Entretien n° 17. Monsieur et Madame MERLE : « Il faut savoir ce qu’on veut et aller jusqu’au bout »

• AS : donc ma première question serait de savoir pourquoi vous avez demandé un agrément adoption ?
• M : et bien parce qu’on avait fait un premier enfant, on avait rapidement envisagé en faire un deuxième, et une fausse-couche est venue bloquer la chose et après tous les essais qu’on a faits derrière ont été négatifs, on a essayé les inséminations artificielles, on avait droit à trois tentatives, on en a fait deux et on a dit : on arrête, la troisième c’est pas la peine, il y a trop de mal à chaque fois, entre la période de fécondation et la période de règles, à chaque fois c’était l’attente et puis la déception ; on arrête donc tout. Et puis, c’est ma femme qui a commencé à parler en premier de l’adoption, moi, j’ai mis un an avant de me lancer dans le projet, de le mûrir.
• AS : donc entre le moment où vous avez commencé à parler de l’adoption et le moment où vous avez fait la demande officielle, il s’est passé ?
• Mme : presque un an.
• AS : et vous avez d’autres enfants ?
• M : on est une famille “pièces rapportées”, Agnès a eu un premier mariage et un enfant qui a aujourd’hui vingt ans, et donc le nôtre qui a sept ans.
• AS : donc au niveau médical ?
• Mme : c’est l’âge qui a joué, et puis on en a beaucoup discuté avec mon gynécologue et le généraliste.
• AS : et au niveau médical ?
• Mme : non, pas de problème
• M : non, on a eu Philippe sans problème au départ
• AS : et vous l’avez vécu comment ?
• Mme : très mal.
• M : moi, jusqu’au bout j’y ai cru ; Agnès, elle a plus... moi, j’avoue que c’était plus une déception...
• AS : pour vous, plus dur ?
• Mme : oui, ça ne répondait plus, il y avait une attente, c’était le drame, à chaque fois repartir.
• AS : les premiers adoptants que vous avez rencontrés ?
• Mme : on en connaît depuis très longtemps, c’est des amis de Alain.
• M : des amis que l’on a depuis longtemps, on se fréquente six ou sept fois par an, assez régulièrement, qui avaient adopté, pour des problèmes d’infertilité, sur la Colombie, et puis on en a parlé sans vraiment au départ penser, nous à l’adoption ; c’est des amis d’enfance. Une chose curieuse, c’est que lui-même était enfant adopté,
• AS : donc vous connaissez l’adoption depuis ?
• Mme : oui, et dans le quotidien, on a attendu l’arrivée de leur petite fille, ils nous ont expliqué les procédures, même avant que ça nous rentre.
• AS : et lui avait été adopté à quel âge ?
• M : très jeune, moi, je l’ai toujours connu et comme on a le même âge, moi, ça a toujours été... je ne l’ai jamais vu arriver dans la famille...
• AS : et le premier enfant qu’ils ont adopté ?
• Mme : il a avait onze mois, et la fille dix huit mois.
• AS : vous avez connu d’autres parents adoptants ?
• M : et bien c’est vrai que le fait d’en parler autour de nous, on rencontre plein de gens qui ont adopté, sans rechercher spécifiquement des gens qui ont fait le même chemin que nous, moi dans mon travail, régulièrement je rencontre des gens qui me disent “moi, j’ai adopté” un au Mexique, un autre à ailleurs
• AS : vous en parlez facilement ?
• Mme : nous, oui, maintenant ; ça dépend avec qui ; même Philippe en parle comme ça, à la cantine  “on va avoir une petite fille”
• AS : et vous en parlez plus facilement maintenant ?
• M : c’est vrai aussi quand on a démarré, on nous avait dit que ça allait être long, il fallait pas commencer à se prendre la tête, à parler à droite à gauche, il y a encore un long chemin à faire ; maintenant les choses avancent, et on en parle de plus en plus.
