I.1.2.1.Deux petites bourgades rurales.

Du Moyen-Age à la Révolution, Gennevilliers appartenait à l'abbaye de St Denis, qui en fit le siège d'une prévôté. Le bourg s'étendait dans la boucle de la Seine, bordée au sud par Asnières et Colombes. Ses quelques centaines d'habitants vivaient alors essentiellement de la production de leurs vignes. Les terrains, boisés et très giboyeux, étaient réservés par droit de garenne aux seigneurs des lieux, caractéristique qui donna son nom à Villeneuve-la-Garenne, alors hameau de Gennevilliers.

Gennevilliers connut une période brillante dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le goût de la chasse attire alors des personnages importants de la Cour, qui font construire de grandes et belles demeures. En 1746, le maréchal de Richelieu fait bâtir par Servandoni un château entouré d'un parc, où il reçoit Louis XV et Madame de Pompadour. En 1783, le roi interdisant toute représentation publique du «Mariage de Figaro», le duc de Fronsac obtient de Beaumarchais que sa pièce soit jouée dans cette propriété. Gennevilliers est alors un lieu de villégiature renommé.

Mais au XIXe siècle les mondanités disparaissent. Le village vit par et pour l'agriculture. En 1867, l'administration préfectorale a l'idée d'utiliser les eaux d'égout parisiennes pour féconder le sol de la presqu'île et plus spécialement de Gennevilliers, commune la plus proche de la Seine. Après la guerre de 1870, les premiers essais sont réalisés. La commune de Gennevilliers se plaint de l'insalubrité engendrée, demande à la Ville de Paris de réaliser le drainage du territoire et de construire des canalisations pour la distribution des eaux d'égout. La technique d'épandage est ainsi améliorée et connaît un rapide succès. La culture des céréales est abandonnée au profit des cultures maraîchères, plus rentables, et qui demandent plus de travail. La population de Gennevilliers croît alors de façon importante, passant en 10 ans, entre 1886 et 1896, de 4.500 à 7.500 habitants.

Le peintre Caillebote, ami de Manet, vient s'installer à Gennevilliers en 1887. Il fait construire une grande résidence au bord de la Seine, entourée de jardins particulièrement soignés, constitue une petite flottille et organise des régates. Il y invite régulièrement ses amis impressionnistes, dont Monet. Quelques toiles témoignent de cette époque.

Garches est alors elle aussi une commune rurale, vivant de l'agriculture, de moindre ampleur que Gennevilliers, bien qu'elle commence à croître également à la fin du XIXe siècle, passant de 650 habitants en 1817 à 2.200 en 1891. A cette époque, nombre de personnalités font don aux communes de leur fortune, de leurs terres ou de leur demeure pour venir en aide aux malades et aux indigents. C'est le cas à Garches de Casimir Davaine et Michel Brézin, dont les propriétés sont transformées en hospices, construits sur le plateau pour son air sain. Garches, ville boisée, agréablement vallonnée, à l'abri des fumées des premières usines, devient réputée pour «le bon air qu'on y respire». L'entrée dans le XXe siècle est le moment d'importants bouleversements.