Entretien n° 26. Monsieur et Madame BERNARD : « L’agrément : j’ai plutôt ressenti ça comme un accompagnement plutôt qu’un jugement ».

AS : la première question que je souhaitais vous poser est celle de savoir pourquoi vous avez demandé un agrément adoption ?
M : pour pouvoir adopter.
Mme : moi, je sais que ça a toujours été un rêve depuis tout le temps tout le temps.
AS : c’est-à-dire quelque chose d’un peu idéal qui existait depuis plusieurs années ?
Mme : oui, depuis plusieurs années avant de faire la démarche ; depuis que je suis toute petite, je voulais adopter des enfants.
AS : oui, donc la question de l’adoption dans votre famille d’origine, c’était quelque chose qui était connu et parlé facilement ? Et vous savez d’où ça vous venait ?
Mme : ça, je ne sais pas.
M : moi, c’est mon épouse qui m’en a parlé, même avant qu’on ait les gamins, et en principe moi, j’étais tout à fait pour et l’idée c’était qu’on ait déjà des enfants et après d’adopter.
AS : et pour vous ce projet d’adoption répondait à quoi ? Faire plaisir à votre épouse ?
M : oui, il y avait déjà ça et puis de se dire de tirer un enfant de la mélasse ; et pour moi, ça n’a jamais été question dans ma tête d’adopter un petit gamin, pour moi ça a toujours été adopter un enfant entre cinq et dix ans.
AS : voilà, un enfant qui serait un petit peu grand. Et pour vous ?
Mme : moi, la question d’âge, ça ne m’aurait pas gênée d’avoir un bébé, ou un enfant plus grand…
AS : et quand vous avez eu votre agrément, c’était pour accueillir un enfant qui serait plus petit que votre dernier ?
M : oui, voilà
AS : et entre le moment où vous avez pensé à l’adoption et le moment où vous avez eu votre agrément, vous avez eu l’impression que votre attente par rapport à l’enfant a été modifiée ?
M : non
Mme : non
AS : donc un enfant qui serait un peu grand et par rapport à son origine ?
Mme : on avait dit par affinité, on aurait préféré l’Afrique, par affinité personnelle, par rapport à nous, par rapport à la famille, parce que mon mari a un oncle africain, on a des attaches avec l’Afrique, avec l’Amérique Latine aussi, des affinités, des attaches familiales, voilà c’est un souhait, ce n’est pas du tout restrictif.
AS : et par rapport à son sexe ? un garçon ou une fille ?
Mme : pour nous c’est indifférent ; mais on avait dit que du point de vue de l’enfant, c’est peut-être mieux une fille parce que pour elle, c’est peut-être plus difficile pour les petites filles de s’en sortir que pour les garçons. Mais c’est pareil, pour nous, ce n’est pas important.
AS : donc ce n’est pas une question d’infécondité, de stérilité qui vous avait amenés à faire cette demande d’agrément ? et vous vous rappelez de ce qui avait déclenché la demande ? Pourquoi à ce moment-là et pas à un autre ?
M : pourquoi pas ? On avait décidé d’avoir nos quatre enfants et après d’adopter.
Mme : moi, j’aurais pu tous les adopter, ça ne m’aurait pas gênée, c’est toi qui voulais d’abord en avoir.
M : oui.
AS : vous vous rappelez de la procédure d’agrément ? les entretiens se sont passés comment pour vous ?
M : sans rien de particulier.
Mme : moi, plutôt de bons souvenirs ; autant on nous en avait fait un monde, parce que autant dans notre famille que chez des amis, on connaît pas mal de gens qui ont adopté, et c’est vrai qu’on nous a toujours fait un tableau un peu apocalyptique des démarches administratives ; moi c’est un peu ce qui m’a freinée au départ, j’aurais volontiers fait plus tôt les démarches.
AS : donc des entretiens qui n’ont pas été pour vous quelque chose de ?…
M : non absolument pas, non plutôt des rencontres positives, plutôt un bon souvenir
Mme : oui et puis les rencontres avec les personnes…
AS : et pourtant, on devait porter un jugement sur votre demande, faire une évaluation puisque nous devons donner un avis, mais vous n’avez pas ressenti ce côté évaluation de manière forte ?
Mme : non
M : si, mais pas…, vraiment banal quoi, oui mais moins que ce qu’on peut entendre…
AS : et vous avez l’impression que les entretiens vous avaient apporté quelque chose à vous ?