• Mme : et comme c’est pour après-demain, donc ce n’est pas pour nous préparer nous, parce que tous les quatre on est prêt ; mais pour dire que c’est bientôt du concret. Il faut le dire parce qu’on ne va pas le dire du jour au lendemain.
• AS : quand vous avez commencé à penser à l’adoption, vous aviez une idée de l’enfant que vous souhaitiez adopter ?
• Mme : moi, oui, une fille ; parce que c’est une déception ; j’ai deux garçons et c’est vrai que quand Philippe est né, on avait fait des analyses et quand j’ai eu les résultats et que c’était un garçon, j’étais malheureuse comme les pierres ; pour moi j’attends une fille.
• AS : et de quel âge ?
• M : on a demandé en dessous de deux ans.
• Mme : et le fait d’en parler avec le psychologue et l’assistant social, pour nous ce n’était pas le fait d’avoir un nouveau-né, parce qu’il y a peut-être des critères d’âge, il y a plein de choses, mais nous, on ne la voulait pas grande, moins de deux ans ; et ils nous avaient expliqué, et c’est vrai qu’on était assez bloqué là-dessus, et c’est vrai que depuis qu’on a l’agrément et qu’on regarde autour de nous, on s’est dit, enfin, ce n’est plus important d’avoir moins de un an.
• AS : donc vous avez eu l’impression ?
• Mme : que là aussi on a évolué
• AS : donc pendant l’agrément, au cours des entretiens ?
• Mme : oh oui ; c’est vrai qu’on regarde autour de nous les enfants...
• M : c’est vrai qu’on est parti avec l’idée, le plus jeune c’est l’enfant qui sera le plus facile à.. enfin l’adaptation sera la plus facile...
• Mme : il aura le moins souffert
• M : et puis on se rend compte que douze mois c’est pas bien grand, dix huit mois c’est pas bien grand et le fait de pouvoir élargir au maximum pour avoir plus de chance de l’avoir rapidement ; et puis on nous a fait aussi comprendre que des enfants nouveaux nés, ce serait de plus en plus difficile du fait que maintenant les choses étaient mises en place au niveau réglementation, il y avait des délais.
• AS : et si on vous confiait un garçon ?
• Mme : et bien non ; on en a beaucoup parlé, non, non, c’est net. Et quand on en a parlé avec l’assistant social, le fait de dire, je veux ci ou je veux ça, il nous a expliqué qu’il faut aller jusqu’au bout, “si on vous en présente un qui est comme ci ou comme ça, il faut continuer, il faut aller jusqu’au bout”.
• M : Enfin, c’est affreux ce que je vais dire, le côté un peu lot de consolation.
• Mme : se dire, il y en a un aujourd’hui, et bien on le prend quand même, même si ce n’est pas, enfin exactement ce qu’on veut ; non, il faut savoir ce qu’on veut et aller jusqu’au bout.
• AS : et en même temps, vous avez élargi votre attente et en même temps vous restez sur des éléments qui pour vous sont les plus importants par rapport au sexe et à l’âge de l’enfant ?
• Mme : et de la légalité
• AS : par rapport à l’origine de l’enfant, vous pensez aller de quel côté ?
• Mme : du côté de l’Asie
• AS : c’était une préférence aussi ?
• M : quand on avait regardé sur le site de la MAI, sur l’adoption internationale, on a vu que c’était au Vietnam qu’il y avait le plus d’adoptions qui étaient proposées, donc c’est lui qui nous paraissait...
• Mme : et puis il y avait des pays où il y avait beaucoup de barrières, de réglementations quand le couple est plus âgé, quand il y a des enfants biologiques.
• M : donc ça avait déjà pas mal limité, il y avait essentiellement la Colombie, la Thaïlande, et le Vietnam.
• AS : OK. Je passe maintenant à l’agrément lui-même ; comment avez-vous vécu cette procédure ?
