PARTIE I.
Sites d'étude et cadre d'analyse

Avant de présenter les résultats de la recherche proprement dits, il semble utile d'apporter certaines précisions, d'une part sur les cas concrets étudiés : la réhabilitation de l'immeuble Paul Eluard à Gennevilliers et de la cité des Châtaigniers à Garches, et d'autre part sur les ressources conceptuelles qui donnent corps à l'interprétation proposée. Ces préliminaires ont pour objet d'apporter au lecteur les éléments nécessaires à la compréhension des observations de terrain et de la construction théorique, que combine l'analyse dont les résultats sont exposés par la suite.

La présentation des deux sites étudiés s'attache, autant que possible, à fournir des éléments exclusivement descriptifs, en donnant des informations qui ne visent pas à être interprétatives : il s'agit de dépeindre les contextes géographiques, les organismes HLM et les opérations, sans verser dans la présentation des enjeux et des facteurs explicatifs. Il en résulte un aspect nécessairement succinct et superficiel, dû à la recherche d'une présentation qui laisse le plus petit champ possible à l'interprétation et à l'explication, même si ce travail devait être réalisé avec précision. D'autre part, le choix des éléments retenus et leur présentation tendent à mettre en évidence le contraste entre les deux villes, les deux municipalités, les deux organismes HLM et le déroulement des deux opérations de réhabilitation, en détaillant et en opposant systématiquement les caractéristiques des uns et des autres. L'ensemble de la présentation repose donc sur ce principe de différenciation, car c'est cette forte opposition qui permettra, dans le travail d'analyse, d'asseoir les comparaisons sur des caractéristiques précises. Le premier chapitre est ainsi une succession de descriptions contrastées, source de premières données comparées.

L'évolution de ces opérations lues sur un mode descriptif en un objet de recherche construit supposait d'utiliser les concepts de territorialisation et d'appropriation afin de comprendre les relations entre les habitants et l'espace bâti dans lesquelles les réhabilitations prennent forme. Le deuxième chapitre a donc pour objet de présenter le cadre théorique de l'analyse. Il s'agit non pas d'explorer de façon générale et exhaustive l'ensemble des travaux des géographes et sociologues sur le sujet, mais de cibler les apports utiles au regard de la problématique, sans les isoler de la réflexion plus globale et cohérente qui leur a donné naissance. Cette présentation s'attache ainsi à décrire les caractéristiques des processus de territorialisation et d'appropriation mises en évidence en géographie sociale, en privilégiant les dimensions les plus pertinentes par rapport au thème d'études. Quelques éléments concernant la notion de relation entre deux acteurs seront également présentés, afin de permettre d'analyser l'influence de la relation entre les organismes HLM et les habitants, dont l'espace est l'enjeu au moment des réhabilitations, sur les processus d'appropriation.

L'introduction de ces apports conceptuels permettra ensuite de transformer la première lecture descriptive des opérations en une lecture interprétative des réhabilitations au sein des processus d'appropriation des habitants de leur espace.