M : non
Mme : moi si, un peu, on a abordé des sujets qu’on avait pas abordés entre nous… même que tu as dit des choses que je ne savais pas
M : oui, c’est vrai, ça fait parler donc on arrive à dire des choses et à en attendre.
Mme : c’est pour ça d’ailleurs que j’en garde un bon souvenir.
AS : donc c’est un moment où vous pouviez dire des choses en confiance en tout cas ; il y avait un climat de confiance vous avez l’impression ?
M : pas sur le premier entretien mais au bout d’un moment oui, j’ai souvenance du premier entretien où l’assistant social était venu à la maison, en fait on dit tellement de choses ; enfin le premier on se sent un peu jugé…
Mme : oui, et puis on ne savait pas où on allait, on ne connaissait pas la personne en face.
M : oui c’est ça, le premier entretien peut-être plus d’observation et puis après plus de discussions.
AS : et vous en aviez parlé à qui de votre projet d’adoption ?
M : moi, à mes parents
Mme : oui et puis aux enfants beaucoup, autrement non, et puis aussi à des amis
AS : et combien de personnes étaient informées de votre projet à ce moment-là ?
Mme : peut-être quatre ou cinq, même une dizaine au total.
AS : donc plutôt quelque chose dont vous parliez en famille ?
Mme : oui, énormément avec les enfants et puis quelques amis. Moi mes parents je n’en ai pas trop parlé, mais je sais qu’ils seront pour sans problème, parce qu’il y a plein d’enfants adoptés dans la famille, par contre le fait qu’on en ait un en plus, ça va les affoler, mais autrement, quand je leur annonçais que j’étais enceinte, c’était pareil donc… ce n’est pas le problème de l’adoption, c’est le problème d’en avoir un autre.
AS : et quand vous avez reçu l’agrément, vous avez quelles réactions, quels sentiments ?
M : on était content.
Mme : oui, c’était une étape. Honnêtement moi, j’y pensais depuis longtemps, j’aurais fait la démarche plus tôt, mais moi, c’est les démarches, ça me… avant de les faire… parce qu’une fois que je suis dedans, tout va bien, mais c’est l’idée que je m’en fais.
M : c’est vrai que les entretiens ont fait poser des questions qu’on ne s’était pas posées.
Mme : oui et puis honnêtement, je l’ai trouvé vraiment bien.
AS : et cet agrément représentait quoi pour vous ?
M : un papier, une autorisation
Mme : oui, une porte ouverte sur autre chose
M : oui, même pas, enfin une contrainte administrative en moins, plus ça qu’autre chose quand même.
Mme : oui qui permet de continuer, ce n’est pas un but en soi.
M : oui pour nous ce n’est pas pareil mais je pense que pour des gens qui n’ont pas de gamin, ça doit être quand même difficile à vivre, pour eux ça doit être l’enfer ; le fait de se sentir observé…
AS : donc vous pensez que le fait d’avoir déjà des enfants met dans une position un peu différente ?
M : oui, un peu privilégiée pour l’adoption
AS : c’est ça, vous étiez dans une attente un peu différente ?
M : oui, nous on voulait avoir le droit de le faire, et être tranquille au niveau administratif, donc ce n’était pas à faire tout de suite et on n’avait pas à combler un manque, donc il y a une sérénité dans les entretiens.
AS : après avoir eu l’agrément, est-ce que vous avez rencontré des parents adoptants ?
Mme : oui donc on a de la famille qui a adopté, de la famille proche que l’on voit très souvent ; on a des amis aussi, moi je connais trois familles qui ont adopté aussi, donc on en connaît pas mal. On n’en a pas connu spécialement depuis qu’on a fait la démarche nous, c’est des personnes qu’on connaissait d’avance.
AS : et le fait de rencontrer des parents adoptants, c’est quelque chose qui pour vous a été marquant d’une manière ou d’une autre ou pas spécialement ?
Mme : non, pas spécialement
M : non : absolument pas.
Mme : ceux de notre famille, ils n’ont pas pu avoir d’enfant ; les trois familles que je connais, ils sont comme nous, ils ont déjà des enfants.
AS : et vous vous sentiez plus proches de qui ?
Mme : nous c’est plus cette démarche là.
