La question de la scientificité des résultats en sciences de l’éducation.

Notre ambition est de montrer que notre hypothèse de recherche (assertion à éprouver) résiste à la confrontation au réel. Mais notre résultat n’est vrai qu’à titre précaire. L’épistémologie poppérienne nous a appris qu’être scientifique pour un résultat tient moins de sa capacité à être vérifié qu’à celle de s’exposer au risque de se voir réfuter. De sorte, qu’en toute rigueur, la vérification de ce que nous avançons est impossible. Nous n’avons pu constater que l’hypothèse que nous avançons n’est pas actuellement démentie par les faits (globalement). Autrement dit, et étant donné le type d’interrogation qui est la nôtre dans le champ didactico-pédagogique, pas plus la recherche action qu’une autre expérimentation ne peut apporter des réponses scientifiquement prouvées au sens de la logique formelle tant personne ne peut prétendre pouvoir prouver la pertinence d’une pratique et tant il s’agit de « relativiser la valeur universelle de la scientificité » 328 .

Comme nous y invite M Develay 329 , dans les sciences herméneutiques, il faut accepter que la recherche ne soit pas synonyme de démarche de preuve au sens des sciences formelles car on doit interroger des pratiques par l’efficacité qu’elles permettent. Si nous avons opté pour une recherche en Sciences de l’éducation, c’est aussi pour revendiquer que ce qui fonde la scientificité d’une recherche, ce n’est pas uniquement sa validité tant elle peut être discutée en regard des modèles théoriques qu’elle sous entend, mais aussi, comme le propose Habermas à savoir, que la scientificité d’une recherche repose sur sa « valeur informative pour le contrôle et l’élargissement de l’action efficace ». Perspective qui fait que la validité d’une recherche en éducation ne relève pas de la force de sa démonstration mais dans la conviction de son intérêt pour une action efficace.

Pour autant, nous ne soutenons pas une posture de recherche dont la perspective serait humaniste seulement car celle-là fait du chercheur que un homme de parti pris. Notre posture a consisté à nous rendre attentive à la recherche de la vérité en adoptant le point de vue de Popper quand il affirme que la base empirique de la science ne comporte rien d’absolu.

Elle a consisté à nous rendre vigilante par rapport à l’efficacité de l’action que notre recherche peut permettre en nous centrant aussi sur des valeurs d’émancipation. Etre attentif à l’utilité émancipatrice, c’est questionner l’adéquation entre les dispositifs installés (générateurs de processus) en rapport de l’apport de lucidité vers lequel la recherche peut tendre.

En résumé nous adoptons le point de vue de M. Develay quand il rappelle que :

Dans ces conditions, nous pensons que notre hypothèse de recherche est validée.

Notes
328.

MORIN E. - Science avec conscience - Edition Points - 1982 .p. 154.

329.

Nous faisons référence aux propos tenus au sujet de « N’y a t-il pas mieux à faire que de vouloir prouver in Vers une nouvelle alliance opus cit.