I.2.1.Contexte des deux réhabilitations.

I.2.1.1.L'office municipal de Gennevilliers et l'immeuble Paul Eluard.

L'office municipal de Gennevilliers a été créé sous le nom initial d'«office municipal d'habitations à bon marché» en 1947, devenant «l'office municipal d'HLM de Gennevilliers» en 1950. Les différents présidents de l'office qui se sont succédés étaient également maires ou adjoints au maire, assurant des liens étroits entre l'office et la municipalité. Jacques BOURGOIN, premier adjoint et président de l'office a été élu maire en 2001. L'office municipal emploie environ 150 personnes, dont 65 gardiens et une vingtaine de personnes travaillant pour la régie, et se structure en trois grands services : entretien, construction/réhabilitation et gestion locative.

Aujourd'hui, l'office a construit et gère près de 7.300 logements situés exclusivement sur la commune de Gennevilliers. L'effort de construction n'a pas été soutenu de façon homogène dans le temps : la plus grande partie du parc a été construite dans les années 1960 et 1970 et plus de la moitié des logements a plus de 30 ans à présent. Les trois ensembles les plus importants appartenant à l'office sont le «Fossé de l'Aumône» (1057 logements), «les nouvelles Agnettes» (1006 logements) et le Luth (931 logements appartenant à l'office sur 3.000). L'ensemble du quartier du Fossé de l'Aumône a vu le jour dans les années 1960 et se compose essentiellement de barres, tandis que le quartier du Luth date des années 1970 et comporte un immeuble particulièrement massif de 700 logements. Un autre immeuble imposant est l'immeuble Victor-Hugo, de 537 logements. Les «nouvelles Agnettes» se compose essentiellement de tours. L'ensemble du patrimoine de l'office est composé d'immeubles de logements collectifs (la cité-jardin ne lui appartenant pas), dont la taille moyenne est de 95 logements par bâtiment.

L'office a débuté tardivement la réhabilitation de son patrimoine : alors que les premiers crédits PALULOS sont attribués en 1978, Gennevilliers a mené ses premières réhabilitations huit ans plus tard, en 1986. Le directeur explique que l'office avait initialement des réticences car il préférait éviter les augmentations de loyer liées aux travaux, puis qu'il a jugé nécessaire d'entreprendre des améliorations face à la dégradation du parc. Les opérations neuves se sont alors nettement ralenties et le service construction s'est étoffé, devenant le service construction/réhabilitation. Au plus fort de la politique de réhabilitation de l'office, au début des années 1990, le service construction/réhabilitation employait 10 personnes et réhabilitait 450 logements par an quand il en construisait 150.

Aujourd'hui, la quasi-totalité des immeubles de plus de trente ans ont été réhabilités, par des travaux portant sur l'intérieur des logements, sur le remplacement des fenêtres et sur la reprise des façades. L'office souhaite à présent reprendre les façades non pérennes des bâtiments plus récents. Il s'est également engagé dans une opération de rénovation importante du quartier du Luth, opération dirigée par la municipalité dans le cadre de la politique de la ville, qui doit permettre de modifier profondément la structure urbaine, par le rachat et la réhabilitation d'immeubles, la restructuration (percement de barres) et la démolition de certains bâtiments. L'office a également décidé d'augmenter le rythme de ses nouvelles constructions, dont la taille est maintenant de l'ordre de 70 logements par bâtiment.

L'immeuble Paul Eluard se situe dans le quartier du Fossé de l'Aumône (cf. Figure 5. Paul Eluard : plan de situation dans Gennevilliers). Ce quartier s'étend en forme de bande allongée du nord au sud, sous le quartier du Luth, au nord ouest de la ville. Les immeubles sont disposés le long du boulevard de Coubertin sur son côté ouest. Le Fossé de l'Aumône comprend un immeuble en forme de barre recourbée de 140 logements (immeuble Renoir, surnommé «la banane»), 3 tours de 124 logements, 3 barres de 95 logements (Paul Eluard, Georges Sand et Jules Guesde) et 4 barres de 65 logements (cf. Figure 7. Plan masse des abords de l'immeuble). Le quartier comprend de nombreux équipements : une crèche, une école primaire (Paul Langevin), un gymnase et une des deux maisons de l'enfance communales (maison Youri Gagarine), mais très peu de commerces. Le quartier est desservi par deux lignes de bus, sans bénéficier de la proximité immédiate du métro.

L'immeuble Paul Eluard, au nord du quartier, orienté est/ouest, est une barre comprenant 95 logements sur 12 étages. Aucune coursive transversale ne permet de parcourir l'immeuble dans la longueur : le bâtiment se structure autour de 4 cages d'escalier indépendantes, numérotées «2», «4», «6» et «8». Chaque escalier dessert un appartement de 4 pièces sur la gauche et un appartement de 3 pièces sur la droite. Le F3 de l'entrée 6, premier étage (il n'y a pas d'appartement en rez-de-chaussée) est à la fois le logement et la loge de la gardienne.

L'immeuble a été mis en location le 1er janvier 1960. Son architecture est caractéristique des années 1950 et 1960, par sa simplicité, sa fonctionnalité et sa symétrie. Les halls d'entrée sont assez étroits, un escalier permet de descendre pour accéder aux boîtes aux lettres et de monter pour atteindre les appartements du premier étage et l'ascenseur. Le chauffage est collectif, mais la production d'eau chaude est individuelle. Le stationnement des véhicules s'organise face à l'immeuble et perpendiculairement au boulevard, les places étant réservées par logement. Un petit square s'étend derrière l'immeuble, agrémenté d'arbres et de bancs.