AS : vous pensez qu’être parents d’un enfant né de votre couple et être parents adoptifs, c’est pareil ?
Mme : pour moi oui.
M : pour moi, non, ce n’est pas la même chose. Et c’est pour ça que je pense que les entretiens servent à quelque chose, ce n’est pas la même chose. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce n’est pas pareil.
AS : et cette différence c’est quoi ?
M : et bien je me rappelle d’un entretien où on m’a posé la question de savoir comment je réagirais si mon enfant ne réussissait pas bien au niveau scolaire ; et ça m’est revenu avec une violence ! Ou un gros pépin qui arriverait ; je ne sais pas bien, ça me perturbe. Là j’ai besoin de réfléchir.
AS : et pour vous ?
Mme : moi, je ne fais pas du tout de différence ; je ne vois pas de différence. Qu’un enfant soit à moi, naturellement ou pas naturellement, pour moi, c’est pareil. Et je vous dis, les gens que je connais, les trois familles, ils ont le même comportement avec le leur qu’avec les autres ; les gamins grandissent, il n’y a pas d’écart.
AS : donc vous avez un agrément adoption et vous faites quoi ?
Mme : en deux ans, rien. Ce n’est pas compliqué. On a eu des choses difficiles à gérer depuis deux ans et le projet d’adoption n’était pas vraiment à l’ordre du jour ; donc on a fait aucune démarche.
AS : donc pendant deux ans, votre projet a été mis entre parenthèse ; donc vous n’avez rien attendu des services départementaux ? Est-ce que vous avez attendu quelque chose ?
Mme : et bien non ; peut-être espéré vaguement mais attendu non.
AS : et espéré quoi ?
Mme : non, non, je dis ça, non. Non, ce n’était pas faisable.
M : mais il est resté quand même dans les projets de la maison, parce que pour les plans, on avait demandé à l’architecte de prévoir six chambres, on lui a expliqué qu’il nous en fallait six.
Mme : oui, on l’a toujours gardé en tête, mais on n’en a pas reparlé, il y avait plus urgent à faire.
M : oui, ce n’était pas la priorité.
AS : avec qui vous parlez plus volontiers d’adoption ?
Mme : l’adoption en général ou notre projet à nous ?
AS : les deux ?
Mme : et bien les gamins m’en parlent souvent
AS : et entre vous quand vous en reparlez vous vous dites quoi ?
Mme : et bien nous on n’en a pas reparlé depuis très longtemps et moi j’attendais que ça se remette un peu en place ou sauf hier soir, douche froide, où il m’a dit «à mon avis, on ne devrait plus le faire» ; là j’avoue que…
AS : donc vous en êtes aujourd’hui à remettre sur le métier cette question de la réalisation de l’adoption ? En tout cas, pour vous, c’est comme ça que se posent les choses ?
M : oui, j’ai besoin de réfléchir, et je me pose beaucoup de questions.
AS : par rapport à ça, est-ce que vous attendez quelque chose de quelqu’un qui vous permettrait d’y voir plus clair ?
M : non, c’est une histoire entre nous deux. et puis avant tout, la question, elle est à moi tout seul de voir…
Mme : mais tu en as discuté aussi avec ton ami qui avait fait la même démarche et qui l’a arrêtée aussi, peut-être plus tôt parce que je ne sais pas s’ils ont fait la demande ou pas.
M : oui, c’est vrai ; pendant qu’on était dans l’agrément, on en avait parlé, et il m’avait dit qu’il était tout à fait pour et puis finalement il ne s’était pas senti, que si ça tournait mal, il ne pourrait pas assumer. Moi, c’est vrai que je me suis rendu compte que je m’étais toujours imaginé ça de manière un peu idéale, et puis le fait d'en discuter... pour moi, c'était nouveau, c’est peut être plus réaliste.
AS : cet ami pour vous représente qui ?
Mme : il te connaît depuis que tu es tout petit.
M : depuis que j’ai quinze ou seize ans. On discute de beaucoup de choses, des enfants…
AS : c’est un peu lui qui vous a amené à vous poser cette question ?