• Mme : pas dramatique ; moi, j’écoutais beaucoup d’émissions et il y a des gens qui disent le parcours du combattent, mais ça n’a pas été dramatique, c’est pas marrant, la première fois que l’assistant social est venu, je pensais que le psychologue allait plus me perturber, mais j’ai plus vidé mon sac avec lui, mais non.
• M : pareil et comme on s’était bien focalisé sur le Vietnam et qu’on savait que c’était fermé ; on a pris notre mal en patience
• AS : et les entretiens ?
• M : très bien.
• AS : vous avez eu l’impression d’être jugés
• M : non pas du tout ; et même l’assistant social, on l’a rappelé plusieurs fois pour avoir des renseignements, il a toujours été disponible, agréable
• AS : et vous avez l’impression ?
• M : et bien je vous dis, ça s’est vraiment bien passé, on n’a pas eu l’impression...
• AS : et est-ce que vous avez eu l’impression qu’il y avait autre chose qu’une évaluation ?
• Mme : c’était nous donner aussi, nous apporter des informations, on ne pense peut-être pas à tout et si vous voulez d’autres informations, n’hésitez pas sur des points précis...
• AS : donc ça c’était avant l’obtention de l’agrément ?
• M : bien sûr, c’est pendant ; ça a été un peu de l’échange ; lui nous apportant des informations sur l’adoption, sur le projet en lui-même, des informations pratiques et puis nous, lui apportant des informations sur notre cadre de vie, notre parcours.
• AS : quand vous disiez “ avec l’assistant social, j’ai pu vider mon sac ? »
• Mme : c’était la première fois, donc le côté émotif aussi ; ça faisait pas pareil, c’était à la maison.
• AS : OK. Donc vous êtes parents de deux enfants et vous imaginez quelles différences entre le fait d’être parents comme vous l’êtes et le fait d’être parents adoptants ?
• M : aucune différence
• Mme : nous, non
• AS : et le fait de l’agrément, vous pensez que ça peut aider à devenir parents adoptants ?
• M : moi, je l’ai plutôt vu comme un acte administratif, personnellement ça ne m’a pas changé dans ma façon d’être père.
• AS : et en même, vous disiez tout à l’heure, vous avez eu de l’information ?
• Mme : et bien oui, mais vous êtes quand même là pour nous dire “vous avez déjà des enfants, il vient d’un pays étranger, comment on va faire” ; nous, on ne sait pas ça.
• M : oui, voilà, c’est un peu provoquer les questions vis-à-vis de l’enfant.
• Mme : “qu’est-ce que vous allez lui dire quand vous allez le chercher” évidemment tout ça on ne le sait pas.
• M : le cheminement de parents, on l’avait déjà vécu
• Mme : mais ce côté d’aller chercher un enfant à l’étranger, ça pose des questions, “est-ce que vous y avez pensé, est-ce qu’on peut répondre, comment vous voyez ? ” Voilà, ça apporte ça.
• AS : et quand vous avez reçu l’agrément, vous avez eu quelles réactions ?
• Mme : moi, contente, mais en fin de compte pas étonnée et lui encore moins étonné ; moi, j’ai toujours une angoisse.
• M : quand on a eu l’agrément, on s’est dit “c’est là où ça commence vraiment”, c’est à partir de là que ça démarre, il y a juste un feu vert qui vient de s’allumer ; mais c’est tout.
• Mme : enfin voilà j’étais contente.
• M : très orgueilleusement, on pensait que le cheminement était déjà bien mûri, le projet... les entretiens s’étaient bien passés ; donc on n’aurait pas compris qu’il y ait un refus ; on n’est pas totalement taré ; administrativement, il ne devait pas y avoir de problème.
• AS : donc vous avez un agrément et vous faites quoi ?
• Mme : c’est qu’on avait déjà regardé les pays, et avec cet agrément on a donc regardé des pays et des associations, plus ou moins et on a téléphoné à beaucoup d’associations, et on s’est fait ramasser.
