Entretien n° 23. Monsieur et Madame TISSERAND : « Je veux savoir la vérité sur mon projet. ».

• AS : donc ma première question sera de savoir pourquoi vous avez fait une demande d’agrément adoption ; au moment de cette demande vous aviez trois enfants, en 98.
• Mme : parce que c’était un souhait de longue date, c’était même notre première discussion au sujet des enfants quand on a été en couple, on avait déjà évoqué cette question de l’adoption, et puis les enfants sont arrivés, deux et trois ans après notre mariage, mais c’est vrai que ça a toujours été dans notre tête et après l’arrivée de notre troisième j’ai vraiment voulu mettre en œuvre ce vœu très cher.
• AS : c’est un vœu que vous partagiez avant de vous rencontrer ou bien si c’est votre rencontre qui a provoqué ou fait apparaître ce souhait quand vous avez parlé de votre souhait d’avoir des enfants ?
• M : au départ c’était plutôt si on ne pouvait pas avoir d’enfant, mais bon après la discussion est revenue après Rémi.
• AS : pour vous c’était un souhait qui était antérieur à votre rencontre ou bien si c’est la rencontre qui a provoqué ce souhait ?
• Mme : non, c’est quand j’ai été mariée c’est là que c’est arrivé.
• AS : et vous aviez déjà rencontré des parents adoptants ?
• M : moi non
• Mme : moi j’en ai rencontré justement au moment où j’ai voulu mettre en œuvre cette adoption
• AS : c’est-à-dire après la naissance de Rémi ?
• Mme : voilà, j’ai d’abord rencontré l’institutrice qui venait d’adopter un enfant au Vietnam et je me suis dit “il y a des gens autour de moi qui le font, pourquoi je n’y arriverais pas” et qui m’a mis aussi en contact avec d’autres personnes qui venaient d’adopter aussi.
• AS : qui venaient d’adopter un enfant de ?
• Mme : au Brésil. Et qui viennent d’adopter un second enfant. La seule différence avec nous c’est que ce sont des personnes qui ne pouvaient pas avoir d’enfant. C’est sûr qu’il y a des moments où j’ai vraiment voulu cette adoption et maintenant c’est au fond de moi, je n’arrive pas à me dire non, je ne peux pas m’en défaire, c’est vraiment ancré en moi.
• AS : les premières personnes ou couples que vous avez rencontrés ?
• Mme : eh bien en fait j’ai rencontré la femme seule, j’en ai discuté avec elle ; et puis elle m’a montré la petite, elle me l’a amenée au travail pour me la montrer.
• AS : et l’enfant était petit, grand, bébé ?
• Mme : elle l’avait eue à deux ans mais quand elle m’en a parlé, elle avait quatre ans, et elle avait fait une nouvelle demande pour avoir un autre enfant et je trouvais ça...
• AS : et c’est cette rencontre qui a remis en route le projet ?
• Mme : et bien je lui ai dit, “c’est marrant, pourquoi cette rencontre parce que justement je suis en train de faire des démarches pour adopter” et elle m’a dit “c’est merveilleux, il faut continuer, il y a des enfants...”
• AS : donc vous aviez déjà commencé ?
• Mme : oui, c’était en cours, elle m’a dit qu’il fallait continuer, au contraire on avait déjà une famille et que c’était très bien, d’avoir déjà une famille qui puisse accueillir cet enfant, aussi bien qu’eux qui n’avaient pas d’enfant, elle m’a vraiment encouragée ; et je me suis dit “pourquoi pas nous” et ça a grandi en moi et c’est fou quoi ; même quand j’ai tenu Marie dans mes bras, j’aimerais trop un jour... c’est ma chaire quand même...
• AS : oui ça vient de plus profond comme vous dites de vous, quelque chose que vous n’arrivez pas à expliquer par ailleurs ?
• Mme : si, à mon mari souvent je lui dis : “je ne sais pas, il faut qu’on revoie l’assistant social”, la lettre est là pour dire qu’on a eu Marie, mais je n’arrive pas à m’y enlever de la tête.
• AS : vous n’avez pas les mêmes réactions ?
• M : non (rires), du moment qu’on a fait la demande d’agrément et les démarches sont assez lourdes quand même, après devant le refus de toutes les associations d’avoir un bébé alors qu’on était prêt, donc on a choisi de faire nous-mêmes un petit frère ou une petite sœur à Rémi, donc Marie est arrivée, moi ça me suffirait, mais c’est ma femme c’est dans sa tête, ça revient sans arrêt ; je la suis dans sa démarche, mais je la suis, c’est tout, c’est pas moi qui ferais la démarche.