M : non, c’est l’assistant social, mais c’est revenu avec lui ; progressivement il y a des phrases qui reviennent et qui reviennent parce qu’elles touchent un point sensible, elles ne reviennent pas par hasard et…, si on avait un enfant qui ne marchait pas, tout ça…, mais je ne pouvais pas répondre autre chose dans le cadre de l'agrément ; maintenant si on veut être franc sur l’histoire d’agrément, on se dit qu’il y a des trucs qu’on va taire, c’est pour ça que je trouve que c’est un peu pipé ; je le dis franchement, tout le monde le sait… après c’est aux autres à le sentir. C’est pour ça que je vous dis que cet agrément, c’est d’abord un papier, mais l’ensemble n’est pas totalement inintéressant et la preuve en est là ; ça m’a fait poser des questions que je ne me serais sûrement posées autrement. Avant c’était un truc un peu idéaliste et maintenant je me pose des questions ; voilà j’ai plein de questions dans ma tête et j’ai besoin de réfléchir. J’aime bien me poser, de toute façon je fais toujours ça, et après je n’ai plus de doute. J’ai peur de me laisser entraîner dans quelque chose et je ne supporte pas ça.
AS : et pour cette question d’adoption, avec qui vous iriez en parler, vous et en couple, pour vous aider finalement à prendre une décision ?
M : j’ai besoin de réfléchir moi ; pour moi ce n’est pas clair donc tant que ce n’est pas clair…
AS : et avec qui vous iriez en parler ?
M : pour le moment personne.
AS : donc la question de la réalisation ne se pose pas encore pour vous ?
M : pour l’instant non.
AS : si vous aviez un conseil ou une aide à demander, vous iriez voir qui ?
Mme : je ne sais pas
AS : soit pour prendre la décision, soit pour voir pratiquement comment vous pourriez réaliser ?
Mme : personnellement, je pense que je retournerais voir l’assistant social. Moi, je ne pose aucune question, enfin je me les suis posées…
AS : vous iriez voir des parents adoptants ?
M : non, je ne crois pas.
Mme : des gens qu’on ne connaît pas, comme ça ? non pas spécialement.
M : je ne vois pas ce que ça changerait.
AS : ce n’est pas une référence forte pour vous ?
M : non, parce que chaque histoire est individuelle, et puis ils sont pris dans leur histoire
Mme : pour les démarches, je pense que je reviendrais voir l’assistant social, parce que il y a des lois qui changent selon les pays
M : ou peut-être voir des parents adoptants si on veut passer par une filière étrangère.
Mme : voilà si on choisit une association, mais on ne s’est pas encore trop renseigné là-dessus, éventuellement oui, voir des parents adoptants, pour les démarches administratives, pratiques ; des gens qui auraient adopté récemment
M : voilà ; si on va en Afrique, aller voir des gens qui y sont allés, pour être sûrs de ne pas se faire avoir.
AS : et est-ce qu’il y a des choses que vous ne demanderiez qu’aux adoptants et d’autres qu’aux professionnels ?
M : pas d’à priori.
Mme : moi, je pensais d’abord plus à l’assistant social et puis après effectivement s’il y a des gens qui ont adopté récemment au même endroit, peut-être plus avec eux parce qu’ils ont mieux vu le côté pratique, mais non autrement.
M : oui c’est ça, plus pour nous guider et après plus pour des questions matérielles, vers des gens qui l’ont vécu récemment.
AS : et vous préféreriez rencontrer des adoptants qui ont déjà des enfants comme vous et qui veulent adopter ou des adoptants qui n’ont pas encore d’enfants ?
Mme : enfin nous, si on rencontre des gens, c’est juste pour l’aspect matériel, pratique, mais c’est pas une question s’ils ont déjà des enfants ou pas.
M : c’est plus l’âge de l’enfant qu’ils ont adopté.
AS : je passe à autre chose ? Comment vous pourriez qualifier les relations que vous avez eues avec les professionnels ?
M : chaleureuses
Mme : c’est un peu ce qu’on disait tout à l’heure.
M : avec l’assistant social, c’était chaleureux et ça a apporté des choses.
Mme : pas forcément bonnes.
M : oui c’était intéressant de discuter, au départ on y va en se disant «c’est un truc démoniaque», mais non après…
AS : vous auriez attendu autre chose de la manière dont les choses ont été organisées avec l’agrément et après ? Est-ce que vous aviez d’autres attentes ?
Mme : moi, je n’en attendais pas tant ; je ne pensais pas qu’il y aurait ces discussions ; moi je voyais plus l’aspect tests, d’après ce qu’on m’en avait dit ; et j’ai été agréablement surprise.
