Au sujet de l’hypothèse interactionniste.

D’une part, le processus de développement est conçu comme indépendant de celui de l’apprentissage, mais d’autre part ce même apprentissage, au cours duquel l’enfant acquiert toute une série de formes de comportement, est considéré comme coïncidant avec le développement ». 218 Exprimée d’une autre façon cette théorie poserait le principe qu’il y aurait une logique propre du développement tandis que les apprentissages apporteraient leur contribution à son égard.

Prolongeant cette conception Vygotsky avance le concept de « zône proximale de développement » qui nous permettra de clarifier ce que nous entendons par interactioniste .

Ce chercheur reprend à son compte le fait qu’il y ait bien une relation entre « un niveau donné de développement et la capacité potentielle d’apprentissage » mais l’originalité de sa pensée réside en fait dans la détermination de cet espace appelé « zône proximale de développement » compris entre deux niveaux de développement. Le premier niveau nommé l’âge mental chez l’enfant (caractérisé par sa capacité d’action autonome) et le second qui rendrait compte de sa capacité d’action avec aide ce qui implique que « ce que l’enfant est en mesure de faire aujourd’hui à l’aide des adultes, il pourra l’accomplir seul demain. La zône proximale de développement nous aide ainsi à connaître les pas futurs de résultats déjà obtenus mais aussi ceux en voie d’acquisition [...] le point essentiel consiste en l’affirmation que les processus du développement ne coïncident pas avec ceux de l’apprentissage mais suivent ces derniers en donnant naissance à ce que nous avons défini comme zône proximale de développement » 219 . En cela Vygotsky met en relief le rôle du milieu dans l’acte d’apprentissage comme déclencheur d’une évolution dans le développement. Avec l’emploi du mot milieu nous voulons signifier l’efficience de l’interaction des contextes aussi bien pédagogique (travaux de groupes ; confrontations des arguments avec l’Autre) que didactique car, en référence à nouveau à des propos de P. Meirieu « la didactique consiste à organiser des dispositifs construits sur des opérations mentales inscrites dans le processus de développement mais non encore actualisées ». Les dispositifs en question correspondant à la mise en place de situations didactiques, à l’intérieur desquelles l’aide des pairs s’organiserait pour permettre à l’enfant d’agir de façon autonome dans le futur (lors de situations non didactiques ou a-didactiques). Ainsi donc pourrions-nous schématiser la richesse de la pensée de Vygotsky de la façon suivante : l’enseignement provoqué (actions didactiques par exemple) greffé sur la zône proximale de développement favorise l’apprentissage pour déterminer le développement.

De ce choix du modèle constructiviste et interactionniste découle la nécessité de privilégier trois conséquences, contribuant à pointer le rôle important que vont jouer successivement, la théorie des situations fondamentales ; la notion d’obstacle ; le rôle du contrat didactique en regard du projet de dévolution et de contre dévolution.

Notes
218.

SCHNEUWLY B. et BRONCKART J. P. Vygotsky L. - Textes de base en psychologie - Edition Delachaux et Niestlé . 1985. p.99

219.

SCHNEUWLY B. et BRONCKART J. P. opus cit. p.109