• AS : quand vous avez fait la demande d’agrément, vous souhaitiez accueillir quel enfant ? c’était, j’imagine, un enfant qui était plus petit que Rémi et vous vous étiez fixé une limite d’âge ?
• Mme : voilà qu’il soit né après Rémi.
• AS : et vous aviez une limite d’âge maximum ?
• M : c’était moins de trois ans, actuellement ce serait moins de trois ans...
• AS : et au fur et à mesure que le temps passe, l’âge pourrait augmenter ?
• M : sans quand même...
• Mme : oui mais comme à l’âge de Rémi, je pense que ça doit être dur quand même...
• M : oui, voilà maximum deux ans.
• Mme : ça nous paraît dur d’accueillir un plus grand.
• AS : et par rapport à son origine, vous aviez mis des limites ?
• M : de type asiatique
• Mme : oui j’y tenais beaucoup, on avait demandé le Vietnam et à l’époque, c’était fermé...
• AS : et pourquoi l’Asie ?
• Mme : moi, ça remonte à mon enfance, c’est mon amie d’enfance qui était vietnamienne qui était adoptée, et j’ai gardé des souvenirs avec elle, c’était quelqu’un avec qui j’étais très bien, je m’entendais très bien, ils ont une douceur, ils ont un regard, ils sont chaleureux, et depuis on est parti, on a voyagé un peu, donc on est passé dans les pays d’Asie et on aime ce style ; j’ai une attirance... d’ailleurs quand j’en croise un ici dans la rue, j’ai du mal à me retenir de le regarder
• AS : et cette amie représentait qui pour vous ?
• Mme : en fait j’étais à l’école avec elle, c’était ma meilleure amie à l’époque, depuis la maternelle...
• AS : que vous avez gardée ?
• Mme : non on s’est perdu de vue, à mon grand regret, on s’est suivi pendant trois années...
• AS : et c’est quelqu’un qui a compté pour vous ?
• Mme : j’étais en cinquième, on a fait trois années ensemble jusqu’en troisième, à des âges où on aime bien avoir une amie, surtout que je n’avais pas beaucoup de relations, de... je ne parlais pas beaucoup avec ma maman, et je pense qu’on s’est confié beaucoup l’une et l’autre.
• AS : comment vous avez vécu la procédure d’agrément ?
• M : pas évidente, pas au niveau des démarches, mais de se remettre en question, surtout devant le psychologue, c’est bien dans un sens, mais pour avoir des refus après systématique, c’est trop. Mais pour nous ça ne s’est pas trop mal passé.
• AS : vous avez eu l’impression que les entretiens que vous avez eus, ont consisté en quoi ?
• M : avec l’assistant social, c’était plus nous éclairer sur les démarches, sur les conséquences d’une adoption, d’être conscient qu’une adoption ça ne se fait pas comme un enfant légitime, on va dire, c’est...
• Mme : c’est pas tout rose
• M : et puis avec le psychologue c’était plus une remise en question.
• AS : oui parce qu’un agrément c’est d’abord une évaluation, on doit donner un avis, et est-ce que vous avez eu l’impression qu’il y avait autre chose que ça ?
• M : il y a eu déjà le compte rendu qu’on a eu sur l’agrément, ça correspondait à ce qu’on est vraiment et ce qu’on souhaitait et en plus on a eu des conseils, des informations supplémentaires.
• AS : vous avez eu l’impression que cette procédure d’agrément vous avait amené quelque chose ou au contraire c’est nous qui étions venus chercher des informations sur vous ?
• Mme : moi je pense qu’il y a besoin de ces entretiens ; on ne peut pas... heureusement on nous a expliqué tout ça, on voit tout en rose en fait, il y a des questions qui n’ont rien à voir avec l’agrément et qu’on pose et on attend des réponses et vous êtes là pour...
• AS : des questions par exemple ?
• Mme : du type est-ce qu’il faut dire à l’enfant s’il est adopté ou pas, on y pense après...
• AS : est-ce que vous diriez que c’est une forme de préparation ?
• Mme : moi je trouve, vous nous préparez bien.
• M : du moment déjà qu’on fait les démarches, on est plus ou moins préparé, c’est qu’on est prêt. Donc c’est un complément de préparation.
• AS : donc la première préparation, c’est vous qui l’avez faite ?
