I.1.2.3.La fin du XXe siècle : les contrastes s'accentuent.

Lors de la seconde guerre mondiale, les ponts et les infrastructures de Gennevilliers font l'objet de bombardements, qui touchent également des quartiers résidentiels. Jean GRANDEL, premier maire PCF élu en 1934 avec une municipalité de gauche, engagé dans la résistance avec nombre d'autres gennevillois, est fusillé en 1941. La fin de la guerre voit une ville frappée par les destructions.

A la fin des années 1950, plus de 150 entreprises sont implantées à Gennevilliers, dont certaines, à l'image des deux usines phares de la SNECMA ou de Chausson, sont très importantes. Gennevilliers est devenue l'une des villes les plus industrielles de la banlieue parisienne. 67% de la population gennevilloise est alors ouvrière : c'est le plus fort taux du département. Les nombreuses destructions d'habitations et l'afflux de main d'œuvre, puis l'arrivée massive de rapatriés d'Afrique du Nord, entraînent une grave crise du logement.

Après la guerre, sous la direction d'un maire issu de l'équipe de Jean GRANDEL et de la Résistance, Waldeck L'HUILLIER, Gennevilliers se dote d'un schéma général d'aménagement, un des premiers de l'époque. Le parti pris urbanistique retenu est de démolir les anciennes habitations pour reconstruire de nouveaux logements confortables et fonctionnels. Une logique de rationalisation économique est adoptée : pour construire vite et à bon marché, il est nécessaire de faire évoluer le bâtiment du stade artisanal au stade industriel, en utilisant les techniques de «préfabrication» lourde. Dans un effort continu de la commune pour construire rapidement des logements sains, des immeubles en forme de barres et de tours sont édifiés dans tous les quartiers de la ville, remplaçant d'anciens bidonvilles ou des îlots insalubres. Puis sous l'égide de maires communistes (Lucien LANTERNIER de 1973 à 1985, Jacques BRUHNES de 1985 à 2001 puis Jacques BOURGOIN), l'effort de construction diminue pour se porter vers les réhabilitations à partir du début des années 1980.

Au contraire, Garches, peu touchée par la guerre, construit peu. Sous l'égide d'Yves BODIN (1973-1989), maire UDF, puis de Jacques GAUTIER, maire RPR depuis 1989, la ville prend le parti de préserver son caractère verdoyant, de telle sorte qu'aujourd'hui plus de la moitié de la surface de la commune est occupée par des espaces verts (contre un peu plus de 8% pour Gennevilliers). Ainsi, on peut lire dans un livre édité par la ville en 1999 et retraçant l'histoire de la commune :

« Aujourd'hui, les somptueuses villas ont été conservées, et heureusement, les ensembles immobiliers qui ont surgi depuis les années 60 sont en harmonie. Par le choix de leur emplacement, par leur conception, la qualité des matériaux, leur hauteur raisonnable, les espaces verts qui les entourent, ces ensembles se sont bien intégrés. »

Le contraste entre les deux villes est donc perceptible par la divergence de leur évolution à partir du XXe siècle, comme à travers les caractéristiques quantitatives descriptives, dont les grandeurs se positionnent généralement de part et d'autre des valeurs du département. Chacune des deux communes possède ainsi une identité marquée, celle d'une ville ouvrière et industrielle pour Gennevilliers, et celle d'une ville cossue et verdoyante pour Garches, que les maires s'emploient à préserver.