I.1.2.2.Des essors différents au début du XXe siècle.

La ligne de chemin de fer qui relie Garches à Paris est inaugurée en 1884. Un tramway, qui part du Val d'Or pour atteindre la porte Maillot, où arrive la première ligne de métro toute neuve, est construit en 1909. Ces nouveaux moyens de locomotion sont rapidement très utilisés. Le commerce et l'artisanat progressent, mais pas les grosses entreprises. Garches devient le lieu de promenade et de villégiature des parisiens.

Si la fin du XVIIIe a été la période brillante de Gennevilliers, le début du XXe siècle est celle de Garches. Des célébrités viennent s'y installer, occupant de vastes villas. Ainsi Arletty, Coco Chanel et Bernstein deviennent garchois dans les premières années du siècle. Le golf de St Cloud tout proche (une des entrées est à Garches), était alors réputé pour être un des plus chics d'Europe, ce qui a représenté pour la ville un atout supplémentaire pour consolider sa réputation de banlieue agréable et recherchée. D'après une expression d'Arletty, «Garches, c'était le bon morceau de la société».

La municipalité dispose de moyens suffisants pour le développement et l'entretien de Garches. Un article du journal Le Quotidien donne une description de la ville en 1935 :

« Garches est une jolie petite ville de la banlieue ouest. En quittant la gare, pour gagner l'hôtel de ville, nous suivons des rues parfaitement entretenues, bordées de pavillons coquets. La mairie est au centre d'un parc superbe. »

L'article rapporte également les propos du maire, qui donnent des indications sur les habitants:

«Notre population est composée de petits rentiers, d'employés de commerce et de Bourse. Sauf le laboratoire qui occupe 200 employés, il n'y a que le commerce local. Garches est tout de même une ville privilégiée de la banlieue parisienne. La crise du chômage n'a pas sévi fortement. Le chiffre du nombre des « sans travail » a oscillé, depuis le commencement de la crise, de 20 à 60, ce qui est infime et constitue malheureusement une rare exception parmi les villes des environs de Paris. »

Si le village rural de Garches s'est transformé en petite ville de banlieue verdoyante et agréable, dans laquelle les parisiens viennent en nombre se promener le dimanche, le bourg de Gennevilliers s'est transformé dans le même temps en ville industrielle.

Une ligne de chemin de fer et une centrale gazière, une des plus puissantes d'Europe, sont construites la même année, en 1905. En 1919, les premiers travaux de construction du port débutent et une centrale thermique électrique est réalisée. La prépondérance de l'industrie métallurgique s'accuse, mais peu d'entreprises encore emploient plus de 50 personnes. Paris refoule vers la banlieue les ateliers, qui se multiplient, à la faveur des prix modiques des terrains et des vastes surfaces offertes aux acquéreurs. En 1918, la crise du logement provoque un afflux de parisiens à la recherche à la fois d'un emploi et d'un gîte. Cette nouvelle main d'œuvre favorise dans la presqu'île une expansion économique. A la fin des années 20, de grandes entreprises viennent s'implanter, comme Timken, Véchambre, Astra. L'entreprise Chausson, qui ne produisait que les réservoirs et radiateurs des voitures, étend son activité aux carrosseries automobiles, puis aux véhicules complets. Autour de ces usines solidement implantées, quelques ateliers de transformation et surtout des parfumeries et des laboratoires de produits chimiques s'installent. Les derniers champs disparaissent, grignotés par ces nouvelles installations qui s'implantent sans cohérence.

En 1929, Villeneuve-la-Garenne devient indépendante, mais même amputée de cette partie en bord de Seine, Gennevilliers reste une ville importante. Elle comprend presque 30.000 habitants en 1936, alors que Garches n'en compte que 7.500. Cette population nouvelle vient de toutes les régions de France et de la plupart des pays d'Europe et d'Afrique du Nord.