• M : c’est là qu’on a eu la plus grosse déception ; déjà on était parti sur le Vietnam et les associations nous ont dit “il ne va rien se passer, il n’y a pas d’ouverture” et c’était au mois d’avril 2000 ; donc là on sentait que c’était un peu le coup de froid ; on s’est alors tourné sur la Colombie ; on a juste envoyé un courrier, ils ne nous ont pas répondu, on a téléphoné “fin de non recevoir” et voilà. Et c’est là qu’on nous a dit “essayez quand même en appelant directement sur la Colombie” on a envoyé un courrier à l’avocat qui s’en occupait, on n’a pas de réponse ; donc on avait envoyé sur la Thaïlande
• Mme : on avait téléphoné, à l’association ; ils nous ont jetés, refusé nos sous quoi, parce que,... ils nous ont fait comprendre que ce n’était même pas la peine, que j’étais trop vieille et elle m’a dit tout ça...
• M : oui, c’est là où on était un peu démotivé et c’est là qu’on a appelé l’assistant social, on est resté deux trois heures à discuter avec lui ; il nous a bien remonté le moral, certaines associations sont moins bien que d’autres, sur leurs critères et puis voilà, il nous a remonté le moral quoi. En septembre, on a fait le pique-nique de l’association qui s’occupe du Vietnam et là ils nous ont dit, «les choses ont l’air de bouger un peu » ; et on se connectait régulièrement sur le Net. Et dans ce pique-nique, on a eu des adresses, une petite lueur d’espoir et puis il y a eu des accords de signés ; et puis voilà la réouverture... On avait déjà plus ou moins préparé les choses, les documents, le dossier était complet, il est parti.
• AS : à qui vous faites le plus confiance pour réaliser cet accueil ?
• silence.
• M : c’est vrai que pour l’instant, comme il n’y a encore rien de réel, de tangible, c’est le côté rêve, c’est “Agnès est enceinte, comme elle va être belle, comme elle va être jolie”, c’est la période de grossesse quoi où il n’y a encore rien.
• AS : donc vous ne pouvez pas dire qu’il y a une personne, un organisme qui pour vous aujourd’hui représente quelqu’un ou quelque chose qui soit important ?
• Mme : et bien comme quand on a appelé l’assistant social plusieurs fois, il nous a bien dit “s’il y a un pépin” et comme on est rattaché à la Dipas puisque tous les ans on doit signer un petit papier, déjà ça nous oblige à dire, bon, c’est le côté administratif, mais il est là quand même et il nous a dit, qu’il y avait un suivi après et il nous a bien précisé que son travail ne s’arrêtait pas à l’agrément.
• AS : et si vous aviez un conseil à demander, c’est vers lui que vous iriez ?
• Mme : ça dépend de quel ordre.
• M : si c’est purement sur le Vietnam, sur la législation, on ira plutôt voir l’association, soit le couple d’amis qu’on connaît qui a adopté sur le Vietnam puisque eux ils y sont allés plusieurs fois, les détails pratiques on ira peut-être plus vers eux ; mais tout dépend de la question.
• AS : les personnes que vous avez rencontrées, et qui ont adopté au Vietnam, vous les avez rencontrées à quel moment ?
• Mme : leurs enfants étaient à l’école et on les connaissait ; et depuis qu’on avait décidé d’adopter, chaque fois que je voyais le gamin, il faut que je demande et comme je suis toujours un peu coincée, un jour on en a parlé et puis voilà ; on a beaucoup discuté.
• M : c’est vrai aussi qu’elle a eu son rôle d’aiguillon positif
• Mme : ah oui, elle était très motivée
• M : quand on ne voyait pas le bout du chemin, plusieurs fois elle a secoué, en disant “ça va se faire, je sens que ça bouge”
• AS : et ces contacts datent de quand ?
• Mme : et bien on a commencé ; en août 99, et c’était avant l’été ; on avait rendez-vous en juin.
• AS : donc vos contacts avec cette famille ?