M : oui, c’est ça, on se dit, "on va être jugé".
AS : si vous continuez votre projet, vous vous tourneriez du côté des œuvres ou du côté de l’adoption directe ? C’est peut-être une question un peu prématurée ? Mais comme ça, spontanément ?
M : d’après ce qu’on nous en avait dit, les œuvres, ça a l’air complètement «noyauté», c’est une maffia ; ce qui fait qu’en pratique, on n’aurait pas beaucoup le choix. Enfin, justement il faudra qu’on en reparle avec l’assistant social clairement, mais d’après ce qu’on a entendu dire, il y en a qui mettent des critères moraux, des machins, enfin, moi les œuvres.
AS : et ça, qui vous en a parlé ?
M : tu sais les trucs à la TV, qu’on avait vus.
Mme : moi je ne sais pas du tout
M : oui, c’est trois personnes qui tiennent l’association et qui mettent des jugements à eux ; moi je n’ai pas envie de rentrer dans ce genre de trucs. Enfin, il faudra voir si c’est vraiment ça, mais je n’ai pas envie de rentrer dans ce genre de truc.
AS : bien c’est une question un peu prématurée.
AS : et qu’est-ce que ça voudrait dire pour vous que d’être accompagnés ?
M : conseillés.
Mme : et bien ce qu’on a été jusque là.
M : conseillés, au sens large : guidés vers des personnes ; déjà nous expliquer les systèmes bien clairement, parce que c’est flou et une fois après nous expliquer les avantages et les inconvénients de tel système et puis nous guider vers des personnes ou des filières
Mme : pour moi pareil. Mais la première partie qu’on a eue jusqu’à maintenant, j’ai plutôt ressenti ça comme un accompagnement plutôt qu’un jugement ; ça nous a fait dire des choses, poser bien des questions, mettre les choses en ordre donc la suite je la vois un peu pareille.
AS : vous pensez que des parents adoptants peuvent également vous accompagner, des gens qui ont déjà adopté ?
M : pour nous expliquer comment ils sont allés chercher les enfants, si ça s’est bien passé, s’ils peuvent nous donner des conseils, s’ils le referaient ou pas comme la première fois.
Mme : oui, mais c’est par rapport à l’agrément, s’ils l’ont mal vécu.
AS : vous connaissez Enfance et famille d’Adoption ?
Mme : de nom
AS : ça ne vous intéresse pas de rentrer dans un système associatif de parents adoptants ? prendre contact ou participer à des activités, c’est-à-dire faire partie d’une association ?
Mme : moi je me suis posée la question ; ça peut avoir un côté positif mais aussi un côté plus négatif. Justement les gens qui ont adopté des enfants et qui ne sortent qu’avec des gens qui ont adopté des enfants, ça peut les mettre à part du commun des mortels, je trouve ; un peu… ça me fait un peu bizarre… enfin si c’est pour aider d’autres personnes qui veulent adopter, il n’y a aucun souci là-dessus, mais ne sortir qu’avec des gens qui ont adopté…
M : mais avoir un contact pour voir comment ils ont adopté, oui.
AS : bien. Est-ce que vous avez rencontré des personnes qui pour vous ont été un contre modèle à ce que vous imaginiez comme futurs parents adoptants ?
Mme : rencontré non, mais justement je vous disais, ces histoires à la TV, il y a des gens qui ne vivaient qu’avec d’autres qui avaient adopté dans le même pays. Très franchement, pour moi, l’enfant adopté, je le considère comme un autre enfant après.
AS : il y a d’autres choses que vous auriez aimé me dire ou que j’aurais oublié ?
M : non pas spécialement.
AS : je reviens à une question. Vous avez l’impression que l’idée de l’enfant que vous souhaitez adopter maintenant a changé par rapport à celle que vous aviez au début ?
M : non ; blanc, noir, jaune
Mme : non.
AS : et si vous, vous n’adoptiez pas ?
Mme : et bien j’aurais raté un gros truc.
AS : c’est important pour vous ?
Mme : oui. Moi, depuis toute gamine. Mais enfin, je ferais avec.
M : oui, il faut que je range tout ça dans ma tête et peut-être que je reviendrai voir l’assistant social ; c’est ce que je retiens aujourd’hui.
AS : merci pour cet entretien.