.
AS : et quels conseils par exemple ?
M : et bien on nous a avertis par rapport à l’âge de l’enfant, qu’on aurait peut-être des problèmes, sur le temps qu’il faudrait pour avoir un enfant, sur.
Mme : pour moi, les entretiens, ça aide vraiment à fignoler le projet quelque part parce que ça peut poser des questions auxquelles on n’a pas pensé, c’est bien parce que ça concrétise plus, parce que ce qu’on peut se dire entre nous, vu qu’on n’a pas de proches qui ont adopté, on nous fait parler de choses auxquelles on n’a pas pensé. C’est vraiment ça, ça aide à concrétiser ; c’est vrai qu’après on était dans une autre histoire et puis on a laissé un peu tomber, on avait d’autres choses de concret qui se passaient en même temps, et c’est ce qui a fait…
AS : et quand vous dites «concrétiser», ça veut dire quoi ?
Mme : on se sent déjà presque un peu plus parents adoptants. On se sent déjà... parce qu’on en parle de cet enfant, comment on va l’accueillir, aux problèmes que ça peut engendrer, c’est vraiment du concret, on est dans le concret, il manque juste l’enfant, mais on aborde des problèmes réels auxquels on n’a pas pensé.
AS : à quoi ça sert d’en parler ?
M : ça sert à concrétiser le problème et à confronter nos visions et essayer de voir si on a raison, si on se trompe, où on doit aller.
AS : donc vous avez un agrément, est-ce que votre attente par rapport à l’enfant a été modifiée dans ces années ?
M : non, je crois pas.
Mme : non, c’est toujours pareil.
AS : avec qui d’autres que les professionnels vous avez parlé de votre projet d’adoption, soit avant l’agrément, soit après ?
Mme : des amis, ta cousine, un peu ma maman.
AS : et ça représente à peu près combien de personnes ?
Mme : ça ne fait pas beaucoup de gens ; deux trois personnes, ma sœur, ma maman.
M : moi, je suis fils unique.
AS : et avec les amis ?
M : moi, j’avais des amis qui ont passé l’agrément en même temps que nous et puis d’autres qui pensaient aussi adopter, on en avait parlé aussi ; eux ils avaient des enfants.
AS : et quand vous en parlez entre vous, c’est quoi qui fait l’objet de discussions ?
M : c’est par rapport à l’âge, on a le sentiment, l’âge et la race, on a le sentiment, soit on est prêt à accepter n’importe quelle réponse, soit on préfère attendre et choisir, après c’est peut-être ça.
AS : donc, on va dire, c’est plus, quelle est véritablement votre attente par rapport à l’enfant et qu’est-ce que vous allez mettre en route pour réaliser cet accueil ?
M : oui, notre problème, c’est le temps, on est assez âgé ; donc si on discute ; c’est sur ça.
AS : et qui en discute le plus facilement ?
M : on en discute pas très facilement, on se voit assez peu finalement.
Mme : quand même... c’est vrai c’est une période un peu difficile, voilà, effectivement on ne se voit pas beaucoup.
M : mais
Mme : c’est moi qui en parle le plus.
AS : plutôt que l’inverse ?
Mme : oui
AS : est-ce que vous imaginez une différence entre le fait d’être parents et le fait d’être parents adoptants ?
Mme : j’ai envie de dire à la fois oui et à la fois non parce qu’on sera parents, et puis quelque part ce sera un peu différent, surtout au début, un peu plus d’attention, de temps, tout dépend d’où il vient, s’il vient d’un pays lointain, la culture, ce qu’il aura vécu avant...
M : moi, je pense que c’est, il y a une chose au départ c’est qu’on peut être parents sans l’avoir choisi, alors parents adoptants, c’est vraiment une démarche qu’on fait, donc il y a vraiment une grosse différence à ce niveau là et c’est sûr que par rapport à ça, on est amené à plus assumer, à se dire, c’est plus difficile et en même temps on a l’obligation d’être... parce que c’est un choix qu’on a fait, c’est un peu un contrat moral qu’on a avec l’enfant.
AS : et vous pensez que les futurs adoptants auraient à se préparer à cela, ou bien c’est quelque chose qui viendrait un petit peu de soi ?
M : je pense que les gens qui veulent adopter un enfant, ils ont ça dans la tête, ils ont bien le sentiment de faire un choix qui les contraint après, ils font un choix qu’ils sont bien obligés d’assumer. Dans l’adoption, c’est pas un accident.
AS : et vous avez eu l’impression que le fait de passer par la procédure d’agrément, c’est une préparation au fait de devenir parents adoptants ou une évaluation ?