• M : et bien oui, c’est se préparer dans la tête, en couple
• AS : voilà, donc pour vous il y a eu prise de vie commune, les enfants qui arrivent et cette idée d’adoption qui revient et à ce moment-là, comment ça s’est passé ?
• Mme : de toute façon c’est moi qui en ai parlé, c’est vrai que Rémi est arrivé dix ans après les deux aînés, c’est vrai que mon époux ne voulait pas un autre enfant parce qu’ils sont tous nés par césarienne, ça aussi ça comptait, et il m’a dit “si on le fait, on le fait maintenant” ça fera un équilibre par rapport à Rémi qui se trouvait enfant unique et pourquoi pas ?
• AS : et entre le moment où vous avez fait votre demande d’agrément et le moment où vous l’avez obtenu, est-ce que l’idée, l’attente de l’enfant a été modifiée ?
• Mme : non, on est resté...
• M : il n’y a que le sexe qu’on avait... on avait une préférence pour une fille, mais on était pas déterminé vraiment sur... l’âge passait en priorité.
• AS : et une préférence pour une fille, c’était ?
• M : non, en fait quand on fait la demande d’adoption c’est comme si on faisait un bébé, l’attente est plus longue. De toute façon quand on décide de faire un enfant, il ne vient pas le lendemain.
• Mme : oui ; on souhaitait soit un enfant d’Asie soit un enfant d’Amérique du Sud, on avait élargi un peu par rapport au Vietnam qui était fermé, mais c’était toujours dans le secteur géographique.
• AS : et vous avez élargi une fois que vous avez vu la situation au Vietnam, après l’agrément ?
• Mme : non, c’est l’assistant social qui nous avait alertés là-dessus, c’était pas possible.
• M : et puis après les refus...
• Mme : c’est vrai qu’en priorité j’ai contacté les associations pour la Thaïlande, pour le Laos et après je me suis tournée vers l’Amérique du Sud mais c’était un second plan, mais élargir en Afrique par exemple, par rapport à notre fille aînée, elle...
• AS : pour vous il y a une différence entre être parents et être parents adoptants ?
• M : oh oui, c’est pas les mêmes, on n’a pas les mêmes réflexes, on ne doit pas s’y prendre tout à fait pareil... pour parler avec l’enfant adopté, de son adoption, c’est obligé qu’un jour il y ait une discussion comme quoi ce n’est pas son vrai frère ou sa vraie sœur, donc on ne peut pas faire pareil, réagir de la même façon, on a une petite crainte...
• Mme : et puis il faut qu’on apprenne à se connaître, je pense que ce n’est pas évident pour lui non plus, il faut que les liens se créent, même si on attend.
• M : on voit bien, surtout depuis qu’on a la petite, surtout qu’elle a quatre mois, elle nous reconnaît déjà, elle sait qui on est, donc... un bébé de deux ans il aurait déjà eu une cassure, donc c’est dur à passer pour ses parents.
• AS : vous avez eu quelles réactions en recevant votre agrément ?
• Mme : moi, sincèrement j’attendais, j’ai trouvé un recommandé dans ma boîte aux lettres, j’ai téléphoné à la poste du village parce que j’attendais tellement ça, je me suis dit c’est peut être ça et la poste m’a dit «c’est reparti à la poste centrale », j’ai pris ma voiture et je suis allée chercher la lettre ; j’ai ouvert à la poste parce que j’attendais ça avec une impatience... je ne pouvais pas attendre le lendemain.
• AS : et ça représentait quoi pour vous ?
• Mme : pour moi, enfin, on nous avait bien dit qu’un enfant n’était pas dû parce qu’on avait l’agrément, mais pour moi, je me suis dit “çà y est, je vais réussir, je vais avoir cet enfant ; ils m’ont comprise, ils me suivent dans mon projet”, enfin c’était merveilleux ; enfin c’est ce jour-là qu’il me fallait le recommander, c’était pas le lendemain, il fallait que je sache.
• AS : et pour vous ?
• M : j’ai dû l’apprendre par téléphone, c’était l’aboutissement de notre démarche, on était comme on avait dit et vu que ça correspond, donc on avait été honnête et on nous avait fait confiance et puis de pouvoir lancer les démarches.
• AS : donc en même temps, la porte ouverte et le fait qu’on avait bien compris votre démarche et vous sentiez une confiance ?
• M : voilà.
• AS : donc vous avez l’agrément et après ?
