Chapitre 1. Les programmes scolaires et l’idée du vrai.

Juxtaposer les visées scientifique et philosophique permet de souligner que l’enseignant régule ses actions didactique et pédagogique selon sa propre pensée de l’humain et ses représentations de l’idée du vrai. Autrement dit, sa façon de faire traduirait sa manière de penser et réciproquement.

Seulement, l’enseignant n’est pas totalement maître de ses actions et ne jouit pas d’une autonomie complète puisque pour prévenir toute déviance dans l’acte éducatif, le professeur de mathématiques (comme bien d’autres) se doit de respecter les « garde fous » de la rectitude de la démarche enseignante ; c’est-à-dire suivre et comprendre l’esprit des contenus des textes et recommandations officiels 182 .

Il est tenu certes de s’y conformer, mais chacun sait bien combien la distance peut être grande entre les interprétations de l’enseignant et les intentions de la noosphère. Il n’y a là rien d’étonnant car chaque individu a une histoire, chaque individu est une histoire et cela paramètre certainement la manière dont il reçoit ces instructions.

C’est donc en fonction de ces présupposés que nous proposons une analyse des recommandations officielles afin d’étudier de quel côté elles tirent l’enseignant en regard de l’idée du vrai. L’entreprise est risquée puisque nous sommes imprégnée de représentations qui peuvent induire cette analyse ; parfaitement consciente de cet état de fait, nous présenterons dans un premier temps une étude critique des programmes et directives officiels de mathématiques de collège en convoquant des concepts éclairants et garants d’une bienveillante « objectivité » au sens de Fourez. Car la signification n’est pas immanente, donnée, déjà-là, à la fois intérieure et extérieure à la question que l’on se pose. Insistons à nouveau, l’objectivité ne s’oppose pas à l’autorité subjectivité, dans la mesure où le fait qui est tenu pour vrai, résulte lui même d’une construction tant « l’observation est une construction sociale relative à une culture et à ses projets » 183 car « le fondement de l’objectivité scientifique est plutôt la soumission à des protocoles qui sont à la fois expérimentaux et théoriques. C’est dire qu’on obéit à des règles dans la façon de faire des expériences aussi bien que dans la façon de raisonner » 184 puisque « la science s’affirme aujourd’hui science humaine science faite par les hommes et pour les hommes ». 185

Notes
182.

Ces documents officiels sont visibles en Annexe 10.

183.

FOUREZ G. opus cit. p. 38

184.

ATLAN H. - Education et société in Esprit n° 174 - Sept. 1991.

185.

FOUREZ G. opus cit. p. 40.