M : une préparation ? oui, en quelque sorte parce qu’on a l’impression d’être pris en compte et évalués, enfin, c’est une évaluation un peu sommaire.
Mme : non, avec les intervenants, c’était suffisant, je n’aurais pas demandé plus.
AS : et quand vous avez reçu l’agrément, vous avez eu quelle réaction ?
M : c’est sûr qu’on était content, ceci dit, on ne se faisait pas trop de soucis, on aurait été vraiment surpris si on ne l’avait pas eu et donc on était moyennement content parce qu’on disait, on avait franchi une étape.
AS : donc quand vous avez l’agrément vous pensez quoi ?
Mme : bien nous, c’est un peu différent parce que c’est la période où on parlait de la fécondation in vitro, donc c’est arrivé dans un moment où on pensait qu’il y avait vraiment une autre méthode qui allait marcher, donc on était content mais on l’a laissé un peu de côté en se disant qu’il y avait d’autres choses qui étaient en train de se passer, qui étaient tracées et qu’on était en train de suivre, donc on l’a mis de côté et ensuite il y a eu l’échec de la fécondation in vitro, il y a eu tout le temps de reconstruction à faire derrière et pendant tout ce temps, on l’a mis en sommeil parce que je n’étais pas prête.
AS : donc, il vous a fallu un temps pour digérer la fin de PMA, pour redémarrer quelque chose. Et pour vous ?
M : oui, c’est ça, moi, mais ce qui n’est pas clair en fait, une fois qu’on a eu l’agrément, on s’est dit, "bon, on va avoir des nouvelles", en fait, on a eu aucune nouvelle
Mme : des nouvelles ?
M : et bien des propositions, savoir où en est notre dossier, c’est vrai que de ce côté là, le fait qu’il faut, nous, après, se bouger, c’est vrai que on attend...
AS : vous étiez plus sur une position d’attente...
M : oui, voilà
AS : des professionnels de la Dipas qui vous auraient re- contactés ?
Mr : oui, voilà.
AS : et vous ?
Mme : moins. Non, moi, il m’avait bien semblé entendre que après, une fois qu’on avait l’agrément, c’était à nous de contacter les associations si on se tournait vers une adoption internationale ; donc je savais que c’était à nous de reprendre le flambeau et moi, je ne le faisais pas parce que je n’étais pas prête. J’étais dans une autre...
AS : donc vous avez fait quoi ?
M : on a attendu, on n’a pas fait grand-chose.
Mme : moi, j’attendais d’être prête.
AS : donc vous aviez eu un agrément sans être complètement prête ? (rire)
Mme : eh bien, j’étais prête pensant que les fécondations allaient marcher, j’étais vraiment dedans, l’agrément c’était pour un deuxième enfant et je pensais vraiment que ça allait marcher.
AS : et si on vous avait confié un enfant tout de suite ?
M : oh, ça on était tranquille ! (rires). Mais je crois qu’il n’y aurait pas eu de problème, on aurait été étonné mais à part ça.
Mme : oui donc on a attendu.
AS : et après ?
Mme : quand je me suis sentie prête, j’appelle la Dipas «au secours, comment on fait ? , voilà j’ai un agrément, je souhaite faire une demande pour une adoption internationale et je ne sais pas du tout par quoi il faut que je commence, où il faut que j’écrive, à qui il faut que je m’adresse». La personne m’a répondu de joindre quelqu’un de EFA, les bénévoles de Enfance et Famille.
AS : bien ! Et donc vous avez pris contact avec EFA, et c’est le premier contact que vous aviez avec des parents adoptants ?
Mme : oui, mais je savais pas que c’était un parent adoptant.
AS : et vous avant ce contact, vous n’aviez pas rencontré d’autres adoptants ?
M : non
Mme : qui avait un enfant.
AS : donc ça a été le premier contact
Mme : et moi, je ne téléphonais pas pour savoir comment ça se passait, je ne savais pas qu’il était adoptant, je téléphonais pour avoir des renseignements et au fil de la conversation, il m’a dit «nous, quand on a adopté... »
AS : donc vous l’avez eu au téléphone, vous ne l’avez pas rencontré.
Mme : non, j’ai eu les renseignements que je voulais, il m’a envoyé un paquet de polycopies détaillées sur l’adoption internationale.
AS : et vous lui avez demandé quoi ?
Mme : la même chose qu’à la Dipas ; on a parlé un peu de l’adoption.
AS : et là vous parlez de quel chemin prendre pour adopter un enfant ?
Mme : oui, oui
AS : et à ce moment-là, vous avez ressenti le besoin de conseils, est-ce que vous étiez en attente ?