• Mme : les contacts plus profonds “on veut adopter, parlez-nous du Vietnam, parlez-nous de votre façon de faire” ça date du printemps avant l’agrément ; mais avant on se voyait et je voyais ces petits
• M : et même ils nous avaient invités à l’anniversaire de lui, où il y avait essentiellement de leurs amis qui avaient adopté ; et on s’est retrouvé du jour au lendemain au milieu de personnes qui avaient adopté au Vietnam, donc on a passé l’après-midi à discuter adoption
• AS : donc ça c’était avant de faire votre demande d’agrément ; et donc à ces personnes, des choses un peu concrètes et aux professionnels, vous demanderiez quoi ?
• silence
• M : pour l’instant, je n’ai pas de questions.
• AS : donc le point que vous êtes allé faire avec l’assistant social, c’était ?
• M : déjà pour qu’il nous remonte le moral
• Mme : il nous a bien dit qu’il était là pour ça aussi ; comme quand il est venu, il nous a dit “j’ai bien une voiture du Conseil Général, je fais mon métier, mais ça n’empêche pas de dire des choses”.
• AS : donc vous pensez qu’il y a eu plus que le côté strictement professionnel ?
• Mme : moi, je pense que oui, avec une pointe d’humour pour dédramatiser.
• AS : et l’assistant social représente qui pour vous ?
• Mme : c’est une personne qu’on a rencontrée parce qu’on était obligé de passer par là ; mais après c’est quelqu’un d’autre
• M : on était assez confiant, avec notre projet assez mûri, donc on le voit comme une aide, pas comme un censeur, d’autant que depuis le début on n’a pas eu de bâton dans les roues, ça s’est bien passé ; et comme il nous a apporté beaucoup d’éléments, on le ressent plutôt comme une aide que comme...
• AS :le fait de rencontrer des personnes qui étaient parents adoptants, ça vous a apporté quelque chose ?
• M : déjà une expérience, un vécu
• Mme : c’est le côté facile, le côté ça se passe bien, nos voisins avaient également des enfants biologiques, donc ils étaient un peu dans la même situation que nous, les voir au quotidien, on les connaît bien
• M : par rapport à ceux qui n’ont pas fait la démarche, on a un état d’esprit qui est complètement différent, on a une démarche qu’on retrouve chez ceux qui ont adopté, c’est naturel, c’est notre enfant, et quand on discute avec des gens qui n’ont pas adopté, on se rend compte qu’il y a un décalage.
• AS : donc avec des parents qui ont déjà adopté vous vous trouvez ?
• M : sur le même niveau
• Mme : parce que quand on les voit au quotidien, on les retrouve comme nous, ils sont parents, à part que chez eux c’est la Colombie ou le Vietnam parce qu’il y en a de partout, mais
• AS : et vous n’avez pas pris contact avec EFA ?
• Mme : moi, j’avais téléphoné, mais j’avais pas envie
• M : mais depuis un moment on a tendance à mettre le couvercle.
• Mme : il y avait quand même une dame qui avait adopté au Vietnam, qui était charmante et qui nous avait dit, c’est le karma, il faut patienter, ça arrivera, c’est l’assistant social qui nous avait donné leur adresse
• AS : donc c’est un contact que vous avez eu en plus ?
• Mme : voilà.
• AS : et aujourd’hui, vous en êtes où ?
• M : et bien maintenant, on peut commencer à mettre des dates, on peut dire que d’ici à la fin de l’année, elle sera parmi nous ; donc il y a une échéance qui s’approche.
• AS : et quand vous étiez dans le creux de la vague, le fait de voir des gens qui avaient réussi, ça ne vous remontait pas le moral ?
• Mme : et bien si, parce qu’on a eu le pique-nique, on voyait nos amis mais on n’avait pas envie de voir d’autres gens ; il y avait une certaine jalousie ; on allait voir des familles heureuses avec des enfants au milieu, qui avaient réussi ce que nous on attend de faire.
• AS : donc ça vient dire que c’est possible, mais ?