• Mme : et bien après tous les courriers aux associations, les coups de téléphone, j’ai écrit à toute la liste qu’on m’avait donnée ; ils ont tous eu un courrier, ils m’ont tous répondu et par rapport aux réponses j’ai téléphoné ; c’est pas évident et puis là quand on prend tout, c’est l’échec, c’est dur.
• AS : et les réponses ?
• Mme : et bien déjà, les conditions mises par les pays, vu que nous avions déjà trois enfants, ce n’était pas possible, en Thaïlande si on avait deux enfants du même sexe ils pouvaient nous en confier un troisième, mais pour nous ça n’allait pas ; pour le Laos, il ne fallait pas avoir deux enfants, pour la Chine pareil.
• AS : donc vous vous retrouvez avec des réponses négatives et vous faites quoi ?
• Mme : et bien on est parti avec nos trois enfants en vacances dans le Pacifique en février 2000 et on a conçu notre petite fille. Donc toutes les portes se sont fermées.
• AS : donc ça c’était combien de temps après votre agrément ?
• Mme : on a eu l’agrément en février, et j’étais allée lire les comptes-rendus pour savoir s’il y avait des choses à...
• AS : vous avez eu quels sentiments quand vous avez eu toutes ces réponses négatives ?
• M : autant l’agrément c’était bien, autant là c’était un échec ; si toutes les associations sont pareilles, il faudrait peut-être qu’on nous le dise, que ça va être très très dur pour vous, ou impossible ; plutôt que d’avoir l’agrément et se dire “ce coup-là, c’est bon” et de voir que personne ne nous suit.
• AS : donc un grand découragement ?
• Mme : oui, ça m’a brassée, complètement, avec une association, je pleurais au téléphone et la dame m’a dit  “ écoutez Madame, je sais que vous êtes très malheureuse, rappelez-moi quand vous voulez, on pourra en parler pendant des heures si vous voulez, faîtes votre bébé, faîtes votre bébé, il y en a qui ne peuvent pas en avoir ”, et là j’ai dit non, c’est pas la peine
• M : autant moi je comprends ça, mais elle non, je comprends que des personnes qui ont l’agrément et pas d’enfant soient prioritaires.
• Mme : oui, mais moi je dis aussi que je peux rendre un enfant heureux
• M : oui mais en terme de priorité
• Mme : on parle tout le temps de tout ce qui se passe dans le monde, et je me dis pourquoi pas nous ? Mais il y a quand même un enfant quelque part, je ne peux pas croire... je ne comprends pas là
• AS : et si on fait abstraction pendant trois minutes du fait qu’il y a effectivement des enfants dans le monde qui ont besoin de parents et qui n’en ont pas, par rapport à vous, à vos sentiments, pour vous l’adoption ça a quel sens ?
• Mme : pour moi, comment expliquer ? comment je pourrais dire ? c’est pas évident de trouver les mots ; c’est profond, j’ai envie de cet enfant, je le désire, c’est pas la peine que j’en mette au monde encore deux ou trois naturellement, c’est celui-là que je veux maintenant ; Marie est là, mais je ne peux pas m’empêcher... j’ai envie de cet enfant, je suis prête à faire, je ne sais pas combien de démarches pour aller le chercher, pour aller... c’est ce que je me suis dit quand on a pris la maison, ils ont tous leur chambre et il y a encore une chambre pour lui.
• AS : il y a encore de la place ?
• Mme : oui et puis une chambre, sa propre chambre.
• AS : avec qui vous parlez de l’adoption, avec qui vous en avez parlé ?
• Mme : avec personne ; la famille vous voulez dire ? Moi, j’en ai parlé à des amis maintenant...
• M : on en a parlé pendant le temps où on faisait les démarches ; pour mon cas personnel, j’évite même d’en parler, comme ça ne relance pas trop la discussion parce que c’est plus dur pour repartir, mais elle c’est dans sa tête, c’est dans sa tête,
• Mme : j’y ai pensé pendant toute ma grossesse ; et quand j’ai eu Marie dans les bras à la maternité, c’est revenu d’une force.
• AS : vous avez rencontré d’autres parents adoptants ?
• Mme : non, la dame que j’avais vue a arrêté de travailler ; mais j’ai contacté des parents dont l’assistant social m’avait donné des coordonnées, des parents qui avaient adopté un petit garçon de Thaïlande, par téléphone ; et après j’ai contacté des personnes qui ont adopté au Mexique, par téléphone aussi, c’est l’assistant social qui m’avait donné aussi les coordonnées ; des gens très gentils “venez à la maison, venez voir nos enfants, ils sont super”
• AS : et là il n’y a pas eu de suite ?