M : moi, effectivement, il me semble que quand on a eu l’agrément et qu’on a montré notre volonté d’adopter, je pense que, après, j’aurais aimé qu’on soit un peu plus pris en compte, qu’on nous propose des solutions, qu’on s’occupe un peu plus de nous et que l’État montre un peu que pour lui c’est aussi important qu’on arrive à notre but. Alors que là, on a l’impression que ça n’intéresse plus personne, et je trouve ça un peu curieux.
AS : et en quoi, c’est important pour l’État ?
M :on n’est pas si nombreux à avoir cette demande et…
AS : et vous auriez attendu une présence ?
M : et ça éviterait que des gens passent par des trucs qui alimentent des commerces. Apparemment, c’est un chemin où on est vraiment livré à nous-mêmes, et je trouve que c’est dommage.
AS : vous avez l’impression d’être seul ?
M : oui, complètement.
AS : et vous avez rencontré d’autres parents adoptants ?
M : non
Mme : si, maintenant que j’y pense, le médecin qui a adopté un petit garçon, on aurait pu en parler, mais c’était dans le cadre d’une réunion entre amis et on n’en a pas parlé, on ne les connaît pas particulièrement, on n’a pas éprouvé le besoin de parler.
AS : ça vous gênait un peu d’en parler ?
M : non
Mme : c’est vrai que ça aurait pu être l’occasion.
AS : et pourtant quand vous avez été reçus à la Dipas, on vous a dit qu’après l’agrément, on était à votre disposition, c’est quelque chose que vous n’avez pas retenu ?
M : non
Mme : bien oui, le temps a fait que j’ai oublié, en tout cas.
AS : bien, quelles sont les personnes qui sont importantes dans votre projet d’adoption ?
Mme : je ne vois pas. A part nous, nous deux, nous, voilà. Ta cousine ?
AS : donc vous avez eu des contacts avec votre cousine ?
M : oui, elle était directrice d’une maison d’enfants qui faisait partie d’une association d’adoption
AS : et vous avez pris contact avec elle à quelle période ?
M : c’était avant déjà et juste après et elle en a parlé à la responsable de l’association qui nous a proposé un enfant.
AS : donc on vous propose un enfant ?
M : déjà il avait sept ans.
Mme : et l’âge n’était pas marqué sur l’agrément, donc... mais elle nous a proposé de recevoir un enfant de sept ans, enfin qu’elle pouvait nous proposer un enfant de sept ans et que il fallait prendre contact avec elle.
AS : et ça se passe comment ?
M : oh, on n’en a très peu discuté parce que sept ans, ça faisait trop âgé.
Mme : et c’était dans une période où je n’étais pas du tout réceptive, donc j’ai tout de suite occulté cette...
AS : c’est une décision qui a été difficile à prendre pour vous ?
Mme : non, pas du tout.
AS : c’était clair ? et en plus vous ne pouviez pas dire oui avec votre agrément ?
Mme : oui oui.
M : s’il avait été plus jeune on en aurait peut-être discuté, mais…
AS : plus jeune pour vous, ça aurait pu être jusqu'à quel âge ?
Mme : jusqu'à quatre ans, tout est possible.
AS : comment vous pourriez qualifier les relations que vous avez eues avec les professionnels de la Dipas ?
M : rien à dire, rien de spécial.
AS : et aujourd’hui, quelle est votre attente ?
M : maintenant, on risque de téléphoner pour avoir des conseils, sur des formalités envers des pays, par rapport à l’agrément ; d’autres attentes, non.
AS : et par rapport à l’adoption internationale, vous en êtes où ?
Mme : on est en train de reprendre les adresses.
AS : bien. Autre chose. Une fois l’agrément obtenu, vous auriez souhaité être accompagnés ? et accompagnés pour faire quoi ?
M : certainement oui, enfin dans notre cas, pas tout de suite après l’agrément, mais oui, pour nous aider à trouver un moyen pour faire les démarches, dans quelle voie on allait et où on avait le plus de chance d’aboutir et de nous mettre en relation...
Mme : plutôt que de s’éparpiller et perdre de l’énergie à aller dans des directions et pas perdre tout ce temps-là, donc d’aller vers des associations qui risquent de retenir notre dossier.
AS : est-ce que vous pensez que vous auriez une attente différente par rapport à la Dipas et par rapport aux adoptants ?
Mme : c’est-à-dire oui, les familles adoptantes, c’est des gens qui ont vécu cette adoption concrètement, les embûches, et on se sent toujours plus proches de ces gens-là que d’un professionnel qui a certainement de l’expérience et un savoir mais qui n’a pas vécu les choses de l’intérieur.