• M : et nous c’est encore bloqué
• AS : d’accord. Si vous aviez à me dire combien de personnes sont informées de votre projet d’adoption, ce serait de quel ordre ?
• Mme : on ne le cache pas mais on ne le dit pas. Plein de gens sont au courant, mais on ne se promène pas avec une pancarte.
• AS : pourquoi finalement vous vous êtes centrés sur le Vietnam ?
• Mme : non, il y a une question d’âge
• M : et au niveau réglementation c’était celui dans lequel on correspondait et les contacts qu’on avait, nos amis qui avaient adopté deux enfants, nous avaient eux bien aiguillés, ceux qui nous ont donné le plus d’informations.
• Mme : et c’est vrai que certains pays dont l’assistant social nous avait parlé, on n’était pas attiré, voilà ; on n’aurait pas été chercher un petit noir ; c’était déjà dans notre tête, donc la Roumanie non par exemple.
• AS : c’est un feeling avec le Vietnam ?
• M : pas un feeling particulier parce qu’on ne connaît pas la culture...
• Mme : mais de voir le petit de nos amis à l’école, un gamin facile heureux, on le voyait, la petite pareille ; comme ça.
• AS : et au niveau de votre intermédiaire au Vietnam, comment vous allez donner votre confiance ?
• M : c’est une des questions qu’on va poser ; quand on va nous proposer un enfant, c’est comment ça se passe ? Est-ce qu’on est pris en charge ? Et on prendra le plus d’informations possibles chez les gens de l’association...
• AS : vous avez confiance en eux ; et cette confiance est née comment ?
• Mme : par les rencontres ; là ça paraît clair, net, donc
• AS : une fois que vous avez eu l’agrément, est-ce que vous avez ressenti le besoin d’être accompagnés ?
• M : non, quand on a commencé à tirer les sonnettes et qu’on a vu qu’il y avait peu de portes qui s’ouvraient, là on a eu besoin, plus l’histoire d’avoir une épaule secourable,
• AS : que vous avez trouvée ?
• M : oui, absolument.
• Mme : non, c’est nos amis qui étaient là, qui ont adopté, non , les autres, tous les deux, c’est bon ; il y en a un qui est en haut, l’autre en bas, et puis après c’est l’inverse.
• AS : donc accompagnement dans votre couple et dans vos relations ?
• Mme : oui, qu’on avait déjà avant
• AS : et l’intervention du professionnel ?
• Mme : oui, pour repartir, donner le mouvement, dire “c’est pas parce que vous avez l’agrément, que ça ouvre toutes les portes” on n’y a peut-être pas cru, on ne savait pas, mais surtout relancer la machine.
• AS : et aujourd’hui vous souhaiteriez qu’il y ait quelque chose qui soit plus organisé par la Dipas, une fois que l’agrément est donné ?
• Mme : mais à la limite, c’est à nous à demander ; si on n’a pas fait la démarche...
• M : oui, c’est à nous, la structure, l’aide, on sait où la trouver, on l’a eue ; donc si on veut c’est aux gens de...
• AS : donc pour vous, tel que ça fonctionne aujourd’hui, il n’est pas nécessaire que quelque chose ?
• Mme : mais ça dépend, nous, on est tombé sur une personne qui nous a dit qu’elle était là si... mais il y a des endroits où le courant ne passe pas ; ça dépend sur qui on tombe, mais c’est à nous.
• M : c’est une démarche, enfin, si on ne se décarcasse pas un peu, si on nous apporte tout sur un plateau.
• AS : donc c’est quand même important pour vous de faire les démarches ?
• M : oui, et on est suffisamment responsable pour savoir si on bloque, si on a besoin d’une aide, mais que ce soit à nous de faire la démarche. , dans le sens où c’est un projet d’adultes pour qu’on ait une attitude d’adultes.
• AS : OK. Vous auriez d’autres choses à me dire ?
• M : non, rien de particulier.
• AS : merci pour cet entretien