• Mme :mais c’est-à-dire qu’ils ne les avaient pas eus vraiment bébé, ils avaient trois ou quatre ans et ça nous avait arrêtés un peu ; déjà quitter l’Asie et en plus pas de bébé, mais ça s’est arrêté là.
• AS : vous aviez pris contact avec Enfance et Famille d’Adoption ?
• Mme : Enfance et Famille d’Adoption ? non, ça ne me dit rien du tout.
• AS : ce n’était pas un besoin pour vous d’avoir des contacts avec des parents adoptants ?
• Mme : moi, je pense que ce serait venu du moment où on allait aboutir, rencontrer d’autres parents... si on avait des interrogations
• M : pour savoir comment ça s’est passé pour eux, qui ils ont rencontré là-bas
• Mme : oui, c’était plus à ce moment-là, il aurait fallu que l’on avance un peu plus...
• AS : donc par exemple si vous aviez un chemin qui s’ouvre dans tel pays, vous pensez que vous auriez souhaité rencontrer des gens pour voir concrètement.
• M : voilà, parce que avant non...
• AS : les relations avec les professionnels de la Dipas, vous en diriez quoi ?
• Mme : ça s’est bien passé
• AS : et vous avez l’impression que les entretiens étaient ?
• M : avec l’assistant social, on a eu plus de contacts, parce qu’on a vu une fois le psychologue, l’entretien avec lui a été plus difficile
• AS : et pourquoi ?
• Mme : je ne sais pas
• AS : vous avez eu le souhait à un certain moment de demander quelque chose à quelqu’un et à qui vous l’avez demandé ?
• M : si quand on a eu besoin, on a demandé à une personne qui travaillait en Thaïlande et là on s’est dit que par son intermédiaire, et malheureusement par rapport au texte, on ne pouvait pas ; et en plus il est revenu avec une femme qui était née là-bas donc...
• AS : il y a combien de personnes environ qui sont au courant de votre projet d’adoption ?
• M : très peu, nos enfants, un couple d’amis très proches
• Mme : et moi la personne que j’ai rencontrée, l’institutrice
• M : et puis surtout devant le refus des associations ; si ça avait débouché, c’est sûr qu’on en aurait parlé à plus de personnes mais bon, on évite même d’en parler aux enfants.
• AS : donc Marie arrive et l’adoption est toujours là et vous vous êtes dit quoi ?
• M : c’est surtout que tous les mois elle me ressortait son dossier, donc elle écrivait quand même parce qu’on recevait des trucs...
• AS : aujourd’hui, vous avez quelles demandes à faire à qui ?
• Mme : la seule demande aujourd’hui, c’est qu’on me dise si mon projet peut aboutir.
• AS : et qui peut vous dire ça ?
• Mme : je pense que c’est le Conseil général qui peut, l’assistant social qui nous connaît.
• AS : donc vous en êtes aujourd’hui à attendre quoi ?
• Mme : j’attends la vérité, sincèrement, qu’on me dise “c’est fini, ce n’est pas la peine d’insister” ce sera très dur, mais au moins je saurai...
• M : en fait, on est toujours dans l’incertitude
• Mme : maintenant je veux qu’on me dise
• AS : donc maintenant vous auriez besoin, vous auriez demandé ?
• Mme : et bien qu’on me dise si ça va être possible, qu’on m’aide pour que j’y vois plus clair
• AS : c’est ce dont vous auriez besoin aujourd’hui et avant ?
• M : avant rien de... non, quand on avait besoin de renseignements, on téléphonait, donc...
• AS : et pour vous le terme accompagnement signifierait quoi ?
• Mme : pour moi, aujourd’hui, ce qu’il me faut c’est la vérité “est-ce que je vais adopter un jour ou pas ” je voudrais savoir, qu’on me dise enfin si c’est possible.
• AS : et qui pourrait vous dire cela ?
• Mme : et bien l’assistant social, celui qu’on connaît, qui nous suit.
• AS : et vous pensez vraiment qu’il pourrait vous donner une réponse ?
• M : il doit bien savoir quand même
• AS : ou plutôt vous aider à éclaircir un peu les choses, en vous donnant des informations ?
• M : oui si vous voulez
• AS : si vous voulez bien, on va reprendre cette question hors micro ; merci à vous de cet entretien.