AS : et pourtant, vous n’avez pas pris contact avec eux ?
M : moi, je ne sais pas mais ça ne me perturbe pas de leur demander mais je pense qu’ils ont autre chose à faire ; moi, je serais plus en attente de professionnels. Je pense que j’aurais espéré que les professionnels soient plus présents et qu’ils accompagnent plus, et que ce soit une recherche commune quelque part ; c’est idéaliste mais…
Mme : mais on n’en a pas éprouvé le besoin, mais si on avait été en contact avec des adoptants, les attentes auraient été comme ça, mais je n’en ai pas éprouvé le besoin, parce que j’avais pas envie de contacter des gens pour leur parler de choses personnelles.
AS : donc, une fois que vous avez décliné la proposition qui vous était faite d’un enfant qui était trop grand, vous vous êtes dit quoi ?
Mme : moi, toujours pareil, je savais que ce n’était pas le moment, je vais attendre, je ne suis pas prête donc je ne vais pas entreprendre des démarches alors que je sentais que je n’étais pas du tout là-dedans. Donc, c’était difficile d’attendre parce que, en même temps, le temps presse, mais je ne me sentais pas m’investir dans quelque chose, pour moi, ça a été attendre.
AS : et attendre pour vous ?
Mme : et bien attendre que j’ai l’énergie, que je peux me consacrer à ça, que je suis prête et toi tu étais obligé d’attendre que je sois prête parce que c’est quand même un projet commun.
AS : et le terme «accompagner » pour vous, ça veut dire quoi ?
M : c’est peut-être des rendez-vous réguliers, des coups de fil, on a l’impression qu’on donne l’agrément et puis voilà…
Mme : des conseils.
M : ce serait quelqu’un qui nous relance, ça aurait mérité d’être relancé quoi, accompagner quoi, activer, redonner espoir.
Mme : enfin moi, je ne suis pas d’accord avec lui. C’est ce que j’ai dit tout à l’heure, on y revient toujours alors. Moi, c’est évident que c’est à nous de faire les démarches et…
M : oui, ça c’est la réalité, après l’utopie, ce serait qu’il y ait des gens qui nous aident un peu plus ; qu’on montre une réelle volonté de dire «ils ont ce projet » ; que ce soit qu’on montre qu’on est intéressé par ce projet. Mais apparemment ça n’intéresse personne.
Mme : oui, mais c’est nous les principaux intéressés.
M : oui, mais je ne suis pas d’accord là-dessus. Je trouve qu’avoir un enfant c’est très important, mais il n’y a pas que pour nous.
AS : oui, et allons plus loin. En quoi, pour d’autres, c’est important que vous ayez un enfant ?
M : ça tombe sous le sens ; pour l’État français c’est important qu’il y ait des jeunes et vu que les français n’arrivent pas à se reproduire assez, il faut bien trouver des solutions, l’immigration c’est quand même moins bien que l’adoption, l’adoption c’est l’intégration rêvée, c’est l’intégration rapide et c’est une super solution et ça devrait être encouragé et on devrait être beaucoup plus aidé.
AS : d’autre chose ? Et pour l’adoption internationale, vous avez des idées aujourd’hui ?
M : oui, oui, parce qu’on ne nous a pas proposé autre chose.
Mme : un enfant pupille de l’État tu veux dire ?
M : oui, c’est ça. Si on nous proposait un pupille de l’État d’ailleurs, ou pas, c’est le premier qui arrive quoi. Si c’est l’international, c’est l’international. C’est pas une volonté qu’il soit pupille de l’État, mais c’est vrai que maintenant c’est le premier qui arrive.
AS : vous savez comment ça marche pour les pupilles de l’État, qui décide ?
M : non
Mme : le Conseil de Famille ?
AS : et pour vous qui prend la décision de confier les enfants pupilles de l’État ?
M : c’est qui ?
AS : c’est effectivement le Conseil de Famille et avez-vous une idée de la place de ceux qui ont donné l’agrément dans cette décision ?
M : je ne me suis jamais posé la question ; ça fait partie, ça ne nous pose pas de problème donc on ne s’est jamais posé la question, mais…
Mme : moi, j’ai pas d’idée. Mais je pense que si le prochain dossier, c’est nous, les gens prennent une décision en fonction de notre dossier, c’est pas un souci.
M: oui, c’est un peu aussi par ordre d’arrivée, ceux qui attendent depuis longtemps, on prend plutôt celui du dessus.
AS : OK. Merci.